Le meurtre de Michael Brown par un officier de police à Ferguson, dans le Missouri, en août, a été l’élément déclencheur d’une vague de protestations contre les violences policières racistes aux États-Unis. Il y eut d’abord Trayvon Martin en 2013 ; un an après, un autre jeune homme était abattu par les forces de police. Mais en dehors de ces cas « emblématiques » et très médiatisés, combien d’autres sont morts ?
Alors même que le pays s’émouvait du décès de Michael Brown, un autre Afro-Américain était tué lors d’une interpellation, à quelques kilomètres seulement de Ferguson : Kajieme Powell, 25 ans. (Lire ci-dessous).
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Le non-lieu prononcé à l’encontre de Darren Wilson, le policier qui a abattu Micheal Brown, a renforcé le sentiment d’impunité et d’irresponsabilité des forces de l’ordre, ce que les premiers rassemblements à Ferguson entendaient dénoncer. Ce verdict ne faisait que confirmer le ressenti de la population.
La semaine dernière, Jon Stewart et Trevor Noah, un comédien Sud-Africain, présentaient sur le Daily Show un sujet contre le racisme et les préjugés, en faisant notamment référence aux violences policières. Un sketch débordant d’ironie, en résonance parfaite avec les récents événements survenus dans le Missouri.
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Le défi de Samuel L. Jackson
Plus de quatre mois après le début des manifestations à Ferguson, la contestation anti-raciste s’est amplifiée, gagnant l’ensemble des États-Unis. Ce week-end, plusieurs marches étaient organisées, à San Francisco, New York, et Washington D.C., où les familles de Michael Brown et d’Eric Garner (mort d’étranglement lors de son interpellation en juillet) se sont jointes aux manifestants.
Quatre mois donc que les populations se mobilisent, un peu partout aux États-Unis, mais que les réactions politiques se font attendre. Non, ces meutres ne sont pas « des incidents isolés », et la communauté afro-américaine n’en peut plus d’être prise pour cible.
L’acteur américain Samuel L. Jackson a lancé un défi à ses confrères et consoeurs, à toutes les stars qui s’étaient si volontiers prêtées au jeu du Ice Bucket Challenge. Il avait déjà dénoncé le racisme ordinaire ancré dans la société américaine, lorsqu’un journaliste l’avait confondu avec Lawrence Fishburne. Cette fois-ci, il lance un message d’appel à l’action.
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https://youtu.be/lH9C1HKifAY
« À toutes les célébrités qui se sont versé de l’eau glacée sur la tête, voici l’occasion de faire quelque chose d’autre. Je vous mets tou•te•s au défi de chanter « We Ain’t Gonna Stop, Till People Are Free ». Allons-y :
« Je n’entends pas mon voisin pleurer, je ne peux pas respirer, maintenant j’ai rejoint le combat, et je ne peux pas le quitter, je dénonce les violences d’une police raciste, on ne s’arrêtera pas, tant que nous ne serons pas libres. On ne s’arrêtera pas, tant que nous ne serons pas libres. »
Allez. Chantez ! #SingItOut ».
Mise en ligne dimanche, la vidéo avoisine les 200 000 vues à l’heure où nous publions ces lignes. Le gratin hollywoodien répondra-t-il présent, comme il s’était spontanément adonné au Ice Bucket Challenge, en soutien à la recherche contre la maladie de Charcot ?
Le racisme touche bien plus de personnes, et mettre un terme aux violences policières racistes serait potentiellement bien plus facile et plus rapide à atteindre que la découverte d’un traitement d’une maladie génétique… Il faudrait pour cela que la mobilisation et l’implication des personnalités influente et de la classe politique américaine se concrétise.
La chanson de Samuel L. Jackson reste dans la tête, ses paroles sont simples et chargées de sens : tous les ingrédients pour devenir un succès viral. En espérant que son défi soit relevé par le maximum de célébrités.
En attendant, des YouTubers se prêtent déjà au jeu, comme par exemple Naomi King, artiste et musicienne, qui a posté sa propre reprise sur sa chaîne. Je ne m’en lasse pas.
On attend désormais les reprises de Chris Pratt, des Foo Fighters, et globalement de toutes les stars qui s’étaient renversé de l’eau glacée sur la tête cet été, au moment où, à Ferguson, un jeune homme perdait la vie. Au moment où sa famille, ses amis et toute la communauté manifestaient pour réclamer justice.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Pour le reste, si j'admet avoir été un peu fort en employant le terme "difficile", je pense que tous les combats, que ce soit le racisme, la maladie de Charcot, les meurtres féminicides ou autres méritent tous une sensibilisation égale. Après, je pense que comme pour le racisme, ça passe par une prise de conscience, toujours dans tous les combats. Combien de personnes ne reconnaissent pas le handicap, ou détournent le regard en voyant une de mes proches se déplaçant avec difficulté ? Combien de personnes prennent pour acquis la "pseudo-absence" de racisme, les droits féminins ? C'est en cela qu'abondait mon commentaire, mais puisque j'avais mal interprété l'article, cela n'a plus lieu d'être encore une fois
Pour le reste, je suis d'accord avec toi : la médiatisation et la campagne de sensibilisation va faire qu'un blanc va se dire "Bouh, le racisme, c'est pas bien, moi je ne suis pas raciste", mais ne va pas toucher le fond du problème.