« Exclue du terrain pour un foulard. » Cette phrase se décline malheureusement à l’infini : il suffit de remplacer terrain par tatami, court, pelouse… N’importe quel espace ou compétition sportive en France. La championne multimédaillée de Jiu-jitsu brésilien, Sana Ndiaye, en a fait les frais : alors qu’elle avait été désignée vice-championne d’Europe en janvier 2023, la jeune femme de 15 ans a été exclue du pôle espoir de l’équipe de France par la Confédération française de Jiu-jitsu brésilien (CFJJB). La raison ? Elle a concouru en portant le foulard, allant contre la charte de sa fédération. Pourtant, le règlement des championnats d’Europe, auxquels elle participait, ne lui interdisait pas le port du voile.
Elle a partagé son expérience sur une publication Instagram :
Exclue définitivement du Pôle espoir CFFJB.
Pour intégrer le pôle on m’a fait signer une charte où je ne pouvais pas combattre avec mon voile.
Malgré le règlement des Europe IBJJF qui l’autorise, selon cette charte, je ne devais pas combattre avec mon voile.
Malgré les soupçons de certains que la CFJJB serait raciste, la CFJJB ne l’est pas et le problème ne vient pas d’une fédé mais d’un gouvernement qui est pointé du doigt par le monde.
Même si la CFJJB n’est pas totalement responsable, nous sommes plus ou moins tous responsables de cette injustice que subissent les femmes qui pratiquent le sport en France et qui souhaitent pratiquer leurs religions et leurs sportsDéçue, mais pas vaincue.
Sana Ndiaye via son compte Instagram
Une histoire qui ne fait malheureusement pas exception
Sur les réseaux sociaux, la championne du monde de grappling (ensemble des pratiques de lutte spécialisées au sol) et coach sportive Djihene Abdellilah a interpelé les pouvoirs publics et les instances sportives :
Elle irait aux championnats du monde, on l’autoriserait également à pratiquer avec son voile. Mais, en France, cela pose problème. On en est là dans le monde du sport : on essaie d’interdire au maximum les accès aux femmes qui sont voilées. C’est stigmatisant, humiliant, discriminant. Je ne comprends pas que les instances sportives ne se soulèvent pas face à cette réglementation. À travers l’histoire de Sana, je voudrais que les instances décisionnaires, les fédérations, le ministère des Sports, réalisent que par leur décision complètement injuste, ils ont la capacité de briser les rêves, mais aussi les carrières sportives internationales de jeunes femmes, sous prétexte qu’elle[s] [sont] voilée[s] et de confession musulmane. Est-ce que vous trouvez ça juste ?
Djihene Abdellilah
Sana Ndiaye n’est malheureusement pas la première athlète à se faire exclure en raison de son voile. En janvier, la basketteuse Salimata Sylla, qui joue depuis plus de 10 ans aux championnats de France, racontait au Parisien son exclusion d’une compétition dans le nord de la France, revenant sur l’humiliation ressentie et l’incohérence d’une telle décision alors que dans un an, la France accueillera les Jeux olympiques et paralympiques et que « plusieurs athlètes étrangères viendront participer avec leur couvre-chef alors que dans le même temps, on exclut les Françaises qui le portent ».
Du côté de la Confédération française de Jiu-jitsu brésilien, une autre athlète, Kilama Makanga, a lancé une pétition suite à son interdiction de participer à différentes compétitions pour des raisons similaires.
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« Pourquoi en France, on cherche tant à invisibiliser les femmes voilées qui sont des modèles de réussite ? »
Djihene Abdellilah s’interroge sur le message envoyé par ces exclusions : « Pourquoi en France, on cherche tant à invisibiliser les femmes voilées qui sont des modèles de réussite ? Que ce soit dans le cadre des grandes entreprises, du sport… [Cela concerne aussi] les femmes issues des minorités, dès qu’elles vont à l’encontre de ce que les médias peuvent véhiculer sur elles ». Alors que Sana Ndiaye pratique un sport de combat difficile, évolue dans un domaine très masculin, et réussit, la championne doit être « un modèle de réussite et en aucun cas un modèle d’exclusion », martèle Djihene Abdellilah.
Contactée, La Confédération Française de Jiu-Jitsu Brésilien n’a pas encore répondu aux sollicitations de Madmoizelle.
Image de Une : Jonathan Borba
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Les Commentaires
Un combat de jujitsu ("classique" ou japonais) est composé de 3 parties :
Partie 1 Le pied-poing où les adversaires échangent des coups.
Partie 2 Projections, on saisit la tenue de l'adversaire et on va maintenant essayer de le projeter avec une technique de Judo pour l'amener au sol.
Partie 3 Ne-Waza ou combat au sol. Maintenant que l'adversaire est à terre, les jujitsuka se battent au sol afin d'immobiser l'adversaire.
Ce qui est important de préciser c'est que les parties s'enchaînent et sont les conséquences l'une de l'autre ! On ne marque pas de pauses entre les parties ce qui permettrait de replacer son voile.
Pour les parties 1 et 2, il y a aucun problème pour le port du voile. Par contre pour la 3ème partie c'est là où je me pose la question. Le voile ne gênerait pas les techniques ou même les techniques d'étranglements par contre, on roule beaucoup au sol et on pousse énormément avec la tête. Donc le voile peut s'enlever très facilement en partie ou complètement. Je vous assure qu'on a les cheveux plaqués au début du combat et les cheveux en vrac à la fin ! Ca ne rendrait pas la pratique dangereuse mais la combattante perdrait son voile très très facilement et ça empecherait de travailler correctement la partie 3.
De plus, règle importante de sécurité : au jujitsu, si on a les cheveux longs, on doit bien sûr les attacher mais il est interdit de les attacher avec des barettes car ça peut être dangereux pour soi sur des projections.
Le jujitsu dit Brésilien ou BJJ est principalement la partie combat au sol donc même problème !
Par contre, le voile pose problème pour les compétitions dites de Fighting détaillées plus haut !
En jujitsu, nous avons aussi des compétitions de Kata et de Duo System où on présente des techniques mais on est pas en situation de combat. Et comme dans ce cas là, il n'y a pas de "Sol" je ne vois absolument pas en quoi le port du voile est gênant ???
Pour le Taekwondo, il s'agit principalement de coups donc aucun problème si voile (et peut être que les barettes sont autorisées?)