Nul besoin d’être Rocco Siffredi ou Emily Willis pour jouir du droit de faire l’amour à la caméra : la sextape n’est pas une pratique sexuelle réservée aux stars du porno, loin de là. Il suffit d’en avoir l’envie, que notre partenaire l’ait aussi, d’être muni d’un smartphone ou de tout autre technologie qui permet de s’enregistrer pendant le coït, et c’est parti ! Si certains ne voient pas l’intérêt de se filmer pendant le sexe, les principaux intéressés expliquent qu’à l’instant T, cela leur permet d’être encore plus excité : l’idée de se sentir observé, regardé, leur donne une sensation de danger qui fait grimper l’adrénaline, le frisson, l’excitation. A posteriori, c’est aussi la possibilité de visionner le film seul ou avec son partenaire qui est stimulante pour les deux amants : se voir à l’écran, comme si l’on était un acteur X, peut être très excitant.
Ce fantasme sexuel est d’ailleurs plutôt courant ; les nouvelles technologies ayant ouvert le champ du sexe virtuel à tous ceux qui souhaitent pimenter leur vie charnelle. Avant la réalisation de la sextape, se pose alors une question : comment se filmer pendant l’acte tout en garantissant sa sécurité ? Comment se protéger au mieux des risques, et en particulier, du danger de voir sa sextape divulguée et partagée contre son gré ? Quelles sont les choses à éviter, celles à privilégier ? Voici quelques conseils pour se lancer en toute sécurité dans ce moment de haute vulnérabilité.
Discuter longuement de la sextape en amont
Il est fortement recommandé de faire une sextape avec quelqu’un que l’on connaît vraiment, qui est digne de notre confiance. Effectivement, s’enregistrer pendant l’acte sexuel n’est pas un geste anodin : la vidéo peut détruire le destin de quelqu’un si elle vient à tomber entre de mauvaises mains.
Outre la confiance sans faille que l’on doit avoir envers son partenaire, il faut aussi être confiant au sujet de la sextape qui va se faire. Ainsi, on ne se filme pas pendant le coït avec n’importe qui : le projet vidéographique doit être mûrement réfléchi. Pour une première, les spécialistes recommandent de ne pas improviser le tournage et d’avoir une discussion claire en amont sur les conditions d’enregistrement : l’intérêt est d’établir des limites à ne pas transgresser, de respecter le consentement sur les pratiques sexuelles qu’on accepte ou pas de filmer. Choix du matériel utilisé, de l’angle de la caméra adopté, du temps d’enregistrement de la vidéo… Tout cela fait partie de la zone de consentement à définir et à respecter. À titre d’exemple, certains seront réticents à l’idée de montrer leur visage : il faudra privilégier un éclairage tamisé ou encore un angle de vue qui ne permet pas de voir le visage de ce dernier.
Et pour ceux qui ne laissent rien au hasard : si cela peut vous rassurer, vous pouvez également convenir d’un “scénario léger” avant de filmer (bien évidemment, on ne parle pas d’un dialogue préétabli, d’un enchaînement de scènes bien précis, mais du choix d’un jeu de rôle avec deux personnages par exemple).
Être sûr.e du degré de vulnérabilité auquel on consent à “être exposé.e”
Un visage visible dans les images nous expose davantage qu’un plan focalisé sur notre corps. Le visage nous rend aisément identifiable et donc plus vulnérable si la vidéo venait malencontreusement à fuiter. Pour ceux et celles qui veulent garantir au maximum leur sécurité, filmer les ébats sans montrer son joli minois peut être un bon compromis afin de ne pas trop s’exposer. Ce conseil vaut également pour toute autre partie de notre corps qui comporte une spécificité contribuant à notre “singularité” : une tâche de naissance avec une forme originale, un tatouage assez personnel, une cicatrice placée à un endroit particulier…
Néanmoins, pour certains coquins, les expressions faciales sont stimulantes : voir le plaisir transparaître sur le visage de leur partenaire contribue à leur excitation. Alors, pour ceux et celles qui souhaiteraient tout de même montrer leur visage dans la sextape en question, il peut être intéressant d’oeuvrer pour que l’on voit le visage des deux amants, qu’ils soient “à égalité” dans leur « degré d’exposition », qu’ils soient autant reconnaissables l’un et l’autre. De cette façon, cela pourrait dissuader l’autre de la divulguer en cas de dispute critique ou de rupture chaotique (sait-on jamais).
Bien sûr, le sexe doit être bienveillant et la sextape ne doit jamais être instrumentalisée pour exercer une quelconque pression psychologique sur l’autre. Mais partager et diluer le risque entre les deux individus est un moyen de rassurer et de mettre en confiance son amoureux : ce faisant, on lui montre qu’on se met également en danger et qu’on est aussi vulnérable que lui dans la réalisation de ce fantasme. Si la vidéo coquine est réalisée à partir d’un smartphone en mode “POV”, avec l’un des partenaires qui tient la caméra pour filmer son autre, il peut être intéressant d’alterner les rôles afin que chacun puisse être tantôt l’acteur, tantôt le réalisateur.
Privilégier le visionnage unique… et la suppression juste après
Nombre de personnes font des sextapes parce qu’elles veulent la visionner encore et encore, quand l’envie leur prend, qu’elles ont envie de se masturber en la regardant, ou que leur partenaire est physiquement distant (dans le cadre d’une relation à distance, par exemple). Toutefois, les spécialistes conseillent de ne visionner la vidéo qu’une seule fois, rapidement après l’avoir filmée, et de la supprimer immédiatement après pour écarter le risque qu’elle soit diffusée.
Si certains peuvent penser que cela en retire tout l’intérêt, le fait de se filmer peut être tout aussi excitant que le fait de la visionner. Lorsqu’on dégaine la caméra pour enregistrer nos ébats, le processus est aussi important que le résultat.
Stocker le contenu vidéo dans un endroit protégé par mot de passe
Mais si vous tenez absolument à conserver ce chef-d’œuvre digne du 7e Art parce que le souvenir gravé dans votre mémoire ne vous suffit pas, assurez-vous de le stocker dans un endroit numérique qui soit sécurisé. On préférera ainsi stocker la vidéo directement dans le téléphone portable plutôt que sur les espaces de stockage en ligne et/ou autres clouds (Drive, iCloud etc). iPhone permet par exemple de masquer ces photos et/ou vidéos dans un album spécifiquement dédié aux “masqués”, dont l’accès est limité par un mot de passe. Après avoir réalisé la sextape, il est recommandé de réinitialiser tous vos mots de passe pour s’assurer d’être le seul à y avoir accès.
Une autre option est possible pour les plus zélés ; ceux qui ne veulent laisser aucune trace numérique : plutôt que de filmer avec un smartphone, on peut aussi utiliser un bon vieux caméscope, comme à l’ancienne. Bien évidemment, cela suppose qu’on conserve ce dernier dans un endroit physiquement sécurisé et protégé (coffre-fort, tiroir à clé etc.)
Ne pas chasser le naturel
Dans la vie de tous les jours, le fait de savoir qu’on est photographié et/ou filmé peut nuire à notre spontanéité. Eh bien cela est aussi vrai en ce qui concerne notre sexualité ! Or, cette spontanéité est souvent nécessaire pour prendre son pied : tout calculer, tout cérébraliser dans le rapport sexuel empêche de lâcher prise et de se laisser aller. Le premier point qui pourrait nuire à la réussite de la sextape est donc de manquer de naturel : de surjouer ce que l’on ressent et/ou fait parce qu’on sait qu’on est filmé, de chercher la performance, de simuler à outrance et de chasser ce naturel pourtant indispensable au plaisir charnel. On doit aussi ressentir de la jouissance pendant le moment présent, et pas seulement au moment du visionnage de ladite vidéo. Un bon moyen de remédier à cela est de placer la caméra dans un coin de la pièce où elle se fera oublier, sur un support, un meuble ou un trépied. Alors, ça vous dit d’essayer ?
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