Le 23 juin, la youtubeuse beauté Sananas a publié une vidéo que sa communauté lui réclamait depuis longtemps : elle y parle de son alimentation et de sa méthode pour se sentir bien dans son corps.
Après sa mise en ligne, la vidéo n’a pas tardée à être vivement critiquée (c’est peu dire) par de nombreux internautes, qui considéraient notamment que Sananas donnait de mauvais conseils nutrition, dont certains jugés dangereux.
La jeune femme raconte la manière dont elle a personnellement perdu du poids, les modifications alimentaires qu’elle a opérées pour « manger mieux »… sans affirmer cependant que c’est LA bonne façon de faire.
L’objet de la polémique
L’injonction à être « Beach body ready », toujours d’actualité ?
Cette vidéo est un témoignage, celui d’une jeune femme qui fait des trucs sur Internet. Son propos est sans doute critiquable sur certains aspects, mais il consiste surtout en un discours bienveillant sur la nécessité de « se sentir bien et d’accepter son corps ». Soit pas le pire conseil à donner à des adolescent•es.
Et ce témoignage, on ne va pas se voiler la face, vient répondre à une demande. En particulier en cette période de l’année, où la pression sociale pour être « beach body ready » est à son paroxysme.
Sur madmoiZelle, on a parlé de nombreuses fois des injonctions à la minceur délirantes, des dégâts des régimes qui te font faire le yoyo, et du fait que le plus important, c’est d’être bien dans tes baskets et en bonne santé.
Un discours qui est aussi tenu dans cette vidéo par Sananas, finalement, et ce malgré des maladresses quant à la teneur de ses conseils.
Il n’est pas incompatible avec la volonté de manger plus sainement, car après tout, ça ne peut que faire du bien !
Mais en recherchant des conseils en la matière sur Internet, on ne tombe pas toujours sur les plus avisés.
Du coup, j’ai voulu partir à la pêche aux infos pour avoir un esprit sain dans un corps sain.
Maigrir, ça veut dire quoi ?
C’est Sophie, coach en nutrition, qui a répondu à mes questions.
L’un des premiers points sur lesquels je m’interrogeais était de savoir comment réagir, lorsqu’une jeune fille se présente avec l’objectif « Je veux maigrir ». Sophie me répond :
« D’abord, « Je veux maigrir », ça ne veut rien dire. Est-ce que tu veux te sentir plus belle, plus séduisante, est ce que tu veux avoir plus confiance en toi, est-ce que c’est pour ta santé ?
C’est important de comprendre pourquoi une telle demande est formulée, et une fois qu’on sait que c’est pour elle, et pas uniquement pour le regard des autres on peut définir un véritable objectif : raffermir, être en meilleur santé, tonifier, perdre en volume ? »
Selon Sophie, la première étape lorsqu’on a des questionnements comme ceux-là, c’est donc de s’assurer que l’on a bien une démarche bienveillante envers soi-même.
Le régime hypocalorique et autres mythes en matière de nutrition
Sophie m’a expliqué que parmi les mythes les plus dangereux en matière de nutrition, on trouve les régimes qui provoquent très facilement un effet yoyo : perte de poids rapide, mais reprise tout aussi rapide, et même en de plus grandes proportions.
C’est le cas notamment des régimes « hypocaloriques » qui visent à ne pas consommer au-delà d’un certain seuil de calories :
« Pour un petit gabarit mince, il faut déjà 1 300 calories pour couvrir les besoins de base, pour survivre, même sans aucune activité physique.
Donc ce type d’objectifs peuvent mettre le corps en état de famine : ça fait fondre les muscles, on perd en énergie car souvent les glucides passent à la trappe, jusqu’au moment où on finit par avoir une sorte de réflexe psychologique qui nous conduit à choper les sucres rapides à disposition. »
En somme, on « craque », car ce régime n’est pas soutenable sur le long terme, et dès qu’on se remet à consommer normalement… on reprend.
C’est comme cette idée très répandue à propos des féculents :
« C’est un grand classique de les bannir de l’alimentation pour maigrir alors que même si c’est cliché : on a besoin de tout !
S’en passer, c’est pareil : ça risque de créer des pulsions de sucres plus tard. »
D’ailleurs, Sananas mentionne le fait de ne jamais se frustrer sans sa vidéo, dans le même objectif. Alors prudence avec l’idée de compter ses calories pour les restreindre au minimum : d’abord, ça risque de tourner à l’obsession, et ensuite, ça risque de nous aveugler sur nos sensations de faim, selon Sophie.
Alors, cette pratique est à réserver aux sportif•ves en « phase de sèche », et suivi•es par un médecin idéalement : de toutes façons, on ne peut pas perdre en quelques semaines des kilos accumulés sur des années.
« C’est frustrant, mais pour ne pas reprendre après, il faut perdre en douceur ! »
Jeûner, une bonne idée ?
Toutes ces questions rejoignent celles sur le jeûne, ou l’idée de manger léger le soir, qui est basée sur le fait que le corps dépenserait peu d’énergie la nuit.
« Je ne me permettrais pas de dire que c’est vrai ou faux, il y a beaucoup de théories sur la nourriture.
Mais je pense que c’est surtout le principe d’alléger un repas qui fonctionne, pas le fait d’alléger celui du soir en particulier. »
Eh oui, parce qu’en réalité le corps continue de travailler la nuit tombée ! Et surtout, chacun a des besoins propres, selon l’activité qu’on a pratiquée dans la journée ou celles qui vont occuper notre soirée.
Quant au jeûne, il ne faut pas le voir comme une manière de maigrir :
« C’est davantage une visée « détox » : plutôt pour la santé que pour perdre du poids.
Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut jamais le faire sur de longues périodes, pas plus de trois jours : ça prive des apports nécessaires, ça peut faire fondre les muscles !
Mais si on sent qu’on a un système digestif perturbé, ça peut aider à le mettre au repos et à récupérer, même en faisant un semi-jeûne avec seulement des pommes par exemple. »
Fruits et légumes, gras, sucré, salé ?
Dans un autre registre, on nous a martelé les slogans « 5 fruits et légumes par jour », « Ne mange pas trop gras, trop sucré, trop salé » pendant longtemps. Mais concrètement, ça veut dire quoi ?
Pour Sophie, le nombre de fruits et légumes par jours ne veut pas dire grand chose, bien qu’en terme de proportion, c’est une quantité appropriée pour avoir les minéraux et vitamines nécessaires : en gros, 150 à 200 grammes par jour, et minimum deux fruits entiers.
Quant au gras/sucré/salé, je lui ai demandé ce qui selon elle était beaucoup plus sucré ou gras que ce que l’on pense dans notre imaginaire collectif :
« Il y en a beaucoup ! Mais comme ça, le plus évident, ce sont les desserts lactés je pense. Tout ce qui est Danettes, ou même yaourt aux fruits qui ne contiennent quasiment pas de fruits en réalité. Idem pour les céréales de type « Fitness » ou « Special K ».
Les 0% aussi ! Car pour compenser l’absence de gras, qui est un exhausteur de goût, on ajoute du sucre. Donc il y a soit l’un, soit l’autre ! »
3 conseils de base pour démarrer du bon pied en matière de nutrition
Après avoir fait le tour des mauvaises recommandations, est-ce qu’il y en a quand même de bonnes ? J’ai demandé à Sophie quels seraient ses trois conseils de base :
« Je pense que la base c’est de travailler sur ses sensations alimentaires. On peut appeler ça la méthode Zermati. C’est le fait d’apprendre à s’écouter, à déceler sa faim et sa satiété, et à ajuster ses repas en fonction de ça plutôt qu’en fonction des normes sociales ! »
Elle parle aussi du fait de limiter tout ce qui est sucres raffinés et ajoutés, de manger en essayant d’éviter les additifs, et plus généralement : de privilégier les produits de qualité, frais !
« Dans tout ce qui est pré-cuisiné, généralement il n’y a plus de vitamines et de minéraux ! Mais malgré, tout il faut toujours garder des petits plaisirs, et surtout un rapport apaisé à la nourriture pour ne pas tomber dans les extrêmes comme l’orthorexie par exemple. »
Finalement, le mot d’ordre de Sophie c’est « rien n’est interdit ! », et surtout de garder en tête que tout ça est très personnel et que les changements de notre corps nous sont propres.
« Certain•es seront plus heureux•ses avec cinq kilos en plus et un rapport apaisé et de plaisir avec la nourriture. De toutes façons, c’est mentir de dire qu’on peut tou•tes être gaulé•es pareil, ça dépend des métabolismes ! »
Un message qu’il est toujours bon de rappeler lorsqu’on constate qu’ici aussi, où l’on passe pourtant notre temps à essayer de niquer les complexes, certains topics du forum sont dédiés à cet objectif de maigrir le plus rapidement possible avant d’aller bronzer sur la plage.
La meilleure solution lorsqu’on est à la recherche de bons conseils en matière de nutrition, c’est sans doute de s’adresser à des professionnel•les qui sauront donner des conseils adaptés à chaque cas !
Où retrouver Sophie ?
Sophie est coach en nutrition naturelle, tu peux la retrouver sur son blog, son compte Instagram, et sa page Facebook !
— Merci à elle d’avoir répondu à mes questions !
D’autres questions sur la nutrition ? Viens me les poser dans les commentaires !
À lire aussi : La nourriture vue par… la psychologie
Les Commentaires
je ne nierai jamais que les coachs sont des métiers parallèles avec de tout. J'ai une formation de 9 mois, certains plus, d'autres pas de formation du tout. J'ai forcément eu moins de détails sur certains aspects et pour ça je n'hésite pas à renvoyer certains vers un mdédecin ou un diété pour des cas hors de mon champ (diabète, hypothyroïdie, grossesse...). A côté j'ai bénéficié d'un approfondissement dans certains domaines encore un peu délaissés en diététique classique grâce à ma formatrice diététicienne multi-diplômée. Je m'implique sur des sites et forums sur les Tca, l'image sociétale de la femme et l'obésité depuis 10 ans et j'aime apporter une oreille attentive. Je crois que c'est très important d'être conscient de ses limites et de ne pas se pre dre pour Dieu avec la santé des gens. Mes clients viennent vers moi pour avoir un coaching, accompagnement de vie sur leurs habitudes, la qualité de leur alimentation et la cuisine en pratique, la gestion au quotidien, décrypter leur rapport à la nourriture. Ils n'attendent pas les mêmes choses et la même approche qu'un diété. J'ai d'ailleurs des copines diété et on ne se sent pas spécialement en concurrence. On n'a pas la même approche ni le même champd'action. Après c'est clair, qu'est-ce qui fait la valeur d'un coach? Du cas par cas. Je l'assume