L’autre jour, mon frère me parlait de son amie, qui a le cœur brisé et du mal à s’en remettre, et se demandait ce qu’il pouvait bien faire pour l’aider. Figurez-vous que les sciences humaines ont quelque chose de nouveau à dire sur le sujet : selon une étude publiée ce mois-ci dans le magazine Social Psychological and Personality Science, l’une des meilleures manières de se remettre d’une rupture amoureuse… ce serait simplement d’en parler !
Vous allez me dire qu’à première vue, le concept ne paraît pas révolutionnaire : parler de sa rupture amoureuse, parfois de façon quasi-obsessionnelle, c’est souvent un réflexe. Mais Grace Larson et David Sbarra, les auteur-e-s de l’étude, vont plus loin : parler de la rupture, et parler de soi dans la rupture pourrait nous aider à nous remettre mieux et plus vite du chagrin d’amour.
« Parlez-moi de vous… »
Grace Larson a l’habitude de réaliser des recherches sur les ruptures amoureuses. Un jour, la chercheuse s’interroge : est-ce qu’en interrogeant des gens en plein chagrin d’amour, elle ne remuerait pas le couteau dans la plaie au nom de la recherche ? Est-ce que les chercheurs-es pourraient faire obstacle à la guérison de gens qu’ils interrogent ?
Pour le vérifier, Larson mobilise 210 volontaires qui ont eu récemment le cœur brisé.
La chercheuse rencontre la moitié d’entre eux régulièrement pendant neuf semaines. Pendant ces entretiens, elle les interroge sur leur rupture (quand avez-vous réalisé que vous alliez vous séparer ? Vous souvenez-vous du moment du la rupture ? Êtes-vous en contact avec votre ex ? De quelle manière cette rupture a-t-elle modifié votre point de vue et vos sentiments ?).
Deux ex toujours très amis dans Celeste and Jesse Forever
À la seconde moitié des volontaires, l’équipe de recherche demande seulement de remplir deux questionnaires — le premier au début de l’expérience, et le dernier à la fin, neuf semaines plus tard.
Au terme de l’expérimentation, Larson et son équipe observent que le premier groupe gérerait mieux la situaton que le second. Ses membres seraient moins affecté•e•s par leur rupture amoureuse et se sentiraient moins seul•e•s. Les scientifiques notent également que les volontaires du premier groupe ont une plus grande tendance à utiliser le pronom « je » que le pronom « nous » en parlant de leur ancien couple et de leur rupture.
Se recentrer sur soi et réapprendre à s’apprivoiser
Pour Larson et Sbarra, c’est là que se trouve la clé : en parlant de soi, de l’autre, en répondant aux questions des chercheurs-es, les volontaires « traiteraient », « enregistreraient » leur rupture. Parler de la rupture les aiderait à développer un nouveau sentiment de soi, en tant que célibataire. Pour le dire autrement, parler de son chagrin d’amour, cela pourrait nous aider à réadapter notre identité : qui sommes-nous, maintenant que nous ne sommes plus le membre d’un couple ?
Au pire, parlez à votre chat. Ça écoute, un chat. Même si ça s’en fout.
En fin de compte, la rupture amoureuse ne fait pas « que » briser notre cœur, elle atteint aussi notre identité, elle fout le bordel dans la perception que l’on a de soi, et chamboule plein d’autres aspects de nos vies : nos relations sociales, nos habitudes, nos activités, nos territoires… Comment gérer l’après-rupture avec nos amis communs ? Que faire des activités que l’on partageait ?
Grace Larson souligne qu’après une rupture, nous passons par un temps bien chiant où nous devons nous réhabituer à évoluer seul•e, à ne plus nous percevoir comme le membre d’un duo. Le couple faisait partie de notre identité, devenait une de nos facettes ; nous nous définissions parfois comme « le/la conjoint•e de… », par exemple.
En parlant de notre rupture, nous parlons de nous. Nous retrouvons qui nous sommes, qui nous étions avant le couple, et qui nous serons après. S’adapter à cette nouvelle identité de célibataire, avoir une perception claire de soi-même post-rutpure, prendre soin de son estime de soi, ce serait essentiel pour aller de l’avant et « passer à autre chose ».
Vous voulez un autre conseil des chercheurs-es ? Restez cools et bienveillant-e-s avec vous-mêmes ! Bien sûr, analyser le Facebook de votre ex n’est peut-être pas une merveilleuse idée, mais vous faites ce que vous pouvez. Ne vous blâmez pas, ni pour la rupture, ni pour le reste. Et si vous en avez la possibilité, essayez de parler à votre entourage, ou écrivez ce que vous ressentez dans un carnet, comme si vous vous adressiez à quelqu’un. Ce p’tit exercice vous aider à vous retrouver et à vous relever !
Pour aller plus loin…
- Un article du NPR
- La recherche de Larson et Sbarra
- D’autres points de vue sur la rupture
À lire aussi : Les premières heures post-rupture : guide de survie
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Les Commentaires
Blague à part, j'aimerais bien voir de tels témoignages!
(Dis-je alors que j'en ai vécu une avec un ex même s'il avait pas trop le choix en fin de compte vu qu'on habitait ensemble)