Article publié le 28 novembre 2018
Dans ma vie qui est loin d’être finie, j’ai aimé un certain nombre de garçons.
J’ai été celle qui quitte et celle qui se fait quitter. Certains m’ont trahie, et le plus souvent déçue. Parfois, c’était moi qui mentait, qui étouffait, qui abandonnait.
J’ai beaucoup pleuré.
Mais malgré les désillusions, les promesses balayées, l’amour qui meurt quand il devait durer toujours… Je suis toujours volontaire pour me faire briser le cœur.
Aimer ou se protéger
Je sais que tout le monde ne fonctionne pas comme ça.
Parmi mes ami·es, dans les films et les chansons d’amour, j’ai l’impression que beaucoup de gens se protègent.
Ils évitent de « s’emballer », se préservent de la dépendance, ils se blindent contre la déception.
Ceux qui ont vécu les ruptures les plus difficiles se forgent une carapace et jurent qu’on ne les y reprendra plus.
Ils ne veulent plus souffrir et je les comprends.
Une rupture engendre le même processus émotionnel qu’un deuil. La douleur psychologique est intense, elle peut même être physique.
Chez certaines personnes, le choc est tellement grand qu’elles présentent le symptôme du cœur brisé.
Les fibres même du muscle sont atteintes, avec les mêmes séquelles qu’une crise cardiaque.
Comment accepter d’aimer à nouveau, quand notre cœur semble vidé ?
Ce qui ne tue pas rend plus forte
Peut-être que c’est facile à dire pour moi. Peut-être que ma confiance en moi me permet de surmonter les chagrins.
Je sais ce que je vaux, je sais que ce qui ne me tue pas me rend plus forte.
Les gens qui se protègent se sentent peut-être plus fragiles émotionnellement, ou peut-être qu’ils pensent que la vie de couple n’en vaut simplement pas la peine.
Peut-être qu’ils ne trouvent pas dans les relations à deux un bonheur qui justifie à leurs yeux que leur cœur soit piétiné.
Ou peut-être qu’au contraire, ce bonheur est si grand, qu’ils ne peuvent supporter l’idée de le perdre et de s’effondrer.
Peut-être que mes histoires n’ont pas été assez traumatisantes… Peut-être que je ne suis pas plus forte, juste moins sensible ?
Pourtant à chaque séparation, moi aussi, j’ai senti le monde s’écrouler.
Si je suis toujours prête à me faire briser le cœur, ce n’est pas parce que j’aime sangloter dans un torrent de morve en me remplissant de chips, sans pouvoir penser à autre chose que cette personne que je ne peux plus voir.
Non, ce n’est pas par passion pour le manque, la mélancolie, la nostalgie, le désespoir.
Peut-être que j’ai moins peur de souffrir parce que, même si j’ai parfois déprimé profondément, je savais que ce n’était qu’un passage.
Le bon côté de la rupture
J’ai toujours réussi à
rebondir à la fin de mes histoires d’amour.
Chaque rupture m’a donné l’occasion de me concentrer sur moi-même, et je considère cela comme un luxe.
L’idée qu’une page se tourne pour en écrire une nouvelle m’a toujours permis de garder foi en la suite.
J’envisage les ruptures comme un nouveau départ. On sait ce que l’on perd, mais on ne sait pas ce qui nous attend, et je trouve ça limite excitant.
Les ruptures ont été l’occasion pour moi de prendre du temps pour mon bien-être, de m’autoriser à réinventer ma future vie.
Je crois aussi que pour surmonter les séparations, je n’ai jamais hésité à me laisser tomber au fond du trou. Pour traverser l’émotion, il faut l’accepter, la vivre.
Goûter la douleur me fait me sentir aussi vivante que goûter l’amour.
Ce qui fait que je ne suis toujours pas dégoûtée des relations, ce qui fait que je suis encore et toujours candidate au cœur brisé, c’est que je ne veux pas arrêter d’aimer.
Aimer, c’est toujours prendre un risque
Voilà ce que j’ai toujours pensé en amour : que l’on tombe de haut ou pas, on tombe et ça fait mal.
Pourquoi ne pas s’emballer ? Pourquoi ne pas se laisser aller aux délices absolus de l’amour partagé ?
Effectivement, quand on ne prend pas de risque, on ne risque pas d’échouer. Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne font pas d’erreurs.
Je suis une grande romantique. Je ne peux pas m’investir dans une histoire sans garder à l’horizon que c’est peut-être pour la vie.
Les ruptures auraient du briser mes rêves, me faire penser que tout ça, c’était juste de l’énergie gâchée, du temps perdu.
Elles auraient dû m’apprendre à mesurer mon enthousiasme, à temporiser mon engagement.
Mais l’amour et la douleur sont les deux faces d’une même pièce. Si l’on veut connaitre l’un, il faut accepter de vivre l’autre.
En cherchant à éviter la souffrance, on finit par esquiver le bonheur.
Au moins, j’aurais essayé
Je suis prête à souffrir, parce que j’ai encore envie d’aimer, même si ça signifie exposer mon cœur à la possibilité d’être rejeté.
Quand la relation prend fin, il reste la satisfaction d’avoir tout donné, mais aussi de s’être offert le droit de tout recevoir.
C’est parce que l’on s’est abandonné·e que la rupture fait si mal. C’est parce que l’on est allé·e au bout de ce qui pouvait être vécu.
Parce qu’on avait fait confiance, qu’on s’était permis de rêver, et même d’être aimé·e. C’est parce qu’on a été heureux·se, et ça personne ne peut nous l’enlever.
Je suis prête à souffrir parce qu’il ne peut y avoir d’amour sans vulnérabilité.
C’est un pari fou, dangereux. Mais il en vaut la peine.
« C’est bon signe, d’avoir un cœur brisé. Ça veut dire que l’on a essayé. »
Alors, comme Elizabeth Gilbert, je serai toujours prête à me faire briser le cœur, et je serai toujours prête à panser ses plaies, pour encore aimer.
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