Publié initialement le 30 juillet 2015
Lorsqu’on aborde le thème de la rupture, on parle presque uniquement des séparations amoureuses alors que les ruptures amicales peuvent être tout aussi douloureuses.
La rupture amicale
Moins représentées dans les films, livres, chansons et autres productions artistiques, elles sont moins accompagnées socialement.
Si tout ton entourage peut se mobiliser lorsque tu viens de te faire larguer par ton mec, peu de personnes vont prendre le temps d’écouter tes engueulades avec ta ou ton meilleur·e ami·e.
Et pourtant, pour avoir vécu ce chamboulement il y a peu, j’ai réalisé à quel point prendre de la distance vis-à-vis de quelqu’un de son entourage, ou l’inverse, se faire rejeter par un de ses proches, peut être douloureux.
Identifier les relations toxiques
Je considère l’amitié comme quelque chose de très pur. De nature méfiante, je laisse finalement peu de personnes accéder à ce degré de proximité.
Si j’ai beaucoup de connaissances, des gens que je côtoie avec beaucoup de plaisir, je considère que j’ai peu d’Ami·es (avec un grand « A »). C’est-à-dire ces personnes fiables sur lesquelles je pourrai compter en toutes circonstances.
Test imparable pour savoir si cette personne est un·e véritable ami·e : m’aiderait-il/elle à cacher un corps ? (Oui oui, rien que ça).
Cependant, comme dans une relation amoureuse, une amitié peut parfois être toxique et il n’est pas toujours simple de s’en rendre compte.
Il est donc important de prendre occasionnellement le temps de faire le point sur les personnes de son entourage et de se demander si la relation qu’on entretient avec telle ou telle personne est réellement saine :
- Suis-je heureux·se lorsque je passe un moment avec cette personne ?
- Est-ce que cette personne fait preuve de bienveillance vis-à-vis de moi ?
- Y a-t-il un rapport de forces/de compétition avec il/elle ?
- Cette personne semble-t-elle heureuse pour moi lorsqu’il m’arrive quelque chose de bien ?
- Est-ce qu’il y a des tensions sous-jacentes ?
C’est l’occasion d’être honnête avec soi-même et de prendre un peu de recul par rapport à ses proches.
Si en y réfléchissant, vous prenez conscience qu’il y a effectivement des problèmes avec certaines personnes, c’est le moment d’agir et de faire en sorte que ces relations s’apaisent.
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Dialogue et remise en question
Vous êtes pas obligé·e de vous la jouer Lorie
Après avoir identifié certains problèmes, vient le moment de la remise en question. S’il est souvent facile de pointer les défauts de ses ami•es, il n’est pas toujours évident de prendre du recul sur son propre comportement.
- Ai-je vraiment été irréprochable ces derniers temps ?
- Que pourraient-ils/elles me reprocher ?
- Est-ce que c’est moi qui instaure ce problème ?
- Est-ce que je lui ai déjà dit que ça me dérangeait ?
Si vous prenez conscience que vous n’avez pas non-plus été l’ami•e parfait•e, c’est l’occasion de repartir sur de bonnes bases en essayant d’y faire attention.
Beaucoup de tensions et d’animosité naissent souvent d’un manque de communication : quiproquo, divergence de point de vue ou d’interprétation des choses. Entamer un dialogue peut souvent être un moyen de régler les problèmes.
Ça semble être un conseil bidon comme ça, à première vue, mais j’ai pu remarquer que rares sont les personnes qui prennent vraiment le temps de dialoguer avec leur entourage.
« – Elle me saoule, à chaque fois qu’elle me voit, c’est pour me critiquer sur mon physique. J’en ai ras-le-bol !
– Tu lui as déjà dit que ça t’embêtait, calmement ?
– Euuuh ben non … Nan mais j’ai pas envie de me prendre la tête ! »
Mettre les choses au clair avec son entourage n’est pas forcément s’engueuler ou se prendre la tête avec eux. Ça peut être juste, dire calmement autour d’un verre : « écoute, tu ne t’en rends probablement pas compte mais quand tu me dis/fais ça, tu me blesses. »
L’idée n’est pas d’attaquer vos proches, mais de formuler clairement les choses qui vous dérangent. Après tout, ils ne sont pas médium et ne lisent pas dans une boule de cristal, ils ne savent peut-être pas à quel point certains de leurs comportements peuvent vous perturber.
Prendre sur soi en permanence n’est pas une solution, c’est d’ailleurs le meilleur moyen d’accumuler de nombreuses tensions.
Prendre conscience des problèmes, et communiquer !
De même, il est parfois important de faire preuve d’indulgence. Un·e ami·e n’est pas un être parfait, dont la moindre faille doit être pointée.
On a tou·tes nos moments de faiblesse : si un jour un·e ami·e est un peu désagréable car elle/il est stressé·e, ou si il/elle vous pose un lapin à la dernière minute, ce n’est pas forcément très grave, surtout si c’est de manière isolée et ponctuelle.
L’idée n’est pas de devenir une « police de l’amitié » qui donne les bons et mauvais points, mais plus de prendre conscience des problèmes plus profonds et symptomatiques et d’essayer de les régler en dialoguant ou en changeant certains éléments de votre comportement.
Savoir dire « stop » en amitié
Si vous avez expliqué environ un milliard de fois à votre ami·e que certaines attitudes pouvaient vous blesser mais que la personne ne semble pas être disposé·e à faire le moindre effort, c’est peut-être tout simplement le signe que cette personne n’est pas un·e véritable ami·e (en dépit de tous les moments géniaux que vous avez pu passer ensemble).
Par exemple dernièrement, j’ai arrêté de fréquenter un ami que j’appréciais beaucoup car il était en permanence cassant et négatif à mon égard. Quoi que je fasse, il trouvait toujours que c’était nul et faisait preuve d’un cynisme incroyable.
« – Salut, je suis embauché·e par la NASA, je vais partir explorer la lune !
– Ah ok … Bof … »
J’ai tenté de lui expliquer à maintes reprises que me rabaisser continuellement n’était pas très agréable et que même si ça pouvait lui sembler anodin, ça atteignait considérablement ma confiance en moi. Mais il ne semblait pas avoir envie de fonctionner autrement, après l’avoir prévenu de nombreuses fois, j’ai tout simplement arrêté de fréquenter cette personne.
Avec le recul, j’ai bien fait de m’éloigner
Cette « rupture » m’a affectée car c’est une personne drôle, intelligente que j’appréciais beaucoup, mais à chaque fois que je passais une heure à son contact, je rentrais chez moi le moral dans les chaussettes en ayant l’impression d’être un étron.
Il était donc préférable que j’arrête de le côtoyer. J’ai tout simplement cessé de prendre des nouvelles et j’ai pu remarquer qu’il n’avait pas essayé de me parler pour comprendre pourquoi j’étais distante ou pourquoi je n’avais pas répondu à ses messages. C’est tout simplement que ce n’était pas un véritable ami et avec le recul, j’ai bien fait de m’en éloigner.
Ce qu’il faut se dire, c’est que nos ami·es sont les seules personnes qu’on choisit réellement dans son entourage (bon d’accord on choisit aussi la personne qui partage notre vie).
On ne choisit pas sa famille, ni ses collègues, ni son patron, ni ses voisins, ni le/la caissier·e du supermarché. Si on doit subir au quotidien un certain nombre de personnes, pourquoi on devrait s’emmerder avec les gens qu’on peut décider de voir ou non ?
On emmagasine assez de tensions ailleurs, pourquoi venir polluer sa sphère privée ? Dire stop et s’éloigner des personnes toxiques peut vraiment être une renaissance ! (Salut, j’ai enfin l’impression de respirer).
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Rompre une amitié, une épreuve douloureuse
Si je semble en parler ici comme une solution miracle, prenez garde ! Se séparer de certaines personnes de son entourage est une épreuve assez douloureuse. Vous avez noué des liens avec ces proches, s’en défaire peut prendre du temps.
Une amitié peut être très fusionnelle ou encore dater énormément (les ami•es d’enfances notamment), ce sont souvent des repères, s’éloigner est assez déstabilisant.
Je culpabilise : et si elle avait besoin de moi ?
Ayant aussi pris des distances avec une amie proche (oui décidément, j’ai fait du ménage), je pense régulièrement à elle. Je me demande si elle va bien, ce qu’elle fait de sa vie etc. Quand je lis un article marrant, j’ai souvent envie de lui envoyer et quand je suis face à un dilemme, j’aimerais pouvoir l’appeler pour lui demander son avis.
Même si je me suis éloignée d’elle pour des raisons bien précises (et justifiées), je ne peux pas m’empêcher de culpabiliser : et si elle avait besoin de moi ?
Au bout d’un moment, j’ai arrêté de me torturer. Je sais qu’elle est bien entourée, m’éloigner d’elle était une bonne décision.
Ne pas être rancunièr·e
Si je reste ferme vis-à-vis de mes positions, j’essaie toutefois de ne pas être rancunière. Si j’ai pu être blessée par un·e ami·e à un instant T, ça ne veut pas dire que je n’ai pas passé énormément de bons moments avec cette personne.
Ça ne remet pas non plus en cause qui elles sont : ce sont toujours de belles personnes, avec leurs qualités et leurs défauts. C’est tout simplement notre relation qui, à un moment donné, ne me convenait plus.
Ça ne veut pas dire que dans un an ou deux, on ne se croisera pas avec plaisir et même qu’on ne recommencera pas à se côtoyer. Ça veut seulement dire qu’à ce moment de ma vie, entretenir cette relation dans ces conditions n’est plus possible.
Apprendre à s’écouter, à savoir ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas est une étape importante dans la construction de sa vie. En prendre conscience et assumer ces choix est souvent une étape difficile mais aussi incroyablement libératrice.
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Les Commentaires
Alors certes tu as mal mais demande toi si ça vaut vraiment la peine de souffrir pour qqn qui peut-être ne changera jamais ou alors le laisser partir lui et ces souvenirs. Après c'est pas ta faute juste la fatalité je dirai.