J’aimerais pas trop être à la place de Sam Rubin, journaliste qui a eu la chance de pouvoir interviewer Samuel L. Jackson. Je peux comprendre que, dans un tel contexte, on perde un peu ses moyens ; moi par exemple, tu me mets en face du génial Sammy (je peux t’appeler Sammy ? Je fais ma maligne à l’écrit, tu comprends), je me mets à baver de stress et à trembler des poils. Mais y a des moments, faut pas déconner.
Le journaliste en question, sa maladresse, elle surpasse toutes les autres. Il l’a très vite compris et le dialogue entre l’acteur et le journaliste est dingue. Un condensé de malaise et de rires avec la réaction de l’acteur.
Samuel était donc l’invité de la chaîne KTLA pour faire la promotion du film Robocop
. Tout allait pour le mieux jusqu’à ce que Sam Rubin demande à l’acteur mythique quelles avaient été les conséquences de la pub du Superbowl dans laquelle il avait joué.
Le souci, c’est que Samuel L. Jackson n’a tourné dans aucune publicité pour le Superbowl. Le souci, c’est que c’était Laurence Fishburne dedans, un autre grand acteur noir. Et que les deux ne se ressemblent franchement pas vraiment.
La réaction de Samuel L. Jackson est fantastique. Elle est très drôle et laisse sous-entendre tout l’agacement qu’il ressent à se voir confondu de la sorte. Il commence à lister quelques-uns des hommes noirs qui ont fait des publicités MAIS qui ne sont pas lui, coupant sans cesse le journaliste qui essaie de reprendre son interview, avant d’ironiser en précisant qu’il n’a jamais fait de promotion pour McDonald’s ou KFC :
https://www.youtube.com/watch?v=ToaHQI9X5RI
« On ne se ressemble pas tous ! On a beau être noirs et célèbres on ne se ressemble pas ! Vous êtes journaliste culturel ? Vous êtes journaliste culturel et vous ne savez pas faire la différence entre Laurence Fishburne et moi ? »
« Je suis l’autre mec, l’autre. « Qu’est-ce qu’il y a dans votre portefeuille ? », c’est moi. Il y a plus d’un homme noir qui fait des publicités. Je suis le mec noir de « Qu’est-ce qu’il y a dans votre portefeuille », il est le mec noir avec la carte de crédit, Morgan Freeman est le mec noir avec une autre carte de crédit. Ceci dit on n’entend que sa voix, donc il y a peu de chances que vous le confondiez avec Laurence Fishburne. »
« Je n’ai jamais fait de pubs pour McDonald’s ou KFC. Je sais que c’est surprenant. Et je suis le seul mec noir dans Robocop à ne pas être un criminel. »
« Vous savez qui ils (l’équipe du film) sont ? Juste au cas où vous les recevez dans votre émission, travaillez un peu votre sujet. Faites quelques recherches, assurez-vous que vous n’allez pas les confondre avec d’autres acteurs blancs comme Brad Pitt. »
Laissons le mot de la fin au journaliste : « C’est une fessée bien méritée ». C’est pas peu dire.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Sinon pour le HS, on a vu en cours de Psycho que c'était un effet normal, quand tu es habitué à un certain type de stimulus dès l'enfance (que ce soit pour les visages, ou les sons des différentes langues par exemple), c'est difficile de faire la différence au départ quand tu es confronté à un "nouveau type" de stimulus. Alors que quand on est très jeune on est capable de faire cette différence, en gros on va se "spécialiser" au fil du temps pour bien percevoir ce qui nous est exposé dans l'environnement. Perso, depuis quelques années je m'intéresse beaucoup à la culture asiatique, et coréenne en particulier, et au départ j'étais incapable de faire la différence entre deux personnes, maintenant je me dis "mais comment j'ai pu les confondre?"