De plus en plus, on s’intéresse au polar étranger. Enfin, on a toujours vécu avec la littérature policière américaine ou anglaise par exemple, mais depuis quelques années, la mode est à des contrées plus ‘exotiques’. Je pense notamment à la Suède et au succès de la saga Millenium.
Du Sang sur la Toile, paru cette semaine aux éditions Picquier, éditeur spécialisé en littérature asiatique (et dont la sélection est toujours intéressante), est l’occasion de découvrir le polar japonais. Miyabe Miyuki est considérée comme la reine du polar au Japon, certains de ses titres ont déjà été publiés en France : Crossfire, la Librairie Tanabe et une Carte pour l’Enfer. Elle revient ici avec une enquête très actuelle, puisqu’il y est beaucoup question d’internet.
Une double vie
Un soir, le corps d’un homme est retrouvé sur un chantier, après qu’une voisine du lieu ait entendu des cris. Il s’agit d’un père de famille sans histoire… Mais les inspecteurs découvrent vite que cet homme ordinaire menait une double vie sur la toile, où il s’était créé une famille virtuelle, avec qui il semblait avoir plus d’attaches qu’avec sa femme, avec qui il ne parlait plus vraiment, ou sa fille, adolescente. Dans la même semaine, une jeune femme est elle aussi assassinée, et il se trouve qu’elle connaissait très bien la première victime…
Enquête à la japonaise
Je dois avouer que j’ai eu du mal à trouver mes marques avec ce livre, au début. L’auteure y raconte avec minutie l’enquête de police, et les avancements en temps réels de ces derniers. Quand d’habitude, dans nos contrées, on prend le temps de nous parler de la psychologie des victimes, des suspects, mais aussi des enquêteurs, ici il n’est question que de faits.
C’est assez déroutant, mais finalement sans même s’en rendre compte, Miyuki Miyabe nous piège avec la même facilité que ses enquêteurs piègent les coupables, on n’a rien vu venir. C’est aussi une fascinante plongée dans la culture japonaise, à la fois si proche et si éloignée de la notre. Un petit quelque chose m’a quand même gênée, même si on n’y peut pas grand chose, j’ai beau lire énormément de mangas, j’ai encore peu l’habitude des prénoms japonais, et j’oubliais vite qui était qui. Mais ça ne m’a pas empêché de suivre l’histoire pour autant. Différent de ce qu’on a l’habitude de lire, par son écriture très épurée, sa manière de ne s’attacher qu’aux faits, Du Sang Sur La Toile séduira sans aucun doute les passionnées du Japon, pour sa culture si proche et si étonnante pourtant.
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