Publié le 9 avril 2015
Exit les plaids et les tasses de thé, bonjour les balades, les découvertes et les projets à foison ! Pour t’aider à te motiver en ce dimanche, suis le guide !
J’ai toujours été nulle en sport. Pourtant, toute mon enfance, je me suis acharnée à vouloir en faire, sous l’impulsion de mes parents et de ma motivation.
Je cherchais le sport qui me ferait bander du cerveau, qui me donnerait super envie de voir le mercredi arriver. À chaque nouvelle année scolaire, j’en commençais un en m’attendant à avoir trouvé mon truc et à devenir la meilleure dans mon domaine. Je m’imaginais aller aux Jeux Olympiques, ou à Roland Garros.
Le sport et moi : de la haine en barre
La première fois que j’ai testé un sport, je m’imaginais que ça se passerait extrêmement bien, que les gens me regarderaient faire et qu’ils diraient « cette fille a un don pour cette discipline » en chuchotant avec des larmes dans les yeux et dans la voix.
Bon : c’est pas trop arrivé. Les gens avaient plutôt tendance à sentir le frisson de la honte parcourir leur dos en me voyant ne pas réussir à faire la moindre roulade. Du coup, je me suis dégoûtée du sport.
Au collège et au lycée, c’était encore pire : je n’en faisais que dans le cadre des cours et ils étaient imposés. C’était toujours des trucs que je détestais tellement que j’en avais la nausée de stress chaque fois que c’était le jour de l’EPS.
Comment je m’imaginais dix ans après après avoir joué au foot de cinq minutes dans la cour de récré.
Alors j’ai abandonné l’idée de trouver mon sport. Puis j’ai fumé. Beaucoup, et pendant longtemps. Avec mon terrain asthmatique qui n’arrangeait pas les choses, je ne pouvais pas courir cent mètres sans avoir la respiration comme des lames de couteau dans ma trachée et mes poumons.
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Avec le peu d’argent qu’il me restait à la fin du mois à cause de mon addiction, je ne pouvais pas m’inscrire à un sport un tout petit peu onéreux (les cours d’autodéfense qui me tentaient n’étaient donc pas à la portée de ma bourse) (ou alors je m’y suis pris comme un désodorisant en spray lobotomisé pour chercher, je sais pas).
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Trouver « son » sport
Il y a un an, alors que je fumais encore, je me suis inscrite à la gym suédoise, pleine d’espoir. J’étais persuadée que ça me plairait, parce que ça avait l’air de tout muscler et de faire suer sans être trop trop remuant. Problème : je me suis fait mon avis sur le sport en regardant des vidéos.
Je voyais les gens à peine essoufflés, tout à fait à l’aise dans leurs mouvements. J’avais oublié un truc plutôt important : ces gens-là sont habitués à faire du sport. À faire CE sport. Il est donc tout à fait normal qu’ils restent frais comme la rosée du matin (une rosée fraîche, mais sèche, donc) (suis un peu, s’il te plaît).
Il y avait bien la possibilité de tester gratuitement le sport pendant une séance complète avant de payer et de s’inscrire, mais j’ai pris la confiance : je me suis dit que si ça avait l’air simple en vidéos, je m’en sortirais sans problème — en mode « Nan mais c’est vrai quoi, oh, j’suis pas la moitié d’un con ».
Je ne suis effectivement pas la moitié d’un con (du moins je l’espère), mais ce sport n’était pas fait pour moi. La gym suédoise est légèrement chorégraphiée : suffisamment pour que mon manque de coordination et moi, on soit tout à fait paumés.
Si tu me demandes de bouger une jambe et un bras en même temps, tu me perds, direct. La Macarena, je la fais sans les pieds, je suis une punk. Il m’a donc suffi d’une séance pour comprendre que ça ne me plaisait pas, et que ça ne correspondait pas à mes capacités.
Si je te raconte ça, c’est tout simplement pour expliquer un truc tout bête : si j’avais un peu moins sauté les étapes, j’aurais économisé 90€ d’abonnement pour trois mois. Parce que la gym suédoise, j’y suis allée deux fois.
Tous les sports, même au niveau débutant, ne conviennent pas à tout le monde : certains aiment le grand air, d’autres préfèrent l’activité en salle, certains préfèrent les trucs chorégraphiés, d’autres l’effort pur, certains les sports collectifs, d’autres de combat, d’autres en solo, certains avec de la musique d’autres pas, certains préfèrent manger leurs muqueuses nasales d’autres la saleté sous leurs ongles ah mais rien à voir…
C’est pourquoi il vaut mieux profiter du premier cours gratuit pour se faire une opinion.
Oh hihihi, arrêtez de me filmer quand je suis au sport, dites (non en vrai, ceci n’est pas moi) (je sais pas faire comme la dame) (laissez-moi)
La plupart des salles de sport proposent ce service de premier cours gratuit, et j’en ai profité récemment avant de prendre la décision de m’inscrire.
Ça m’a permis de voir si l’ambiance me convenait, si je m’y sentais à peu près à l’aise, si le matériel fonctionnait pas trop mal avant de filer mon RIB.
Ne pas se comparer
Chercher l’inspiration, ok, se comparer, non. C’est la base. Je dis ça parce que chaque fois que je vais à la salle de sport, si je m’amuse à regarder autour de moi, je suis sûre de voir des gens drôlement musclés, avec des fesses qui peuvent crever des yeux… Et que ça peut me faire complexer et me démotiver.
Un jour, j’étais tranquillement en train de m’essuyer la raie après ma douche dans les vestiaires en sous-sol et j’ai entendu un gros boum, un bruit énorme. J’ai un peu eu peur, pensant qu’un truc s’était cassé, avant de réaliser que ce bruit n’était que celui d’un poids qu’un-e sporti-f-ve venait de faire tomber à l’étage au-dessus.
Ça a fait trembler les murs, mais c’est pas ça, le truc important : le truc important, c’est qu’un être humain a pu soulever un truc qui, en tombant, a fait trembler les murs. C’est te dire à quel point, en arrivant dans la salle, je ne m’y suis pas sentie à ma place tout de suite.
Si je m’étais focalisée sur ces grands sportifs et ces grandes sportives, j’aurais probablement fait machine arrière. J’aurais pas réfléchi et j’aurais bêtement complexé.
Le truc, c’est qu’il faut bien se rappeler d’un truc : on fait pas tous du sport pour les mêmes raisons. Certain-e-s en font pour mincir, d’autres pour se muscler, à des degrés différents selon les personnes. Certain•es y vont pour se dépasser physiquement.
L’idée, c’est de trouver son bien-être selon ce qu’on a envie de mettre comme énergie, physiquement. Si tu sens que tu ne peux être bien qu’en y allant tous les jours et en sentant tous tes muscles qui travaillent à chaque fois, soit, fais-le en prenant bien garde à rien te péter !
Si au contraire tu sens que si tu en fais trop et trop souvent d’un coup, tu vas te lasser, fixe-toi des petits objectifs.
Moi, gênée, retenant un gaz pendant mes pompes.
Moi j’ai commencé en me disant que, si j’y allais une heure deux fois par semaine, je serai super contente.
Maintenant, j’y vais quatre fois par semaine, parce que ça me fait plaisir et parce que je ne me force à rien (et surtout, parce que j’ai compris qu’en essayant de me motiver seule, ça ne marcherait jamais).
Je suis pas très très forte, ni en endurance ni en motivation : je deviens écarlate au bout de dix minutes de course sur le tapis et je sue comme une dingue du front, du dos, de chaque pore des fesses au bout de quinze. Je fais les choses à mon rythme et à la fin, je suis contente de moi.
Je m’en fous, de voir, en lisant des blogs de fitness, que tatiana-monculcestdubeton.blogspot.com* se lève à 5h, fait du yoga, enfile un slip et part à la salle de sport pour trois heures d’effort avant d’aller à la fac. Si ça lui plaît, à Tatoche, je suis super contente pour elle ! Mais en aucun cas je ne complexerai à nouveau sur les performances sportives que je suis capable de fournir (c’est à dire, peu) en les comparant à celles des autres.
Se mettre un peu la pression pour se motiver à faire toujours un peu mieux quand on va au sport est une chose, se mettre la pression en voulant viser trop haut en est une autre. Dans ce second cas de figure, la probabilité de s’épuiser trop vite et donc, de démotivation rapide est plus forte.
*Adresse fictive. Je précise au cas où.
La clé, c’est qu’on s’en fout, d’être nul•le ! La salle de sport n’est pas un endroit où le culte de la performance se joue. Elle n’est en aucun cas réservée aux vrais bons sportifs pour qui le sport est une religion.
Personne ne regarde personne
Ce qu’il faut bien retenir, c’est que quelles que soient nos attentes, quand on choisit de s’inscrire à la salle de sport, personne ne se regarde.
Bon, ok : si un mec était en train de courir à côté de moi sur le tapis et s’accroupissait soudainement pour déféquer par terre, au milieu de tout le monde et en sifflotant, il y a des chances pour que je le regarde et me demande ce qui lui arrive.
Mais sinon, personne ne se regarde, dans le sens où personne ne se juge. Il y a les sexagénaires et septuagénaires qui sont là par joie de l’effort et/ou pour rester en forme, les gens qui viennent avec un•e coach, les gens qui se dépassent, les habitué•es, les moins habitué•es, les gens qui reprennent le sport après une longue période sans, voire qui commencent le sport tout court
Il y a ceux et celles qui sont là seulement parce qu’ils aiment ça, ceux et celles qui font très fortement attention à leur apparence, ceux et celles qui font du sport pour plus facilement se lâcher sur la bouffe, ceux et celles qui se défoulent, les bodybuildé•es qui regardent leur corps en même temps qu’ils soulèvent des poids…
J’avais vraiment très peur qu’on me regarde de travers, tellement je manque d’endurance, tellement je ne maîtrise aucune des machines. Tiens, la première fois que je suis allée à la salle de sport, j’ai fait dix minutes de vélo elliptique à l’envers, j’ai même pas entendu un petit rire sous cape (ou sous jogging). Bon, personne n’est venu m’aider pour autant mais eh, on peut pas tout avoir.
Au milieu, avec le bandeau rouge, c’est moi et mon expression de fierté tout à fait digne quand je sors de la salle.
L’objectif de cet article n’est pas de faire complexer qui ne fait pas de sport, ou de motiver tout le monde à en faire. Le truc, c’est que j’ai toujours eu l’impression de ne lire que des bon•nes sportif•ves parler de sport.
Que, du coup, longtemps, pendant des années, j’ai été dégoûtée à l’idée d’aller à la salle parce que je me disais que j’allais faire tache. Que ça n’allait pas le faire. Que ça allait être nul, parce que j’étais nulle. Que seul•es les vrai•es sportif•ves étaient capables de vraiment bien aimer ça.
Bah c’est même pas vrai. Je suis mauvaise en sport, j’en fais quand même depuis peu, et j’aime bien ça.
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