Avant d’aller plus loin, trailer !
http://www.youtube.com/watch?v=G-5K4QLUCOU
Un casting qui en impose
Une belle brochette
Le cinéma d’horreur est un genre dangereux pour les acteurs. Dans 90% des cas, lorsqu’un acteur joue le rôle d’une victime dans un film d’horreur, on ne le revoit plus après (ou alors dans des pubs et des téléfilms jusqu’à ce qu’il en ait marre d’essayer et qu’il se contente de se pointer à des conventions de geeks).
Pour Scream, chaque film avait son lot de gueules connues. Dans le premier déjà, c’est Drew Barrymore qui apparaît dans la scène d’ouverture, bien loin d’être inconnue du public. Courteney Cox s’était bien installée dans le rôle de Monica Geller dans Friends, Neve Campbell état Julia dans La Vie à Cinq et venait de jouer dans Dangereuse Alliance… bref, nous étions loin des acteurs amateurs en manque de fric prêts à tout pour jouer dans un film.
Ce casting de stars-en-devenir a permis d’attirer un public encore plus varié et de donner un peu plus de poids à la production – entre ça et le budget de 14 millions de dollars, ça n’avait rien du film d’horreur de base qui galère pour faire entendre parler de lui. C’était du tout cuit. La recette a continué à fonctionner dans les deux suites, et pour Scream 4 c’est encore pire, il y a TOUT LE MONDE dedans (Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Hayden Panettiere, Kristen Bell, Anna Paquin, Alison Brie, Lucy Hale, Emma Roberts…).
Un tueur en chair et en os
BOUH !
Scream a beau reprendre la formule du “mystérieux tueur masqué”, il n’empêche Ghostface est bien loin d’un Freddy Krueger ou d’un Jason Voorhees, tous les deux masqués et charismatiques (dans le sens où les fans ont plaisir à les retrouver dans les suites) mais immortels. La plupart des tueurs iconiques du cinéma d’horreur ont la particularité de toujours se relever et de refuser de mourir. Peu d’entre eux sont entièrement humains, et lorsqu’ils le sont, on les imagine difficilement faire les chauds sur le campus d’un lycée.
Dans Scream, le tueur est humain et vulnérable : il n’est pas partout à la fois, ne traverse pas les portes, se prend des coups et se pète la gueule à longueur de temps. Et si nous ne savons pas tout de suite qui il est, nous sommes sûrs d’une chose : il est réel, fait de chair et d’os, et fait partie du cercle de connaissances des victimes.
Il n’a pas non plus de limites géographiques (contrairement à Jason Voorhees qui reste 90% du temps sur son territoire de Crystal Lake par exemple) ni besoin d’être invoqué, titillé, réveillé ou je ne sais quoi. Il évolue librement parmi les vivants, puisqu’il fait partie de la foule, et ne s’en détache que lorsqu’il porte son masque.
Un film d’horreur grand public
Si plus de gens s’accordent à dire que Scream est un film sympa (ce que tout le monde ne dira pas d’un Massacre à la Tronçonneuse par exemple), c’est parce qu’il vise un public plus large et moins indulgent que les autres films d’horreur classiques.
Là où les fans d’horreur sont immunisés (la formule “bande de jeunes perdue au milieu de nulle part et traquée par un tueur masqué” nous intéresse toujours 40 ans après), le reste du public trouvera les clichés et facilités plus agaçantes. La fille qui trébuche à poil dans la forêt, la bande qui se sépare au lieu de rester ensemble, le “attentiooon, derrière toiiii !”… Si on n’a pas un certain intérêt pour ces clichés de base, on s’en lasse très vite.
Scream ne prend pas les gens pour des cons, et les erreurs de bases sont annoncées et assumées dans le scénario : dans Scream 1, Sidney dit au tueur qu’elle n’aime pas les films d’horreur à cause du cliché de la nana aux gros nibards qui monte à l’étage quand elle est poursuivie au lieu de sortir par la porte d’entrée – avant de commettre exactement la même erreur quelques minutes plus tard.
Des personnages travaillés
Un autre cliché qui colle bien aux basques du cinéma d’horreur : les personnages sont divisés en trois catégories :
- le tueur
- les victimes
- les personnages secondaires inutiles tels que le gros flic empoté qui ne croit pas les victimes ou le vieux fou qui tente de les mettre en garde.
Les victimes, en général, ne sont QUE victimes. C’est à peine si on connait leur nom de famille, elles n’ont pas d’histoire, pas de personnalité (une caractéristique par victime suffit : la bimbo, l’intello, l’athlète, le beau gosse, la garce, la fausse moche, la minorité ethnique…) en bref : elles n’existent que pour crever sous la main du vrai héros, le tueur.
Là encore, Scream s’éloigne du cliché et crée des personnages en plusieurs dimensions, aux personnalités propres et distinctes et donne ainsi une dimension plus réaliste au film. Ça nous permet de ressentir ce que les fans d’horreur ne ressentent quasiment jamais : de l’empathie. On est tristes de voir les personnages crever, c’est loin d’être une réjouissance comme dans le reste des slashers où on s’emmerde si il n’y a pas de mort toutes les dix minutes.
On s’inquiète réellement pour le personnage en danger et même si on sait que sa mort est nécessaire pour l’avancée du film, on ne l’accueille pas en applaudissant avec du popcorn plein la bouche. La mort du personnage de Drew Barrymore ou celle de Jada Pinkett-Smith dans Scream 2 sont deux scènes qui ne manquent jamais de me faire mal au coeur.
Différents niveaux de lecture
La trilogie est à la fois un slasher accessible aux non-adeptes du genre, mais également une grosse source de jouissance pour ceux qui s’y connaissent. Il en ressort différents niveaux de lecture :
- De prime abord, on aborde Scream comme ce qu’il est : un film d’horreur avec des jeunes qui se font massacrer par un tueur masqué.
- On peut aussi y voir le côté teen-movie sentimental, parce que chaque Scream a son fond de romance et de questionnements adolescents. On voit Sidney grandir et le monde évoluer autour d’elle.
- Enfin, il y a l’aspect purement masturbatoire pour les gens comme moi qui ne vivent que pour les films d’horreur. Les milliards de références à Halloween, Les Griffes de la Nuit, Vendredi 13, Psychose, et des dizaines d’autres, sont les petites touches finales faites pour les supporters de l’horreur.
D’où l’intérêt d’explorer les films plusieurs fois, il y a de nouvelles références à capter à chaque fois (un jour je ferai une liste complète et je m’offrirai une médaille). C’est également une bonne défense du cinéma d’horreur, notamment avec cette réplique de Billy Loomis dans Scream qui explique que “les films d’horreur ne créent pas de psychopathes, ils les rendent juste plus créatifs” : les plus grands tueurs en série de l’histoire n’ont pas eu besoin du cinéma pour commettre leurs crimes, mais le cinéma en revanche s’est servi d’eux pour créer des histoires.
Scream, c’est aussi des films d’horreur dans un film d’horreur, avec des mises en abyme récurrentes, comme Randy Meeks (incarné par Jamie Kennedy) qui regarde Halloween en criant à Jamie Lee Curtis de se retourner, alors qu’il a lui-même un tueur dans le dos. Jamie dans le rôle de Randy qui répète inlassablement « Jamie, regarde derrière-toi ! Jamiiie… Jamiiie ! Derrière-toi ! », étant lui-même dans une situation similaire… c’est du génie ou je ne m’y connais pas. (voir à 6min50).
http://www.youtube.com/watch?v=8AwepSUtCpY
Le genre redéfini, les règles appliquées mais aussi transgressées
Scream vit sur ses propres ressources scénaristiques et n’a pas besoin d’avoir recours au gore ou à la nudité pour capter l’attention du spectateur. Entre parodie et pastiche, Scream assume pleinement son genre et son orientation, allant même jusqu’à énoncer les règles de tout bon film d’horreur à l’aide du personnage de Randy Meeks.
Pour rester en vie, il faudra respecter trois points : ne pas avoir de rapports sexuels, ne pas prendre d’alcool ni de drogue et ne jamais, jamais dire “je reviens” parce que vous ne reviendrez pas. Et si ces règles sont en partie appliquées, elles sont surtout joyeusement transgressées et transformées – preuve que les vieilles formules fonctionnent toujours mais que rien ne nous empêche de les dépoussiérer un peu.
— Plein de films d’horreur sur le blog Horreur tenu par Jack Parker.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Je pense regarder le 2 et le 3 avant d'aller voir le 4 au ciné, me faire une semaine Scream quoi :chat: