Papa, Maman, j’ai une confession à faire. Je sais que ce n’est pas ainsi que vous m’avez voulue, mais c’est en tout cas ainsi que vous m’avez faite, ainsi que je suis.
Papa, Maman, je suis schlag.
Le schlag, éloge de la paresse
Le schlag, c’est un genre de bon gros gloubi-boulga de plusieurs concepts.
Déjà, pour être schlag, il faut être pas mal feignasse. Vous vous souvenez de la pub Pulco mettant la paresse à l’honneur, « pour tous ceux qui utilisent leurs pieds », tout ça ? C’est un peu l’idée.
Quand on est schlag, on procrastine à foison, évidemment. Et pour tout.
Ça va de « boarf la télécommande est trop loin, je changerai de chaîne plus tard » à « boarf j’ai pas la foi de passer un coup de fil, je relancerai cet appel en attente demain »… quitte à froisser un•e pote voire à laisser passer une opportunité professionnelle.
Oui, quand on est schlag, on est parfois un peu un•e ami•e en carton.
Le schlag et sa nonchalance je-m’en-foutiste
Le schlag, c’est une certaine nonchalance. Mais pas la nonchalance classieuse qui oscille dans un hamac en lin sur une île de Méditerranée, oh non.
Non.
Petit exercice de visualisation. Imaginez une jeune femme, disons moi.
Elle porte un short troué, un t-shirt avec des taches de décoloration dessus et une casquette à l’envers sur ses cheveux pas vraiment propres ni vraiment brossés.
Fatiguée par une petite gueule de bois et un menu maxi best of trop vite avalé, elle frôle la somnolence, avachie au soleil sur un banc, en jouant vaguement à « Tu préfères… » avec sa petite sœur.
C’est 70% de mes dimanches aprem. Avant la sieste.
Je m’identifie beaucoup trop aux meufs de Broad City
La paresse de la personne schlag lui confère un je-m’en-foutisme certain qui lui permet de relativiser tout un tas d’emmerdes et de ne pas se monter le chou.
Ce n’est pas qu’elle ne s’intéresse à rien, attention : elle est juste chill, comme disent les jeunes. À quoi bon s’émouvoir à tout bout de champ ?
Vous savez, les émotions brutes, c’est fatiguant.
Mon côté schlag, ce bon boulet à mes pieds
J’ai toujours été schlag, je crois.
Toujours à m’en foutre d’avoir une chambre rangée, toujours à repousser les trucs chiants, à fourrer tous mes papiers administratifs dans une grande pochette « en attendant de les classer », à traîner mes tennis râpées jusqu’au fast-food d’à côté par flemme de cuisiner.
Ça me rend pas vraiment service. Je dépense trop d’argent, je perds trop de temps, je me mets toute seule dans des situations de stress intense parce que les trucs importants deviennent pressants quand on les remet au lendemain depuis 19 mois et 3 semaines.
Du coup je me penche sur des astuces de développement personnel pour me reprendre un peu en main, en plus de bosser avec ma psy.
Mais je veux pas TOUT changer.
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Pas simple d’adopter les poses féminines le samedi soir (je suis assise par terre dans le bar, y avait plus de siège)
Être schlag, ça a aussi ses points positifs
J’ai pas envie d’arrêter complètement d’être schlag.
Déjà parce que ça fait partie de moi depuis que j’ai arrêté de marcher sur les fesses (on s’occupe comme on peut quand on a quelques mois).
Et autant il y a de mauvaises habitudes que je voudrais perdre, comme fumer des clopes ou être handicapée par ma timidité, autant je ne suis pas à l’aise avec le fait de changer une part importante de ma personnalité.
Porter des bandanas en guise de slip parce que j’ai pas fait ma lessive : c’est qui MadGyver maintenant ?!
Mon côté schlag m’a forcée à souvent improviser, ce qui m’a beaucoup aidée dans ma lutte contre la timidité et mon chemin vers une plus grande confiance en moi.
Il m’a appris à ne pas laisser mes émotions me submerger, donc je ne suis pas colérique, ni soupe-au-lait.
Je suis trop feignasse pour tenir des régimes et j’aime pas le sport, donc face à mes poignées d’amour et à ma cellulite, j’ai pris le chemin le moins fatiguant : aimer mon corps.
Du coup, je pense que je vais garder les bons côtés de la schlagerie, et essayer de changer le reste. Et pour une fois, j’ai même pas la flemme.
Et toi, tu te reconnais dans cette définition ?
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Les Commentaires
Bref, soyons comme on est, on changera quand on sera mort ! En attendant on profite et on s'obstine dans la procrastination !