Mise à jour, le 23 septembre à 18h20 —
Ça y est, la 3ème vidéo de Sam Pepper a été mise en ligne. Bonne nouvelle : aucun être humain n’a été humilié pendant le tournage ce troisième volet.
Mauvaise nouvelle : cette vidéo ne contient pas d’excuses, et entretient la confusion autour du terme « féminisme ». Explications.
La troisième et dernière partie de Fake Hand Ass Pinch Prank est intitulée « THE REVEAL ». Sam y explique sa démarche, face caméra. On ne vous donne pas de lien, inutile de lui faire de la publicité.
Il commence par préciser que les personnes se faisant pincer le boule dans ses vidéos sont des acteurs et actrices consentant-e-s, qui ont donné leur accord pour l’aider dans son projet. Il explique qu’il s’attendait au tollé suivant la première vidéo, et qu’il en est content, car ces réactions très vives prouvent que le harcèlement de rue n’est plus vu comme une banalité et qu’il est hors de question de fermer les yeux sur les agressions que subissent les femmes au quotidien.
Que pincer les fesses des femmes dans la rue n’est pas acceptable, « cela va sans dire », insiste-t-il.
Le youtubeur raconte ensuite l’histoire d’un de ses amis, victime de violences conjugales perpétrées par sa compagne, qui le maltraitait physiquement et psychologiquement. Cet ami n’osait pas en parler, car même la police l’avait considéré « par défaut » comme l’agresseur, et non comme la victime, du fait de son genre. Sam Pepper explique ensuite qu’il lui arrive de se faire pincer les fesses lors de rencontres avec ses fans, et que personne ne semble le prendre au sérieux lorsqu’il exprime son malaise face à ces attouchements.
Il dit avoir réfléchi à une façon d’attirer l’attention du grand public sur les souffrances masculines. C’est pourquoi il a réalisé ces deux vidéos et constaté que la colère entourant la première, dans laquelle des femmes se font agresser, était bien plus forte que celle entourant la deuxième, où les rôles sont inversés.
Sam Pepper conclut en appelant tout le monde à respecter et dénoncer les violences, peu importe le genre de la victime, et affirme que si le féminisme est important, l’« unité » l’est à son sens davantage.
Sam Pepper, Acte III
Partons du principe que tout ceci était véritablement une mise en scène, et pas une tentative maladroite de clore la polémique. On est comme ça, nous avons la foi en l’humanité généreuse, accordons-lui le bénéfice du doute.
Le problème avec l’inversion des rôles
Sam a néanmoins tort sur plusieurs points.
Pour commencer, il commet la même erreur que Guillaume Pley, qui avait posté sa vidéo accompagné du statut « vous aussi, essayez ! » [de choper une fille en 3 questions dans la rue].
Sa première vidéo n’est accompagnée d’aucune sorte d’avertissement qui exprimerait clairement que ces comportements ne sont pas à reproduire, et non, Sam, ça ne va pas sans dire dans une société où, comme je le soulignais ce matin, ces comportements sont extrêmement courants.
Quelqu’un qui s’amusait à attraper des filles au lasso dans la rue il n’y a pas si longtemps ne peut pas se prévaloir d’un « cela va sans dire » que ces situations sont condamnables…
Deuxièmement, Sam pointe que les réactions à sa deuxième vidéo étaient moins virulentes que sur la première, lorsque les femmes étaient victimes et les hommes étaient les agresseurs.
D’une part, comme nous l’expliquions ce matin, ces situations ne sont pas comparables : dans la vraie vie, on ne peut pas inverser les rôles, nous vivons dans une société au sein de laquelle les rôles sont hiérarchisés, qui place les hommes dans une position de privilège — on n’a jamais dit que cette position était confortable, ni même préférable (c’est d’ailleurs pourquoi le féminisme ne vise pas à inverser le rapport de force, mais bien à le détruire complètement : l’ennemi, ce ne sont pas les hommes, c’est le patriarcat).
De plus, comparer les violences conjugales au harcèlement de rue n’a pas de sens : les hommes aussi souffrent de violences conjugales, personne ne le nie ! On en entend moins parler, certes ; c’est aussi parce que statistiquement, les victimes masculines sont beaucoup moins nombreuses. Par contre, les hommes ne souffrent pas de harcèlement de rue.
Le système qui amène les policiers à nier la souffrance de ton ami, ce n’est pas le féminisme, c’est encore et toujours le patriarcat. Quel système définit les hommes comme des individus virils, nécessairement puissants et dominants, capables de « mater ces gonzesses » en toutes circonstances ? Quel système associe l’émotivité, la faiblesse, le besoin d’aide au genre féminin par défaut ? C’est le patriarcat.
Le féminisme n’est donc ni la cause des souffrances de ton ami, ni son ennemi. La cause de ses souffrances, c’est sa femme. Le système qui l’oppresse dans sa situation, c’est le patriarcat.
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D’autre part, et soit dit en passant, ta deuxième vidéo a été massivement signalée et censurée par YouTube, encore plus rapidement que la première. J’ai surveillé tes mentions sur Twitter, et l’écrasante majorité des gens te critiquaient sur la base de « il remet ça », sans distinction de genres. Je suis donc surprise d’entendre que tu considères que ta seconde vidéo a recueilli « moins d’indignation » !
Coïncidence : ton « expérimentation » intervient au lendemain du discours d’Emma Watson aux Nations Unies, pour le lancement d’une campagne en faveur de l’égalité. Un discours dans lequel elle s’adresse précisément aux hommes pour leur dire que « l’égalité est aussi votre problème ».
Pour dire que « les hommes aussi souffrent des stéréotypes de genre ». Pour dire que « les hommes non plus n’ont pas, aujourd’hui, les bénéfices que l’égalité apportera ».
Des contacts physiques non désirés
Quand des fans te touchent de façon inappropriée, non désirée, sans entendre tes protestations, ce n’est pas parce que tu es un homme, mais parce que tu es connu — ce qui ne change rien à la pénibilité de ces contacts, bien entendu.
Mais sache qu’il a fallu que tu accèdes à la notoriété pour pouvoir connaître la sensation profondément désagréable et humiliante procurée par les contacts physiques indésirables, perpétrés par des individus sans considération pour ton consentement. Moi, je connais ce sentiment depuis des années : il suffit d’être une femme, seule, dans la rue ou un quelconque espace public pour en faire l’expérience.
Imagine un peu la double peine lorsqu’on est une femme, et qu’on a une certaine notoriété ! Laci Green a dû faire en son temps toute une vidéo pour demander à ses fans d’arrêter de commenter ses seins en permanence… Combien de tes fans commentent exclusivement ton corps ou ton apparence physique sous tes vidéos ?
Dire cela n’enlève rien à la gêne que tu ressens lorsque tu subis des contacts physiques indésirés, bien entendu. On ne hiérarchise pas la souffrance, le malaise et la gêne, cela relève de l’intime. Mais tu ne peux pas situer la cause de ces contacts sur le même plan que le harcèlement de rue : dans ton cas, il s’agit d’un effet collatéral de la notoriété, dans l’autre, il s’agit d’une pratique courante rendue légitime par un système dans lequel le corps de la femme ne lui appartient pas tout à fait. J’en veux pour preuve le nombre de lois qui tentent de régir le corps féminin aux États-Unis : il n’en existe aucune relative au corps masculin.
En résumé, il est légitime de vouloir dénoncer la situation inadmissible que vit ton ami, mais tu t’es mis le doigt dans l’oeil jusqu’au coude en voulant comparer violences conjugales et harcèlement de rue, et en estimant que le féminisme ne prend pas en compte les souffrances masculines. Dommage.
Un dernier mot, Sam. Nous avons écrit cette mise à jour en partant du principe que ta grande « révélation » était de bonne foi. Mais pour être tout à fait honnête, nous avions jeté un oeil à d’autres de tes vidéos, et le doute est permis.
Tu utilises ta notoriété pour traiter de « pute d’Instagram » une fille qui refuse de donner son numéro de téléphone à un parfait inconnu (qui fait ça ? Sérieusement, « bonjour ! Je peux avoir ton numéro s’il te plait ? », perso je ne le donnerais même pas à Ryan Gosling) mais se ravise lorsqu’elle apprend que tu n’es pas un parfait inconnu, mais une star d’Internet.
Tu as toi-même souvent recours aux contacts physiques non sollicités pour réaliser tes canulars.
Et comme le souligne Laci Green, ce n’est vraiment pas la première fois que tu t’adonnes à des pratiques condamnables pour ton propre divertissement :
« J’ai du mal à croire que sans le tollé que la première vidéo a produite, nous aurions eu le droit à la « grande révélation ». Je suis ravie d’apprendre que le harcèlement sexuel est pris au sérieux. Espérons qu’on ne mettra plus en scène des agressions à l’avenir. PS : Sam Pepper a fait PLUSIEURS vidéos dans lesquelles il agresse des femmes ces dernières années, donc cette vidéo n’est pas le seul problème. Okmercibisousalut. PPS: Depuis que j’ai publié ma lettre ouverte, j’ai reçu plusieurs emails apeurés, de femmes ayant été agressées par Sam Pepper lors de conférences. »
Mise à jour, le 23 septembre à 11h10 –
Depuis notre dernière mise à jour, Sam Pepper a mis en ligne une nouvelle vidéo, intitulée Fake Hand Ass Pinch Prank (Part 2 of 3).
Ne cherchez pas à cliquer, elle n’est déjà plus en ligne.
Dans ce deuxième opus, Sam inverse les rôles : c’est une comédienne qui revêt le sweat-shirt piégé, et qui s’en va pincer les fesses de jeunes hommes.
De toute évidence, Sam n’a rien compris. Inverser les rôles ne permet pas de rendre sa première vidéo plus drôle, plus acceptable, moins choquante, non. Il démontre simplement qu’il n’a rien compris au message envoyé par la communauté YouTube, sous la plume de Laci Green.
On ne peut pas « inverser les rôles » pour ré-équilibrer le problème, mon cher Sam, parce que dans la vraie vie, on ne peut pas inverser les rôles. D’ailleurs, cette deuxième vidéo a été très rapidement signalée, et n’est déjà plus en ligne. On se félicite de la réactivité de YouTube sur ce coup !
Les réactions des hommes piégés étaient intéressantes, en cela qu’elles étaient radicalement différentes de celles des filles. Dans cette vidéo, les hommes réagissaient principalement par la surprise, par la gêne. Il s’agit indéniablement d’une invasion de leur espace, et pour être honnête, je déteste toutes les caméras cachées qui impliquent un contact physique non désiré.
Mais l’effet n’est pas le même selon que la personne soit habituée ou non à subir des intrusions dans son espace et des contacts physiques non désirés ; on le voyait bien dans le contraste entre les réactions des filles et celles des garçons.
Sam Pepper aurait dû commencer cette vidéo par une annonce présentant ses excuses pour ce premier canular, expliquant qu’en tant qu’homme, il n’avait pas conscience de la réalité du harcèlement de rue puisqu’il ne l’a jamais subi. Il n’y avait rien d’inhabituel, donc rien de surprenant (ni d’amusant) à reproduire une situation que les femmes vivent régulièrement dans la rue sans mise en scène.
C’est pourquoi il allait demander à une complice de faire le canular avec des victimes masculines ; ça ne m’aurait pas davantage fait rire, j’aurais toujours trouvé que c’était une intrusion vraiment pas nécessaire dans l’espace vital des gens, mais ça s’arrêtait là.
Or, en réalisant cette deuxième vidéo sans message d’excuse en introduction, Sam Pepper nous répond en l’essence que c’est nous qui nous emballons trop vite, puisque son canular comporte trois parties, et la deuxième est exactement le contraire de la première ! Eh non, Sam, pas du tout. Tu n’as rien compris au fond du problème.
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Les hommes souffrent aussi du sexisme, mais il n’est pas « inversé ». On ne peut pas « inverser » les situations. Le sexisme touche tout le monde, mais pas de la même façon : il est donc absurde d’inverser une situation comme si les mêmes choses affectaient les femmes et les hommes.
Grâce à l’implication des Youtubeurs signataires de la lettre ouverte de Laci Green, et de leurs abonnés qui ont signalé en masse les deux premières vidéos, elles ont été rapidement retirées.
Nous attendons désormais le troisième et dernier volet de la trilogie Fake Hand Ass Pinch Prank. Mais à moins qu’il ne s’agisse d’excuses, je serai personnellement déçue.
Mise à jour, le 22 septembre à 17h13 –
Il semblerait que les nombreuses signalisations de la vidéo ait fonctionné : Youtube a en effet supprimé la vidéo de Sam Pepper de sa plateforme, et en voici une bien belle preuve…
Le 22 septembre 2014 à 12h30 –
Sam Pepper est un jeune homme anglais de 25 ans, qui fut candidat de la saison 11 de Big Brother UK, l’équivalent anglais de notre Secret Story. À l’époque déjà, il aimait bien faire des vannes à ses colocataires – il est connu notamment pour avoir mis du chili dans le dentifrice, sacré blagueur.
La vie post-télé-réalité n’est facile pour personne, surtout quand on est dénué d’un talent quelconque, comme c’est le cas pour Sam. Comment utiliser cette notoriété nouvelle ? De son côté, Sam a trouvé, pour le plus grand bien de l’humanité.
Sur Youtube, Sam s’est reconverti dans ce qu’il fait le mieux : les canulars. Il fait régulièrement de vrais cartons avec ses vidéos « humoristiques », qui dépassent largement le million de vues – mais pas forcément le niveau des pâquerettes.
En temps normal, son « travail » récolte plus de pouces verts que de pouces rouges, mais sa dernière « blague » change bel et bien la donne.
Car ce week-end, Sam a mis en ligne Fake Hand Ass Pinch Prank (qu’on traduira par « le canular de la fausse main qui pince des culs ») une vidéo dans laquelle il pince les fesses de femmes et de filles avec sa main cachée sous son pull en faisant mine de leur demander un renseignement.
Évidemment, elles ne se doutent de rien. Le but de sa vanne ? Faire des vues. Comment ? En touchant le corps de femmes et de filles sans une seule fois leur demander la permission.
On préfère ne pas intégrer la vidéo à l’article. Tu la trouveras en suivant ce lien.
La vidéo a même déçu parmi ses fans, comme on peut le voir sur sa page Facebook inondée de commentaires négatifs (pour être honnête, on y lit aussi des louanges de l’humour de Sam).
« Je suis désolé. Je ne peux pas fermer les yeux sur tes actions comme personnalité publique. Toucher une fille sans son accord, même sous la forme d’un canular, est inapproprié […]. J’ai depuis unliké ta page. S’il te plaît, considère tes actions à l’avenir. Il y a beaucoup de Youtubers qui écrivent à ce sujet et ils ne sont pas ravis de ton historique sur Youtube. […] »
Ce n’est même pas un coup d’essai profondément sexiste : il y a trois mois, il attrapait des filles au lasso dans la rue, en clamant « elle est à moi maintenant » tandis qu’elles se débattaient. Il accepte même de libérer l’une d’entre elles si elle l’embrasse. T’as envie de tout péter ? J’ai envie de tout péter.
Dans la vidéo de Fake Hand Pinch Ass Prank, les cinq filles qu’on voit réagissent de manière très calme. Loin de moi l’idée de juger la réaction des filles qui se font pincer les fesses qui semblent lui pardonner (ou du moins, acceptent son « câlin » sans en profiter pour mettre leur genou dans ses testicules). Mais je sens déjà venir l’argument du « non mais celles qu’on voit dans la vidéo se marre alors c’est que c’est pas si grave ».
Bah si, c’est grave. C’est grave, parce que c’est une agression. En touchant le corps de femmes sans leur demander leur permission, Sam considère que le corps des femmes est en libre-service. En faisant passer ça pour un canular, il participe à la banalisation des agressions de ce type.
Ok, elles sourient, mais elles sont gênées, et à juste titre : qui ne le serait pas, en se faisant toucher par un inconnu dans la rue ? Un inconnu qui, en plus, rigole en accusant d’autres passants d’être à l’origine de l’attouchement, avant de s’esclaffer et de montrer que c’était lui depuis le début.
Le fait que cette vidéo reçoive autant de commentaires négatifs, sur la page Facebook de Sam, sur Youtube, dans les médias, soulage un peu : ça fait d’autres voix qui s’élèvent contre ce type de vidéos et qui participent à faire ouvrir les yeux de l’opinion publique sur le fait qu’il s’agit d’agressions.
Parce que ce Sam a des fans, que ces fans vont se dire qu’au fond, eux aussi ont le droit d’agir de la sorte, d’embarrasser et de faire flipper les filles dans la rue pour rigoler ou pour faire des vues sur Youtube.
Parce qu’en plus du harcèlement de rue dont on est victime pour la simple raison qu’on est de sexe féminin, en plus des insultes basées sur notre genre, en plus des troudbals qui se permettent de donner leur avis sur nos corps, dans la vie ou sur Internet, alors qu’on ne leur a rien demandé, en plus de la peur, parfois, en plus des agressions, partout dans le monde, il faudrait qu’on supporte l’idée que des inconnu-e-s se trouvent très malins à nous faire flipper et s’approprient notre corps dans la rue pour faire des vues sur Internet ? L’idée me file la nausée.
Laci Green a d’ailleurs posté une lettre ouverte sur son Tumblr à destination de Sam. Une réponse parfaite et respectueuse, co-signée par de nombreux Youtubers et Youtubeuses (la liste est à trouver à la fin de son post). En voici la traduction :
« Salut Sam !
Merci de prendre le temps pour lire cette lettre. En tant que collègues de Youtube, nous avons beaucoup de respect pour ceux qui mettent tant de travail à construire leur chaîne. Ce n’est pas facile, et tu dois être fier ! Ceci étant dit, nous avons realisé que dans ton succès, il y a un manque de respect en retour… Principalement pour les femmes et les filles.
Tu as peut-être réalisé que ta dernière vidéo, Fake Hand Ass Pinch Prank a reçu une attention considérablement négative. Dans cette vidéo, tu agresses sexuellement de nombreuses femmes qui ne se doutent de rien dans la rue. Beaucoup d’entre elles sont visiblement désorientées et bouleversées d’être touchées par toi sans leur permission. Une femme dit même « Je n’aime pas ça ! » pendant que tu ris et la touches encore plus. Dans Comment embrasser des inconnues, faite il y a un an, tu mets la pression à des femmes devant la caméra pour qu’elles t’embrassent – là encore, beaucoup d’entre elles ne sont pas à l’aise avec ça. Embarrassées et prises au dépourvu, elles suivent dans la douleur tes instructions, clairement mal à l’aise. Dans Comment attraper des filles avec un lasso, tu retiens physiquement des femmes dans la rue à l’aide d’un lasso – beaucoup d’entre elles semblent effrayées d’être retenues par un étranger.
Tu serais effrayé aussi, non ? Imagine que quelqu’un dans la rue s’approche et frotte ses mains sur tes fesses, ou qu’une fille s’avance vers toi avec une caméra et force le chemin de sa bouche sur la tienne pendant que tu essaies de comprendre ce qui est en train de se passer. Imagine que tu marches seul dans la rue, quand un homme plus grand que toi te retient physiquement avec une corde et te tire vers lui. Tu n’aimerais probablement pas ça, n’est-ce pas ?
Les gens n’aiment pas être violés et ils n’aiment pas voir leurs amis et petites amies violé-e-s non plus (comme le prouve le groupe d’hommes qui essaient de te taper dans la vidéo du lasso). Et pourtant, l’histoire suggère que tu trouves peut-être ça drôle. C’est vraiment dérangeant de savoir qu’on vit dans un monde où la violation du corps des femmes et des filles et non seulement drôle, mais permet de faire du profit, et de recueillir de la célébrité et des vues sur Youtube.
Nous sommes profondément dérangées par cette tendance et nous voudrions te demander, d’un créateur à un autre, s’il te plaît, arrête. S’il te plaît arrête d’agresser des femmes et de les faire se sentir mal à l’aise dans la rue contre des vues. S’il te plaît, arrête de les retenir physiquement et de leur mettre la pression pour qu’elles soient sexuelles lorsqu’elles sont embarrassées. S’il te plaît montre un peu de respect pour les droits qu’ont les femmes sur leur propre corps. Alors que ça semble être de l’amusement inoffensif, un simple canular ou une « expérience sociale », ces vidéos encouragent des millions de jeunes hommes et femmes à considérer cette violation comme une façon normal d’interagir avec les femmes. 1 jeune femme sur 6 (des femmes de la vraie vie, comme celles qu’on voit dans ta vidéo) sont agressées sexuellement et, tristement, des vidéos comme celles-ci ne vont que faire augmenter ces chiffres.
Nous sommes conscients que les gens font des erreurs, et qu’il est parfois difficile de prendre conscience des effets secondaires de nos actions. Nous espérons vraiment que tu feras un pas en arrière et que tu prendras en considération le pouvoir que tu as d’être quelqu’un qui fait du monde un monde meilleur. Il n’est pas trop tard pour changer ! Nous t’invitons à nous rejoindre pour arrêter la généralisation des violations corporelles qui ont lieu dans tellement de formes diverses partout dans le monde.
Merci beaucoup. »
La lettre de Laci Green et des youtubers est parfaite et pleine de respect, de pédagogie. Elle est pour le coup beaucoup plus mature que ce que j’ai envie de hurler au Guillaume Pley anglophone, qui consiste à lui postillonner à la tronche un truc comme « Arrête de saper le travail de ceux qui sensibilisent à la culture du viol, touche-toi le fion tout seul, Sam, et prends un peu en maturité ».
Mais doit-on pour autant s’inquiéter des conséquences de ce shitstorm sur l’avenir de Sam Pepper ? Bah écoute, je pense pas : les agressions de Guillaume Pley sur Youtube ont même été récompensées grâce à une promotion, puisqu’il co-présentera Rising Star dès cette semaine sur M6. Je serais même pas surprise que quelqu’un propose X Factor et un gros salaire à Sam Pepper d’ici quelques semaines. Le monde va bien.
Pour signaler la vidéo de Sam Pepper si tu en as envie comme de nombreux internautes et comme beaucoup de ses fans, la démarche est simple : clique sur « ••• Plus », puis signaler, définis la nature du problème (j’ai personnellement choisi « Contenu violent ou sanglant » puis « Agression physique »), explique en quelques lignes l’agression qui est faite et valide :
C’est, pour ce cas de figure, la seule chose qu’on peut faire.
Pour l’instant, Sam n’a pas encore réagi. Espérons qu’il finira par entendre raison.
À lire aussi : Je veux comprendre… la culture du viol
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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