On a tous des amis, des connaissances originaires des îles créoles. Mais au final, qu’est ce que l’on connaît réellement de ces cultures ? Il y a bien sûr ce fameux parent (très éloigné) qui plombe chaque mariage en vous faisant croire qu’il sait danser le zouk (souvent une sorte d’imitation de la danse du ventre avec 3 litres de bière dans le bide). Dans un autre genre, il y a ceux qui rêvent d’y aller pour le soleil et s’empressent de définir ces îles comme « un autre pays » dès qu’une manifestation s’y forme…
Mais sérieusement, si on quittait tout ça pour s’intéresser vraiment à la genèse de ces cultures ?
Eloge de la créolité
Tout d’abord, la Kréyol Factory, c’est une ambiance : après avoir dépassé le petit bar au mobilier fait de vieux barils, on arrive dans une exposition gigantesque : la scénographie est tellement importante qu’une fois dans l’espace, il n’est plus possible de voir au dehors. On est immergé dans l’exposition, et le temps s’arrête pour la visite. A mesure des pas, les proverbes créoles dictés viennent se mélanger à différents rythmes et musique… C’est magique, on est ailleurs.
On oublie vite le côté « exposition d’Art Contemporain » pour se concentrer sur l’identité créole, ses traditions et ses origines : un mur de casques audio nous propose d’écouter les musiques traditionnelles de chaque île, un autre mur d’écrans vidéos présente des femmes antillaises qui réalisent sous nos yeux les recettes typiques de leur famille. Les rites vaudou sont également très présents à travers des sculptures et des photos, les reportages vidéos jalonnent l’exposition et les installations d’artistes contemporains s’y mêlent parfaitement : tout est replacé dans son contexte, dans son histoire.
Une odyssée complexe et contrastée
De nombreux thèmes sont abordés… Tout n’est pas que rires et chansons. Il y a l’esclavage, la pauvreté, la colonisation, et ce sont toutes ces histoires qui créent un mélange passionnant, complexe et bourré de contrastes.
L’exposition se déroule en 7 séquences : Les Traversées des esclaves déracinés et baladés d’île en île, dont l’histoire créé un univers commun ; Le Trouble des Genres : qu’a fait l’esclavagisme des relations homme – femme ? L’homme, dépossédé de son enfant, n’a pas de rôle paternel et la famille est bouleversée … L’Afrique « Communauté Imaginée » pour une identité commune, cette « négritude », qui apaise le déracinement de chacun. Noir Comment ? racisme, représentations caricaturales… Comment ne pas se sentir « autre » et construire son identité ? Des îles sous influences, qu’elles soient DOM, états indépendants ou associés, comment vivre avec son histoire et se développer aujourd’hui ? Les nouveaux mondes : des îles vidées de leur population originelle où se mêlent d’autres cultures, d’autres traditions.
On termine par « Chez soi, de Loin », qui se focalise sur les communautés créoles à New York, et Miami : entre trouver sa place dans l’exil et retourner au sein d’une communauté qui ne vous reconnaît plus…
Des milliers de kilomètres atténués
Il n’est donc bien sur pas question d’une simple envie touristique ici… Une fois sorti de l’exposition, on n’a pas systématiquement envie de sauter dans le premier avion pour y partir …
Cependant, on comprend beaucoup mieux ces cultures dont on ne parle pas assez, et malgré la distance ou les différences, on se sent proche et solidaire.
Kréyol Factory, du 7 avril au 5 juillet 2009.
Grande Halle de la Villette, M° Porte de Pantin.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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