Il peut être difficile d’aller porter plainte, pour une victime de viol, et ce pour de nombreuses raisons. Parce qu’on connait son violeur, parce qu’on se sent coupable, parce qu’on nous fait nous sentir coupable, parce qu’on est dans le déni… ou parce qu’on a peur, peur de la réaction des autres, parce qu’on craint de ne pas être pris•e au sérieux, notamment par la police.
À l’occasion de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, l’association féministe Les Dé-chaînées lançait une enquête sur l’accueil des victimes de viol et d’agression sexuelle par les services de police.
On n’accuse pas ici tou•te•s les officièr•e•s de police d’avoir des comportements inadéquats vis-à-vis des victimes de viol, mais il ne faut pas non plus nier que ce problème existe.
Un exemple récent nous vient d’ailleurs de Hongrie, où la police du comté de Baránya a publié une vidéo, réalisée dans le cadre d’une opération de sensibilisation contre les agressions sexuelles :
« On y voit essentiellement trois jeunes filles se préparer à sortir en boîte, s’habiller sexy, boire beaucoup, s’amuser, aguicher, emballer des mecs… Jusqu’à la sortie de boîte, où l’une d’entre elles croise le chemin d’un individu à capuche, adossé au mur en briques d’une allée sombre (qui a dit « cliché » ?).
Le slogan ? « Vous pouvez éviter ça ». Difficile de croire qu’il s’adresse aux auteurs des agressions, étant donné que la vidéo est intégralement focalisée sur les tenues et les attitudes des trois filles. Alors non, pour celles et ceux qui auraient encore des doutes : je pourrais bien vivre en jogging baggy que je serais toujours susceptible d’être victime de viol. Le problème, c’est l’impunité des agresseurs, pas le comportement des femmes dans l’espace public. »
Salut Les Geeks tacle le « victim blaming »
Dans sa dernière vidéo, Mathieu Sommet s’empare de la vidéo hongroise, qui méritait bien qu’on s’y attarde. Il déconstruit la logique de culpabilisation des victimes à l’acide, et c’est très efficace.
Je suis atterrée par « les explications » de la police hongroise, mais ce qui me perturbe davantage, c’est de réaliser que cet « argumentaire » est encore pris sérieusement, qu’il y a encore énormément de gens, dont des officiels, parmi LA POLICE, pour penser et affirmer que la façon dont une fille s’habille et se comporte peut être une incitation au viol.
Ce n’est JAMAIS le cas. Comme le souligne très bien Mathieu, personne n’accuse les enfants victimes de pédophiles de « le chercher » un peu quand même, à parler à des inconnus, à faire des sourires et des bisous sur demande, ces petits aguicheurs… Alors pourquoi ce qu’on appelle le « victim blaming », c’est à dire la culpabilisation des victimes, est aussi courante quand il s’agit du viol d’une jeune femme ?
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Merci à Salut Les Geeks pour cette vidéo extrêmement rafraîchissante. Merci à lui d’insister sur ce point essentiel : ce n’est JAMAIS la faute de la victime.
Quand on voit le nombre de Youtubeurs qui tombent dans le panneau de la culture du viol, on réalise que ce qui devrait être une évidence est loin d’en être une pour tout le monde… Merci donc à Mathieu Sommet de souligner l’évidence, avec efficacité, et non sans humour. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il monte au créneau sur le sujet.
Comme quoi, on peut encore faire de l’humour sur Internet, et même sur le viol, sans blesser les victimes. À bon entendeur.
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Les Commentaires
Je suis fan de SLG, et j'ai beaucoup apprécié qu' il parle de cette manière de ce sujet!! Ca fait toujours plaisir de voir un homme engagé sur ce sujet, capable de montrer à son public qu' on peut être geek, de sexe masculin ET féministe! (Et accessoirement, genial8))