« C’est une alternative non invasive, réversible, économique et attractive par rapport aux procédures chirurgicales. »
Il paraît. Mais à voir cet appareil, on est tenté de passer son tour. L’université d’Otago en Nouvelle-Zélande et des chercheurs britanniques ont annoncé la création du DentalSlim Diet Control, une solution pour faire perdre du poids aux personnes en situation d’obésité.
Un appareil qui a tout de l’instrument de torture
Le principe est simple : le dispositif est fixé aux dents du fond, celles du bas et celles du haut. Un système de verrouillage fait sur mesure permet à la personne qui le porte d’ouvrir la bouche de seulement deux millimètres, ce qui ne permet que d’ingérer des liquides.
Qu’on se rassure, l’équipe à l’origine de cette horreur affirme que le DentalSlim Diet Control n’empêche pas « la liberté de parole », ni ne « restreint la respiration ». Ouf. Du coup, « ça va » ? Tant qu’on ne vomit pas ou qu’on ne s’étouffe pas en le portant, j’imagine ?
Vous l’avez remarqué, nous ne sommes pas très enthousiasmées par ce moyen, et nous ne sommes pas les seules.
Déjà parce que cette méthode ressemble beaucoup trop à celle du patch lingual, technique qui consistait à coudre un patch sur la langue empêchant toute ingestion d’aliment solide à cause de la douleur provoqué par celui-ci. Car oui, en plus de stigmatiser les personnes grosses, ces outils les culpabilisent et les torturent afin qu’elles perdent du poids, au détriment de leur santé physique et mentale.
Quelle grandiose idée.
« L’équipe de chercheurs est en mode “tu sais, ce type dans The Human Centipede avait quelques bons arguments” »
https://twitter.com/dritchie/status/1409352529821925376?s=20
« Des aimants pour serrer les mâchoires des gens et où il faut un outil pour les déverrouiller ? Vraiment hâte de voir ça dans la prochaine saison de “The Handmaid’s Tale”. »
« Brillant, j’aimerais soumettre cette idée pour un appareil afin d’aider les gens petits à être plus grands. »
Un désastre pour les personnes grosses et souffrant de TCA
Journaliste pour The Mary Sue, Briana Lawrence a expliqué tout le mal qu’elle pense de cet « instrument de torture médiéval », en tant que femme grosse :
« J’ai porté un appareil dentaire pendant des années et une fois qu’il était sur mes dents, il était SUR mes dents jusqu’à ce que le dentiste le retire. Je n’avais pas de bouton d’arrêt d’urgence, mais encore une fois, il n’était pas là dans le seul but de faire en sorte que mon gros cul n’ingère que des smoothies. Genre. Est-ce que j’enlève le DentalSlim pour dormir ? Est-ce que je peux me brosser les dents ? Quelle est la définition d’une “urgence” qui demanderait de le retirer ? »
Elle conclut, dépitée :
« Même si je m’attends à du mépris pour mon corps, il est toujours choquant de voir, alors que nous faisons face à une pandémie, qu’un groupe de chercheurs a ressenti le besoin de se concentrer là-dessus. »
L’autrice Aubrey Gordon a elle aussi fait part de sa colère, se refusant à poster une photo du dit appareil pour ne pas troubler ou offenser les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire (TCA).
https://twitter.com/yrfatfriend/status/1409532533847433219?s=20
Plusieurs témoignages rappellent que les régimes restrictifs font plus de mal que de bien :
« On n’a pas besoin de cet instrument de torture pour faire un régime liquide. J’ai pris Slimfast dans les années 90 et j’ai perdu une tonne de poids rapidement. J’ai aussi commencé à vomir, à prendre des laxatifs, et à faire de l’exercice de façon obsessionnelle. J’ai repris tout le poids perdu quand j’ai tout arrêté, mais les dégâts que ça a causés sont toujours là. »
L’initiative fonctionne-t-elle ? On apprend dans le British Dental Journal que les patients du test avaient ressenti « une gêne occasionnelle » et que « la vie, en général, était moins satisfaisante ». Un appareil fort utile donc, pour perdre du poids et tomber en dépression.
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