En partenariat avec Bodega Films (notre Manifeste)
Je pleure souvent au cinéma. Ou même chez moi en matant Netflix d’ailleurs.
Je pleure devant les comédies romantiques, devant l’horreur (quand elle est maîtrisée), devant les films d’aventure et surtout devant les films de société.
Mais ne sois pas triste pour moi : J’ADORE ÇA ! Et devant Sami, une jeunesse en Laponie, je te garantis que j’ai versé une larme…
Sami, une jeunesse en Laponie, de quoi ça parle ?
Sami, une jeunesse en Laponie est le tout premier film d’Amanda Kernell, qui a capturé une histoire édifiante.
L’histoire d’Elle, une jeune fille de 14 ans d’origine Sami, un peuple autochtone réparti entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie.
Élève en internat, Elle doit faire face au racisme primaire des autres élèves, auxquels on a mis dans la tête que les Samis étaient « intellectuellement inférieurs ». L’héroïne est humiliée, sa culture moquée, ses racines dénigrées.
À tel point que la jeune fille veut à tout prix changer de vie.
Pour être libre de devenir qui elle souhaite être, Elle fait le choix de renoncer à son identité culturelle afin d’être enfin considérée comme une « vraie » Suédoise…
Sami, une jeunesse en Laponie, le portrait d’une nouvelle étoile
Le personnage d’Elle est porté par Lene Cecilia Sparrok, une actrice norvégienne Sami que je ne connaissais pas puisqu’elle tient ici son premier grand rôle au cinéma.
J’ai eu pour cette comédienne un coup de cœur absolu et immédiat car
elle semble à l’écran ne jamais jouer, ne faire que vivre.
Sincère et concernée, elle donne vie aux tourments de la jeune Elle. Elle devient Elle. Elle est Elle.
C’est si saisissant que ça en devient obsédant.
Je m’explique : pendant presque deux heures de film, je n’ai vu que Lene Cecilia Sparrok, au point de développer pour elle une quasi-amitié. J’entrais en empathie avec elle à chacun des moments contés par Amanda Kernell.
Parce qu’elle est VRAIE !
Probablement car le premier métier de Lene n’est pas de jouer la comédie mais d’élever des rennes. D’où peut-être cette sincérité qui crève l’écran, souvent propre aux acteurs et actrices qui débutent.
Malheureusement, Internet ne recèle pas encore d’informations sur cette jeune femme âgée de seulement 21 ans, puisqu’elle démarre dans le métier.
Je ne peux donc pas t’en dire plus.
Espérons qu’elle explose et soit plus présente dans le paysage audiovisuel, ces prochaines années !
Sami, une jeunesse en Laponie, un propos nécessaire
Sami, une jeunesse en Laponie, ça n’est pas qu’un beau casting et des paysages saisissants. C’est avant tout un propos, le récit d’un combat.
Le racisme primaire, j’y ai été confrontée plus jeune, sur les bancs de l’école.
Tu le sais chère lectrice, les enfants n’ont que peu de filtres et aiment à dire crûment ce qu’ils pensent…
Ainsi, à Levallois-Perret, dans une ville bourgeoise de droite, j’étais l’une des seules petites filles à ne pas être blanche. Ma couleur de peau mais aussi mon nez aquilin et mes yeux en amande interrogeaient mes camarades de classe.
Pendant des années, on m’a demandé pourquoi j’étais marron alors que ma mère était blanche, pourquoi ma peau était « sale », pourquoi mon nez ressemblait à celui d’une sorcière.
Pendant des années j’ai essuyé des railleries, rarement malintentionnées mais qui découlaient d’un profond manque de compréhension vis-à-vis de ma différence physique, ainsi que de ma culture, qui s’avère être double.
Alors même si je n’ai jamais été bousculée aussi fort qu’Elle dans le film délicat d’Amanda Kernell, j’ai compris très jeune que je n’aurais pas droit au même traitement que mes autres camarades.
De cette différence, j’ai fait une force. Je ne ressemble pas aux autres. Petite, on m’a emmenée au temple. Pas à l’Église. J’en suis fière, désormais.
Mais Sami, une jeunesse en Laponie explore un autre manière de vivre cette différence.
En effet, Elle est prête à s’asseoir sur ses origines pour s’intégrer dans un monde qui la rejette, la discrimine.
Le film soulève des questions identitaires indispensables et interroge le rapport de chacun à sa propre différence.
En faisant le jour sur l’ostracisation des Samis, la réalisatrice Amanda Kernell se fait la voix d’un cinéma engagé et humaniste.
Tu l’auras compris, je te conseille MILLE FOIS de foncer au cinéma dès le 14 novembre pour découvrir Sami, une jeunesse en Laponie, un film d’utilité publique qui aurait sa place dans les salles de cours !
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Les Commentaires
Ta remarque me rappelle le débat concernant le mot "race". Il a récemment été éliminé de la Constitution parce que les races n'existent pas, or, s'il y figurait, c'était justement pour dire qu'aucun citoyen ne devait être discriminé en fonction de cela. On parlait donc de race pour lutter contre le racisme.
Je ne dis pas que c'est le cas mais de la même manière, ici, on peut considérer que justement le fait de parler de Laponie dans le titre introduit l'histoire dont on va parler. Ce n'est peut-être pas aussi irréfléchi que cela.