Sean Bean ne s’attendait sûrement pas à une telle levée de boucliers.
Dans une interview au Times, l’acteur anglais qui a brillé dans Le Seigneur des Anneaux aux débuts des années 2000 avant de devenir Ned Stark le temps d’une saison dans Game of Thrones, a dit ce qu’il pensait des coordinateurs d’intimité (ces personnes présentes sur des tournages chargées de veiller au bon déroulement de scènes intimes) :
« Cela m’inhiberait encore plus car cela attirerait l’attention sur des détails. Que quelqu’un dise “fais ci, mets ta main là, pendant que tu le touches ici…”. »
Un poste inutile selon lui : « Je crois que la façon naturelle dont des amants se comporteraient serait gâchée par une personne qui la réduirait à un exercice technique. »
Une vision un peu caricaturale de cette fonction sur les tournages que beaucoup d’actrices ou de réalisatrices jugent aujourd’hui nécessaires, à l’instar de Michaela Coel, qui avait remercié celle qui avait œuvré dans sa série I May Destroy You lors de la cérémonie des BAFTA.
Relancé par le journaliste qui lui rappelait que les coordinateurs d’intimité sont une conséquence des révélations liées à MeToo, Sean Bean ne s’est pas démonté, parlant de son expérience avec Lena Hall sur le tournage de Snowpiercer, ajoutant que « cela dépend finalement de l’actrice » : « Elle, avait une expérience en cabaret, alors elle était partante pour tout faire. »
Présumer du consentement de par son métier ? Vraiment ? L’actrice en question n’a pas tardé à se manifester sur Twitter pour rétablir un peu la vérité :
« Le fait que je fasse de la scène (et non du cabaret, même si j’y performe de temps en temps) ne veut pas dire que je suis prête à tout faire. Cela dépend de l’autre acteur, de la scène que l’on va faire, du réalisateur, de si l’équipe doit être présente pour tourner.
Sean est un acteur incroyable qui m’a mise à l’aise mais qui était aussi un vrai partenaire de jeu dans ces scènes bizarres. C’était nous contre le monde entier et c’était l’histoire que nous allons raconter.
Si je me sens à l’aise avec mon partenaire de jeu et avec les personnes dans la pièce alors je n’ai pas besoin de coordinateur d’intimité. MAIS si jamais j’ai la moindre sensation bizarre, dégueu, d’être trop exposée… je demanderai si la scène est nécessaire ou je demanderai un coordinateur d’intimité. »
Quand Rachel Zegler et Jameela Jamil répondent à Sean Bean
Rachel Zegler, révélée par le remake de West Side Story, est montée au créneau pour rappeler qu’au contraire, avoir une coordinatrice d’intimité sur un plateau de tournage est une bénédiction.
« Les coordinateurs d’intimité créent un environnement de sécurité pour les acteurs. J’ai été extrêmement reconnaissante envers la personne que nous avons eu sur West Side Story — en étant patiente avec une débutante comme moi + en éduquant ceux autour de moi qui ont des années d’expérience.
La spontanéité des scènes intimes peut être dangereuse. Réveillez-vous. »
Répondre à Sean Bean est peut-être d’autant plus utile quand on sait que c’est justement dans Game of Thrones que le manque de coordinateurs d’intimité s’est fait sentir, comme l’ont raconté plusieurs actrices, dont Gemma Whelan. Car compter sur la bienveillance de son partenaire ne suffit pas.
L’actrice Jameela Jamil est elle aussi montée au créneau :
« Ça devrait être seulement technique. C’est comme une cascade. Notre boulot en tant qu’acteurs est de faire que cela n’est pas l’air technique. Personne n’a envie de se faire tripoter à l’improviste… »
Voir des actrices ne pas laisser passer ce genre de propos et prendre la parole sur le sujet montre bien que les lignes bougent et qu’elles exigent désormais que leur intégrité et leurs conditions de travail soient respectées.
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Crédit photo : Studio Hamburg Enterprises
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