Il y a peu, je vous ai parlé de mon coup de cœur Acide Sulfurique d’Amélie Nothomb, traitant des dérives de la télé-réalité. Inévitablement, celui-ci m’avait renvoyé à un autre de mes coups de cœur, à savoir le grand, le très grand Stephen King (en toute subjectivité, bien sûr).
Celui-ci, maître habituel de l’épouvante, de la science-fiction et de la Fantasy n’avait de prime abord, rien pour me plaire. Je déteste la science-fiction tant à lire qu’à regarder, la Fantasy me donne plutôt envie rire et je réserve l’épouvante aux soirs d’été où l’on se raconte des histoires qui font craindre la nuit.
Pourtant, vers douze ans, »ça » m’est tombé dans les mains (enfin, si on peut dire, il était rangé sur l’étagère « ma-chérie-tu-es-trop-jeune-pour-lire-ça », ce qui a eu pour effet de me voir escalader la dite étagère avant que quiconque ait eu le temps de dire ouf), Charlie a suivi, devancé par Carrie et poursuivi par Christine.
Subjuguée, interdite, captivée, avalée par ses mots, engloutie par son style, terrifiée par ses histoires. King m’a séduite dès le premier soir et je ne suis jamais parvenue à m’en lasser. Voilà donc plus de dix ans que j’ai hissé Stephen King au rang d’idole de mes nuits.
Je pourrais lui en vouloir : Christine, sa voiture tueuse m’a conduit à renoncer à la viande plusieurs années, Jessie m’a donné peur du noir, Cujo n’a fait qu’exacerber ma peur des chiens, Rage
m’a fait craindre les dérives de la violence trop accessible, Simetierre et Ça m’ont apporté des crises d’angoisse en bonne et due forme.
Et pourtant, j’y reviens, perpétuellement.
Le temps m’a permis de découvrir que Stephen King n’est pas qu’un merveilleux fouteur de pétoches mais aussi un nouvelliste hors pair (on lui doit La ligne verte, pour ne citer qu’elle) et un très bon critique de la société libérale américaine (Marche ou crève), ce qui m’amène subtilement au sujet du jour : Running Man.Running Man débute en 2025 dans la misère ordinaire d’un quotidien familial bancal : un foyer plus que modeste vit (ou survit) comme il le peut dans un monde où sans argent… Nos vies ne valent rien !
Ben, le mari, est chômeur. Sa femme est parfois contrainte à s’avilir pour s’en sortir, juste un peu moins mal. Et pour ne rien gâcher, leur bébé se meurt, les médicaments étant évidemment hors de prix.
A cette époque, un jeu fait fureur à la télévision, « La Grande Traque », basé sur un principe ultra-simple : le candidat a un mois pour survivre. A ses trousses : des chasseurs surentraînés qui n’en ont qu’après sa vie.
Pourquoi participer ? Parce que s’il survit (et s’il y parvient, il sera le premier de tous les candidats s’y étant succédés), il empochera un milliard de dollars.
Voilà comment un marginal va s’élancer dans le symbole même de cette société qu’il abhorre.
Le décor est planté.
Ce roman, écrit en septante deux heures (on salue la performance), perçu comme un roman d’anticipation, écrit sous pseudonyme à l’époque de sa sortie (Richard Bachman) m’a glacé jusqu’à l’os. Je ne vous en dévoilerai ni la fin, ni le déroulement, ça gâcherait bien trop votre plaisir à venir. Si vous appréciez le suspens, si les critiques de société vous captivent, si vous avez dévoré 1984 d’Orwell, vous aimerez y retrouver des similitudes (que je vous laisse deviner)…
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