Publié le 7 décembre 2018
Je ne sais pas toi, mais moi j’ai toujours fantasmé les études supérieures comme le début de la vraie vie.
L’indépendance, faire la bringue à tout va, rencontrer 12 000 personnes plus intéressantes les unes que les autres, ENFIN pouvoir choisir des matières que j’aime et que je VEUX étudier, le début des nouvelles expériences…
Bref, la belle vie. Mais dans la réalité, ça ne se passe pas toujours comme ça. Parfois c’est beaucoup plus déprimant et difficile à vivre.
Se sentir mal dans son orientation post-bac
Après le lycée, j’ai choisi de faire une année sabbatique.
Je sortais d’une année compliquée ou j’étais un peu à la masse, je n’allais plus en cours, je ne savais pas ce que j’allais bien pouvoir faire de ma vie, j’essayais de trouver ma place dans ce monde mais comme je ne sortais pas de chez moi, rien ne s’éclairait…
Pendant un an j’ai fait de la garde d’enfants 25 heures par semaine pour gagner un peu de sous.
Grâce à l’aide d’une entreprise d’accompagnement éducatif et d’orientation, j’ai pu faire en parallèle un travail introspectif pour réussir à assumer ce que je savais déjà depuis mes 8 ans : je voulais être journaliste.
Assumer l’évidence que j’avais au fond de moi était une première étape. La deuxième consistait à traduire ça en langage universitaire pour savoir dans quel type de formation j’allais m’épanouir.
J’ai donc décidé que j’allais faire une Grande École de journalisme, mais avant il fallait passer par la case prépa, je me suis donc inscrite en Hypokhâgne (une classe préparatoire littéraire).
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Je me suis tout d’un coup retrouvée à vivre seule dans le 16e arrondissement de Paris dans 9m² d’un foyer pour jeunes filles, loin de mes tous mes amis, loin de mon copain, à devoir travailler 80 heures par semaine dans un cadre compétitif…
Rapidement j’ai senti que ça allait coincer.
Je me sens mal dans mes études supérieures, qu’est-ce qui ne va pas exactement ?
Se sentir mal dans le cursus qu’on a choisi, ça peut venir de plein de facteurs.
Le programme en lui-même, l’environnement de travail, les gens qui sont autour de nous, l’ambiance et les codes globaux de l’établissement qui ne collent pas à notre façon d’être ou de penser, le fait de vivre seule pour la première fois…
Pour ma part c’était un petit mix de tout ça. Vivre dans le 16e était pour moi un supplice : je détestais les gens que je croisais dans la rue tout autant que le type de commerces que j’avais à proximité et l’ambiance de mon quartier.
J’avais trouvé des amis et amies chouettes dans ma classe, mais j’avais l’impression globale qu’on ne venait pas de la même planète, et qu’on avait beau être ensemble 50h par semaine on n’avait pas du tout les mêmes préoccupations.
Et surtout j’avais l’impression de perdre mon temps dans des bouquins alors que j’avais envie de fouler la vraie vie et de rencontrer le monde extérieur.
Évidemment j’écris tout ça avec le recul, mais sur le moment dans ma tête ma petite voix intérieure me criait plutôt :
« T’es vraiment qu’une merde, t’as des résultats de merde, t’es chelou t’as pas d’amis et tu vas rater ton année. »
Alors j’ai surfé sur l’année en me maintenant au niveau sans trop bosser, tout en m’éloignant encore plus de mes potes et en abîmant mon couple qui a fini par péter…
Plus je me sentais mal, moins je comprenais ce qui m’arrivait, et plus je m’isolais.
J’allais tous les matins en classe avec une boule au ventre de stress, jusqu’à ce qu’à force de cogiter je finisse par comprendre que je n’étais pas nulle, mais que je n’étais juste pas à la bonne place.
Quand j’ai réussi à accepter au fond de moi que ce n’était pas grave, et que j’avais le droit de m’être trompée de voie, ça a été beaucoup plus facile d’engager sainement un nouveau départ, et d’arrêter de m’acharner.
Je ne me sens pas bien dans le cursus que j’ai choisi, que faire ?
Si je peux tirer quelques leçons de cette longue et difficile année scolaire, c’est d’abord qu’il faut prendre le temps de se poser les bonnes questions, en essayant d’y répondre en étant le plus honnête avec soi-même possible.
Se poser les bonnes questions
Pourquoi est-ce que ça ne va pas ?
Est-ce que j’aime ce que j’apprends tous les jours en cours ? Est-ce que je me sens enrichie à la fin de la journée, et je sens que ça va me servir dans ma vie plus tard, que je sache ou non ce que je vais faire comme métier ?
Est-ce que je me sens à l’aise avec les gens qui m’entourent ? Est-ce que j’ai trouvé ma place, ou pourquoi je ne l’ai pas trouvée ?
Je pourrais lister des questions pendant une heure, mais je pense que peu importe la formulation, le principal est de faire face à soi-même et de prendre le temps de comprendre, tout en restant bienveillante avec ses ressentis.
Si je pouvais revenir en arrière, je prendrais le temps de ressentir mon mal être et de réagir en conséquence plutôt que d’essayer de faire rentrer un rond dans un carré (le rond c’est moi).
Ne pas s’isoler
Pour ma part j’ai toujours eu tendance à finir recluse chez moi sans parler à personne quand je vais mal. Mais c’est très personnel, et je pense que d’autres pourraient avoir le réflexe inverse : sortir et voir beaucoup de monde pour faire passer la pilule.
Si je pouvais parler à la moi malheureuse en Hypokhâgne, je lui dirais d’accepter un peu plus les moments de vie avec ses camarades, d’essayer de faire tomber les a priori sur les personnes qui l’entourent.
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Et surtout de plus se confier à ses amis, amies et sa famille : ne pas toujours partir du principe qu’elle doit tout affronter seule, et ne pas se sentir honteuse de ne pas arriver à profiter de la chance qu’elle a d’être acceptée dans une formation prestigieuse.
Sociabiliser peut aussi passer par s’engager dans le milieu associatif étudiant, ou trouver des activités sportives ou créatives si on en a la possibilité.
Tu t’es trompée de voie ? Verbalise-le !
Je suis quelqu’un qui cogite beaucoup, et qui n’informe que très rarement mon entourage de ce qui se passe dans ma tête avant de prendre une grosse décision, et parfois ils tombent des nues…
Si j’avais une machine à remonter dans le temps, je pense que j’essaierais de verbaliser beaucoup plus tôt ma sensation de m’être trompée de cursus. À mes camarades de classe, à mes proches, et surtout à mes enseignants.
Se faire une idée de ce que doit être une formation ou une école, et se rendre compte une fois dedans que ça n’a rien à voir et qu’en fait ça ne nous ressemble pas, c’est ok.
Bien sûr je sais pourquoi je ne l’ai pas formulé assez tôt : trop honte, l’impression d’être une ratée, peur d’une fois encore ne pas finir ce que j’ai commencé… Je me mettais beaucoup la pression toute seule.
Mais en parler avec un ou une professeure avec le ou laquelle tu as noué une complicité peut parfois aider : ils et elles ont une image de toi qui n’a rien avoir avec celle que tu te fais de toi.
Ils peuvent te donner un avis extérieur et bienveillant : te dire que tu réussis beaucoup mieux que tu ne le crois, ou t’aider à trouver où t’orienter dans une formation dans laquelle tu t’épanouirais.
Ce n’est pas grave de se réorienter, chaque expérience fait grandir
Mais surtout, si j’ai bien appris quelque chose depuis cinq années, c’est qu’il n’est absolument pas grave de se tromper et de se réorienter.
J’ai toujours eu l’impression d’avoir perdu du temps, d’être beaucoup trop vieille par rapport au niveau d’études auquel je devrais être.
Mais il n’y a pas de normalité, la seule normalité à suivre c’est la sienne. Nous ne sommes pas tous et toutes des machines, nous ne nous mettons pas tous et toutes les mêmes freins, nous n’avons pas non plus la même expérience…
L’erreur serait d’essayer de se changer pour se conformer à l’endroit où on nous a dit qu’on devait être.
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Attention, je ne suis pas en train de dire qu’il faut se reposer sur ses lauriers, ne rien glander et ne pas se faire violence. Se mettre en danger et se dépasser n’est pas toujours confortable.
Mais si tu sens au fond de toi que tu n’es pas à ta place, alors va voir ailleurs pour la trouver !
Trouver la bonne formation et la bonne voie, ça n’a pas de prix
Pour en revenir à mon parcours, après avoir quitté Hypokhâgne, j’ai trouvé une école d’audiovisuel un peu par hasard pour faire du journalisme multimédia : et tout à coup j’ai senti que j’étais à l’exacte bonne place.
Je rentrais tout d’un coup dans une école entourée de gens qui me ressemblaient, dans une banlieue parisienne pourrie, certes, mais avec une ambiance professionnelle et de liberté dans laquelle je me suis tout de suite épanouie.
J’apprenais mon métier, je travaillais de plus en plus, mon ambition grandissait, mes expériences avec, j’ai rencontré des ami·es que je n’ai plus quitté depuis, et surtout, j’étais moi-même. Et comme j’étais moi-même, j’excellais.
Non, tout n’a pas été facile tout d’un coup, et ça ne l’est toujours pas. Mais ce sentiment d’être à sa place, que le chemin s’éclaire sous nos pieds, ça n’a pas pas de prix.
Non, je n’ai pas fait une Grande École de journalisme, mais j’ai fait l’école qui était parfaite pour moi et dans laquelle j’ai acquis une expérience du terrain et du métier qui me correspondait.
Aujourd’hui je sors grandie de tous ces allers retours et ces moments difficiles que j’ai passé. Je garde même un bon souvenir de la prépa, parce que j’y ai appris énormément de choses, scolairement et personnellement.
Et aujourd’hui grâce à tout ça, je peux dire que je sais où je vais. Alors surtout, n’aie pas peur de te planter, fonce dans le mur, retourne-toi, fonce dans un autre mur, mais continuer à foncer !
Et toi, c’est quoi ton expérience des études supérieures ? Dis-le moi en commentaires !
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Les Commentaires
Ah je me retrouve dans ton témoignage! Enfin quelqu'un qui a un parcours presque aussi barré que le mien (enfin un peu moins)...
Prépa BL que j'ai faite sans savoir quoi faire derrière, du coup je me suis retrouvée en école d'ingé mais pareil, dépression et gros burn out, je suis partie.... j'ai fait un an en Angleterre, comme jeune fille au pair, pour faire le point. Et je voulais me rediriger vers l'art, j'ai fait une école de cinéma d'animation, mais au bout de ans je me rends compte que ça ne me convient pas du tout... je ne sais plus quoi faire, je me demande si je peux récupérer la fac avec déjà le bac+2 de la prépa mais ça me paraît compliqué et je ne sais pas trop comment évoluer de là...
Avec le recul je me rends compte que les métiers de la communication m'attirent, mais c'est un secteur un peu bouché, et comble de l'ironie, à la sortie de BL j'aurais pû avoir de très bonnes formations dans le secteur... et oui, la culpabilité et les regrets sont grands.
Voilà je déterre un peu le sujet, mais si tu es toujours là @Paw, je veux bien savoir où tu en es finalement !