Ce midi, alors que j’étais en train de manger mes pâtes avec le coup de fourchette de l’ogre, Something New nous a envoyé le lien d’un billet de Dom B sur Le Plus – Nouvel Obs. Ce post critiquait avec humour et virulence Le Salon national de la femme qui aura lieu à Marseille du 13 au 15 avril prochain (un rendez-vous à ne pas forcément noter dans son agenda).
J’ai lu le billet avec attention. J’ai fait des recherches sur l’évènement en question. J’ai ri jaune, j’ai toussé, j’ai manqué m’étouffer avec mes spaghettis et j’ai bien cru MOURIR : la douleur a commencé dans mon cerveau, puis a atteint mes yeux, est descendue le long de mes mains et de mes pieds pour venir se lover dans mes ovaires. Je vais vous essayer de rester calme pour vous expliquer l’agacement qui a failli m’être fatal.
L’affiche :
L’affiche du Salon national de la femme nous montre une jeune femme d’une toute petite trentaine d’année. Élégante, elle porte des sacs de shopping au niveau du coude et tient un téléphone moderne dans sa main. Les genoux légèrement pliés, les poings serrés, la tête levée vers le ciel, elle semble crier dans un mélange d’extase et d’hystérie. Est-ce l’idée de la femme moderne que se font les organisateurs ? Pourquoi avoir fait le choix de mettre en avant une image de femme habitée par la fièvre acheteuse, et criant de joie pour une raison X ou Y ? Doit-on faire le rapprochement entre ces deux critères ? Doit-on penser que si cette femme est aussi survoltée parce que c’est les soldes, ou parce qu’elle a enfin trouvé les chaussures de ses rêves ?
Je n’ose y croire.
J’ai déjà du mal avec l’idée du symbole pictural féminin qui me donne la désagréable impression de mettre tout le monde dans le même panier, alors je ne vous raconte pas comme j’abhorre l’idée d’illustrer un salon destiné aux femmes avec une photo qui rassemble deux des clichés les plus primaires sur les femmes.
Le programme
Penchons-nous maintenant sur le programme du Salon national de la femme. Il y aura avant tout des conférences. Ainsi, les visiteuses intéressées par le salon pourront :
- Apprendre à « positionner leur féminité dans le temps » (double incompréhension : 1) quel est le fuck ? et 2) pour quoi faire ?),
- Réfléchir sur leur « passé émotionnel »,
- Découvrir une nouvelle méthode amincissante : l’immuniminceur,
- Écouter les « secrets de santé » de Marion Kaplan qui expliquera à ses auditrices comment « prévenir, guérir, rajeunir ! »
Sur les trois jours de salon, huit thèmes principaux seront mis en avant :
- Intimité (duku duku duku, donc),
- Mode,
- Beauté,
- Maison,
- Bien-être,
- Vie active,
- Sorties et loisirs,
- D’ici et d’ailleurs.
Allô radio clichéééé.
Je me demande s’ils penseront à distribuer des boissons pétillantes roses et sans sucre et des tampons hygiéniques en forme de coeur à la sortie.
L’idée d’un salon pour LA femme
Ce n’est certainement pas parce que nous partageons quelques similitudes techniques dans le tanga que nous sommes une seule et même personne, n’est-ce pas ? Intituler l’évènement le Salon « pour la femme », c’est comme nous dire « de toute manière vous êtes toutes les mêmes, on va pas s’embêter à vous distinguer et à faire des ronds de jambe pour vous faire plaisir ».
Comme on peut le lire sur la page d’accueil, ce salon, a été conçu « pour les femmes, toutes les femmes… C’est un salon pour toutes celles qui jonglent entre boulot, biberons, smartphones, copines et mascara, mais aussi pour les femmes romantiques, intellectuelles, business, sportives […] »
Je ne sais pas pour vous, mais malgré son voeu de s’adresser à toutes les femmes de toutes sortes et de tout poil, ce salon national ne passera pas par moi. Et vous ?
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Les Commentaires
C'est pas entièrement hors sujet. Ceux qui gagnent de quoi vivre et de quoi se faire plaisir et de quoi faire des dons (j'en fais partie) sont privilégiés par rapport à de nombreuses personnes de ce monde.
Ton exemple était basé sur le postulat que tous les individus bénéficiaient de ce privilège. Je trouve que c'est intéressant de le souligner dans le cadre d'une discussion sur les injustices sociales. Le problème de répartition des richesses est d'autant plus saillant pour les personnes le moins capable d'agir dessus, c'est un paradoxe.
Les violences faites aux femmes et le sexisme sont également une injustice sociale. C'est important de se méfier des privilèges qui nous font aborder ces problèmes avec des oeillères.
Edit: J'ajouterai qu'effectivement, pour une personne qui a de la thune, c'est plus facile de donner une partie de son argent que de faire changer les mentalités sur le patriarcat.
Mais une certaine portion de la population seulement peut faire des dons. Contre le sexisme, certaines parties de la population peuvent agir également de façon concrète (les professeurs pourraient apprendre aux ados ce que c'est que le consentement par exemple lorsqu'ils parlent de sexualité, les metteurs en scènes pourraient engager plus de rôles féminins; ce sont des exemples, idéalistes certes, mais pas davantage que de penser que les donations luttent contre les problèmes de répartition des richesses.)