Publié initialement le 9 février 2015
Il y a peu, j’étais confrontée à une situation épineuse : mon José et moi habitions tous deux à Paris, chez nos parents. Peu emballés à l’idée de copuler sous leur nez, ou de leur faire subir la bande-son intégrale de nos ébats, nous décidâmes alors de chercher un endroit où batifoler.
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Après être passés par la case « love hotel », nous décidâmes d’expérimenter des territoires inconnus pour revenir riches d’histoires trépidantes que nous pourrions narrer à nos petits-enfants respectifs. Quelques messages sur des forums ainsi qu’un article élogieux dans un guide touristique dédié nous conduisirent sur une piste réprouvée par la morale catholique : le sauna.
En parfaits Indiana Jones de la bagatelle, nous avions préparé notre coup et nous nous étions munis d’un équipement adapté à toute situation périlleuse (enlèvement par des martiens, présence de Mickael Vendetta, invasion de cafards…). Et c’est ainsi que par un beau dimanche, nous étions en route vers un établissement situé à quelques pas de la gare Saint Lazare.
Le sauna échangiste : repérage des lieux
Avant d’appuyer sur la sonnette de l’appartement situé dans un bel immeuble haussmanien, j’ai eu quelques hésitations : après tout, fallait-il vraiment dépenser 35 euros pour s’ébattre en terra incognita ? N’allait-on pas tomber sur un repaire de psychopathes qui nous regarderaient bave aux lèvres, façon octogénaires-à-la-veille-des-soldes-chez-Damart ? Bref, la tension était à son comble. Tiraillé par ses hormones, José appuya sur la sonnette.
Un vieux monsieur qui ressemblait à ces sosies du Père Noël qui pullulent dans les supermarchés de banlieue vint nous ouvrir, tout sourire, nous incitant à nous mettre à l’aise.
Après avoir empoché nos deniers, il nous offrit une petite visite des lieux : dans une grande pièce garnie de canapés et coussins divers, une télé géante diffusait Les Anges de la Téléréalité. Aux murs, des gravures plus ou moins érotiques donnaient le ton – il n’y avait là rien de bien licencieux.
Mais lorsque le tenant des lieux nous emmena dans le couloir obscur qui menait aux cabines privatives, l’atmosphère changea du tout au tout : dans la partie sauna, on distinguait les silhouettes d’un couple en pleine action. Des douches, s’échappaient des cris orgasmiques qui auraient fait pâlir d’envie Rocco Sifredi. Dans une pièce, des accessoires SM épars jonchaient le sol, et on pouvait se faire attacher sur une croix en bois horizontale.
Après cette visite, on nous donna des paréos, ainsi qu’une petite clé pour les vestiaires : sans demander notre reste, nous avons filé vers les cabines privatives et nous sommes enfermés à double tour.
Première désillusion : le sauna ne ressemblait pas à ça.
Le sauna échangiste : ambiance et émotions
Dans le sauna que nous avions choisi existaient des plages horaires différentes : les couples et femmes seules étaient les bienvenus le matin. Dans l’après-midi, les hommes seuls étaient conviés à se mélanger aux autres* dans la joie et la bonne humeur. Peu désireux de mélanger nos fluides à des inconnus, nous nous étions donc levés de bon matin.
Une fois close la porte de la cabine, nous nous sommes déshabillés sous un néon qui nous faisait ressembler à deux cadavres patauds. La « cabine » disposait d’un ameublement extrêmement sommaire : une banquette recouverte de simili-cuir (un peu comme celle de votre gynéco, donc), une poubelle destinée à recueillir les préservatifs usagés, une serviette posée sur la banquette. Point.
Une affichette sur le mur du sauna.
Si cette ambiance ne me convenait pas du tout, mon partenaire ne semblait pas être de cet avis : visiblement très excité par ce cadre pour le moins original, il a joui en moins de deux minutes, préliminaires compris.
Sitôt fait, nous nous sommes enfuis comme des voleurs, refusant le jus d’orange que nous proposait le gérant. Il était temps : l’heure d’ouverture aux hommes seuls approchait, et une file de mâles attendait aux portes du sauna, nous lançant des regards chargés de sous-entendus.
*Ceci n’est pas une vanne pourrie.
Le sauna échangiste : mythe VS réalité
Soyons clairs : si j’ai accepté de poser mes dix orteils dans un sauna échangiste, c’était uniquement pour bénéficier de cabines privées et pouvoir m’adonner aux plaisirs de la chair sans passer par la case « chambre d’hôtel » (et vous narrer toutes mes expériences par amour du journalisme).
Force est de constater que l’idée que je me faisais du sauna échangiste ne correspond en rien à la réalité : là où je croyais trouver luxe, calme et volupté, n’était que glauque, hygiène approximative et profond malaise.
Moralité ? Pour deux minutes de bagatelle, j’ai perdu l’équivalent du prix de quatre kilos de bonbons et une matinée que j’aurais pu employer à de plus productives activités (sauver le monde, finir Sex And The City ou me tricoter une écharpe, par exemple). La prochaine fois, je me trouverai donc un José n’habitant pas chez papa/maman.
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