Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Sarah qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom d’emprunt : Sarah
- Âge : 31 ans
- Métier : Responsable produits dans une entreprise, en CDI depuis fin 2019
- Revenu mensuel : 3 200 euros à deux
- Famille : Elle, son mari, et deux enfants de 3 ans et 8 mois
- Lieu de vie : Dans un appartement avec jardin en banlieue parisienne
Les revenus de Sarah et de son mari
Sarah et son conjoint sont ensemble depuis 16 ans et ils sont mariés depuis 5 ans. Elle a obtenu un CDI fin 2019 en tant que responsable produits dans une entreprise. Son mari est animateur dans l’événementiel. Il est à 80% depuis la crise sanitaire mais cela lui permet de s’occuper des enfants un jour par semaine.
Sarah touche 2 050 euros net par mois mais a des primes de fin d’année, qu’elle estime en moyenne à 1 800 euros. Son mari touche actuellement 1 000 euros par mois.
Elle ne se trouve pas bien payée mais a fait le choix d’avoir un emploi aux horaires fixes, plus facilement conciliable avec une vie de famille :
« J’ai fait le choix de changer d’emploi il y a deux ans pour avoir des horaires plus stables. J’étais consultante auparavant et souvent en déplacement donc difficile d’avoir une vie de famille. J’ai perdu un peu en salaire mais pas tant que ça.
Néanmoins avec mon expérience dans mon domaine, les salaires sont souvent plus élevés. Je suis très mauvaise quand il s’agit de réclamer une augmentation même si je pense la mériter. »
Le couple touche également 83 euros d’aides de la CAF pour la participation au salaire de l’assistante maternelle, ainsi que 172 euros d’allocations PAJE (aide à assurer les dépenses liées à l’entretien et à l’éducation d’un enfant) et 132 euros d’allocations familiales modulées.
L’organisation financière de la famille
Afin d’éviter les frais bancaires, Sarah et son mari n’ont qu’un compte joint pour la famille. C’est Sarah qui le gère mais ils décident de toutes les dépenses à deux, donc difficile de savoir qui paie quoi.
« L’ensemble de nos dépenses sont considérées pour le couple car chacune d’entre elles est pensée à deux. »
Cette organisation où ils mettent leurs ressources en commun et où Sarah gère les comptes leur convient parfaitement.
« Je suis plutôt control freak sur les questions financières mais j’aime pouvoir agir en toute transparence avec mon mari sur ce sujet. Tout ce que nous dépensons ou économisons aura un impact sur notre vie à tous les deux, présente ou future. »
Sarah et son mari sont mariés sous le régime de la communauté de biens — plus par manque de renseignements que par choix, mais en ce qui concerne les questions financières, ils ont toute confiance l’un en l’autre.
Envie de gagner plus
Sarah et son conjoint sont donc d’accord sur l’organisation financière de la famille, néanmoins ils souhaiteraient avoir plus de revenus. Sarah aimerait qu’ils soient plus à l’aise financièrement.
« Je souhaiterais que mon mari trouve un autre poste pour augmenter nos revenus mensuels mais cela nous obligerait à trouver un autre mode de garde pour le mercredi, ce qui a un coût non négligeable. Trouver un poste où l’on peut ne pas travailler le mercredi est une denrée rare et souvent c’est mal perçu pour un homme. Mon mari s’est déjà entendu dire “mais pourquoi ce n’est pas votre femme qui s’occupe des enfants le mercredi ?” — préjugé, quand tu nous tiens… »
Le couple doit faire attention à ses dépenses et c’est surtout Sarah qui s’en charge.
« Je passe beaucoup de temps à compter, chercher la moindre astuce pour réduire les dépenses. Tout cela est très chronophage. J’espère sincèrement que la situation professionnelle de mon mari reviendra à son niveau d’avant Covid mais nous avons eu tellement de fausses joies depuis deux ans que je ne préfère plus compter dessus. »
Le conjoint de Sarah qui travaille dans l’animation dans le domaine de l’événementiel a été touché par la crise du Covid. Il est maintenant à temps partiel, ce qui a réduit ses revenus et inquiète le couple — mais ce qui lui permet aussi de garder les enfants un jour par semaine et qui leur fait donc économiser des frais de garde.
Les dépenses de Sarah et de sa famille
Sans surprise, le plus gros poste de dépenses du couple est le logement. Le crédit pour leur appartement de 60 mètres carrés avec un jardin de 90 mètres carrés en banlieue parisienne est de 1 172 euros.
Ils ont également contracté un prêt pour acheter une voiture dont les remboursements sont de 232 euros par mois.
« Le “plaisir” de mon mari en sortie du premier confinement. Il nous reste encore un an et demi de prêt à payer. »
Ils dépensent 272 euros de charges (électricité, gaz et charges de copropriété). Les diverses assurances leur reviennent à 189 euros : 64 euros pour le prêt, 32 pour l’habitation et 93 euros pour la voiture. Leurs abonnements s’élèvent à 21 euros (16 euros pour la fibre et 21 euros pour le téléphone).
Pour la garde du petit, les frais d’assistante maternelle sont de 423 euros (une fois les aides reçues).
Sarah estime les dépenses alimentaires de la famille à 450 euros par mois. Cela comprend 330 euros pour le couple et pour le plus grand des enfants. Elle fait très attention à ses achats au supermarché :
« J’achète les fruits et légumes abîmés, moins chers. Je les congèle immédiatement pour les utiliser ensuite ou je les cuisine rapidement. Je ne décide jamais de mes menus à l’avance. Je fais toujours en fonction des promos que je peux trouver en calculant systématiquement le prix au kilo de chaque produit.
J’essaye de faire au maximum maison pour réduire le budget. Par exemple, j’ai toujours de la pâte à pizza maison au congélateur. Je mets un point d’honneur à ce que nous mangions un poisson par semaine et une viande rouge. Nous faisons un repas sans viande par jour, ce qui nous permet d’acheter des légumes frais et de saison. »
Le petit garçon de 3 ans mange aussi à la cantine le midi pour 45 euros par mois. Pour le bébé de 8 mois, il faut compter environ 120 euros par mois de petits pots et de lait.
« Mon budget alimentaire est élevé, surtout pour mon bébé. Les petits pots et le lait en poudre coûtent cher. Je consacre déjà beaucoup de temps à la cuisine pour nous trois, faire mes propres petits pots serait trop chronophage et, surtout, je ne suis pas certaine que cela soit moins coûteux. »
La famille a un chat et un chien. Ils dépensent 300 euros de frais de vétérinaire par an, 45 euros par mois de nourriture et 10 euros par mois de litière (le chat fait en partie ses besoins à l’extérieur).
Pour les vêtements, ils dépensent 300 euros par an pour les adultes et 200 euros pour les enfants.
« Nous dépensons assez peu pour les vêtements que ce soit pour les enfants ou pour nous. Pour les enfants, nous récupérons beaucoup les affaires de la famille. Pour les vêtements dont nous aurions besoin, je demande à la famille de leur en offrir aux anniversaires et à Noël (et à d’autres occasions). »
Les dépenses « plaisir »
Sarah s’accord quelques dépenses non nécessaires. Celles-ci sont souvent en rapport avec ses enfants, pour leur faire plaisir !
« Je passe beaucoup de temps sur les plateformes de vente entre particuliers afin de trouver les cadeaux qui leur feront plaisir — des livres, des jouets… selon mes trouvailles. J’essaye de garder mes trouvailles pour les occasions spéciales mais c’est parfois difficile de résister. »
Côté cadeaux, le couple a un budget spécial pour les anniversaires et Noël :
« Nous nous mettons d’accord ensemble sur le budget, que nous nous obligeons à tenir quitte à passer un peu de temps à chercher le cadeau idéal. »
Sarah s’accorde également quelques petits craquages. Dernièrement, elle avait repéré un sac à main mais elle n’a pas eu le temps de l’acheter : une amie lui a offert avant ! Peu avant, elle avait acheté une table console à rallonge, qui permet de recevoir des invités, et pour que les enfants disposent d’assez de place dans le salon pour jouer car ils partagent leur chambre. Ces petites « folies » sont tout de même très réfléchies.
« Au final je n’achète jamais rien sur un coup de tête. Chaque achat est réfléchi. Je demande même souvent l’avis d’autres personnes (mon mari, mes parents, mes amies). »
Sarah et son mari n’ont pas la même manière d’appréhender l’argent.
Un rapport différent à l’argent
Sarah est ce qu’on appelle un écureuil, et cela a dû à son passé.
« J’ai un rapport… compliqué à l’argent. J’ai toujours peur d’en manquer. À partir de 16 ans, je faisais un job étudiant. Pendant toutes mes études supérieures, je travaillais également en parallèle de mes études. L’argent que je gagnais m’a servi à payer mes études, mes loisirs éventuels, mes transports… et d’avoir un pécule pour pouvoir acheter notre appartement. »
Tandis que son mari, qui a des revenus moindres, est plus insouciant.
« Mon mari ne sait pas ce qu’il y a sur notre compte ni sur notre épargne. »
Pour exemple : le mari de Sarah ne fait pas les courses mais revient régulièrement avec des dépenses non prévues, comme des chips ou des biscuits.
« Pour lui, ce n’est pas si cher sauf que pour moi, un paquet de chips représente 2 kilos de pâtes… »
Sauf exceptions, c’est donc Sarah qui prévoit et contrôle toutes les dépenses.
Épargne et projets
Sarah assimile les remboursements de leur prêt à de l’épargne :
« Cela me permet d’espérer pouvoir acheter plus grand dans quelques années avec l’apport constitué par ce que nous payons chaque mois. »
Mais elle met également de côté chaque mois, à hauteur de 400-450 euros. Environ 40 euros sur le livret A de chacun des enfants, ouvert à leur naissance et environ 200 euros sur un PEL pour leur futur projet immobilier. Elle place le reste sur un livret A pour les vacances et les éventuels imprévus.
Merci à Sarah de nous avoir ouvert ses comptes !
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Image en une : Unsplash/Kelly Sikkema
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Les Commentaires
Je devrais montrer cet article à un ami qui doit essayer de demander une augmentation l’année prochaine, parce qu’il en a marre de faire le boulot de deux personnes pour un salaire certes bon dans l’absolu, mais moins que ce qu’il pourrait espérer dans son domaine. Ça l’encouragerait peut-être à tenter sa chance