Ce n’est pas parce qu’on a incarné Noé un jour qu’on est forcément frappé de la lumière divine de la sagesse. La preuve avec Russell Crowe, l’acteur qui plisse beaucoup les yeux dans ses films mais n’a pas l’air d’y voir clair. Dans une interview accordée au Australian Women Weekly en décembre, Russell explique qu’à 50 ans, il est bien content d’incarner des mecs plus matures que le Maximus-en-jupette de Gladiator et qu’il existe des rôles pour tous les âges sans problème. Jusque là, tout va (à peu près) bien. Jusqu’à ce qu’il ajoute :
«Pour être honnête, je pense que vous verrez que la femme qui dit ce genre de choses (que les rôles se tarissent) est la femme qui à 40, 45, 48 ans, veut encore jouer l’ingénue, et n’arrive pas à comprendre pourquoi elle n’est pas castée comme celle de 21 ans. »
Cette déclaration pose problème pour plusieurs raisons. D’abord parce que ce ne sont pas nécessairement « les fâââmes » qui veulent jouer plus jeunes qu’elles, mais l’industrie du cinéma qui cultive le jeunisme, en particulier à Hollywood. En 2014, une étude américaine expliquait que les actrices de plus de 34 ans étaient globalement moins bien payées à Hollywood, alors que pour les acteurs hommes, la quantité de sousous engrangée a tendance à augmenter avec l’âge.
En fait, on préfère clairement les femmes qui font jeunes à l’écran, et c’est l’auteur de l’étude qui le dit:
« Le visage d’un homme âgé est censé véhiculer une certaine idée de maturité et de caractère, tandis que le visage d’une femme est plus apprécié lorsqu’il est jeune ».
Conséquence, certaines se font refaire le portrait pour rester dans le game. Et elles s’en prennent plein la tronche, comme en témoigne l’exemple de Renee Zellweger, qui s’est ramassée des flopées de caca verbal sur Twitter lorsqu’elle est apparue avec le visage modifié en octobre. Alors oui, il existe des exceptions, ainsi que le dit Russell Crowe, comme Meryl Streep qui défonce tout à 64 ans. Mais il reste visiblement plus facile d’être Ian McKellen que Michelle Pfeiffer quand on a des plis sous les yeux.
Au-delà du cinéma, c’est peut-être la société qui a un problème avec les femmes qui vieillissent comme le relevait Ophélie dans sa chronique de l’Intranquillité. On leur demande d’être toujours fraîches, séduisantes, voire suffisamment nunuches pour qu’on puisse identifier leur naïveté à la jeunesse. Et on oublie que prendre de l’âge et avoir les traits que changent, c’est normal et ça ne devrait pas être sujet à critiques.
Russell Crowe oublie enfin que les hommes aussi jouent des rôles qui ne correspondent pas à leur année d’anniversaire. Et Rebecca Rose sur Jezebel lui rappelle aussi le souci des écarts d’âge entre les couples au cinéma, où il est plus fréquent que l’homme soit le plus vieux des deux :
« C’est marrant à quel point Crowe ne se préoccupe pas de donner une opinion sur l’héritage ahurissant des hommes d’Hollywood qui jouent des rôles principaux romantiques avec des femmes de 10, 20, 30 et parfois 40 (!!!!) ans de moins qu’eux. »
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Les Commentaires
J'avais vu un graphique une fois des différences d'âge entre les acteurs et actrices dans un même film... c'était effarant. Après faut pas s'étonner qu'elles se fassent refaire dès 30ans!
Edit : j'ai retrouvé ces graphiques, si vous voulez vous taper le front, c'est par ici