C’est un non-lieu qui a été signé en début de semaine dans l’enquête sur l’empoisonnement des Antilles françaises au chlordécone, mais le combat ne s’arrête pas ici pour les avocats des victimes.
Le chlordécone a été détecté chez 90 % de la population vivant en Guadeloupe et en Martinique, selon Santé Publique France. Un produit insecticide toxique utilisé dans les banananeraies depuis les années 70 jusqu’en 1993, malgré la connaissance de ses effets nocifs et durables sur la santé et sur l’environnement.
En décembre 2021, un fonds d’indemnisation a été lancé pour permettre aux anciens travailleurs agricoles de toucher des réparations après avoir été exposé au chlordécone. Les cancers de la prostate causés par l’exposition au produit vont être reconnus comme des maladies professionnelles.
Une reconnaissance de l’impact du chlordécone… mais un manque de preuves pénales selon les juges
« Un État de droit ne peut pas dire qu’il y a un non-lieu face à une injustice d’une telle gravité » a déploré l’un des avocats de cette affaire, Harry Durimel, qui est aussi maire de Pointe-à-Pitre. Il avait confié à L’Humanité en novembre 2022 s’attendre à une telle décision.
Pour justifier le non-lieu, les deux juges ont estimé qu’il était difficile de « rapporter la preuve pénale des faits dénoncés », « commis 10, 15 ou 30 ans avant le dépôt de plaintes », déposées en 2006 et 2007 par des associations pour empoisonnement.
Les magistrates reconnaissent cependant l’« atteinte environnementale dont les conséquences humaines, économiques et sociales affectent et affecteront pour de longues années la vie quotidienne des habitants ». De quoi alimenter encore un peu plus la défiance de la population en Guadeloupe et en Martinique à l’égard des pouvoirs publics et du gouvernement, une population qui nourrit déjà un fort sentiment d’abandon et de colère.
Les parties civiles ont annoncé vouloir faire appel et poursuivre le combat jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme si nécessaire.
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