Publié le 2 novembre 2012
Très vite, j’ai compris que mon corps allait me troller.
Rougir : l’origin story
Entre pertes d’équilibre multiples, manque de coordination qui m’a toujours fait perdre en premier à la balle au prisonnier et incapacité à faire une roulade, j’ai réussi à faire avec et à l’aimer avec le temps et beaucoup, beaucoup de patience.
Pourtant, il y a bien une chose que je déteste et que je détesterai toujours chez lui : la facilité et la rapidité avec lesquelles mes joues rosissent.
Il fut un temps lointain, j’étais maladivement timide. Je ne sais plus comment j’ai réussi à me sortir les doigts des fesses pour cesser d’avoir peur des gens, mais toujours est-il qu’aujourd’hui, ça va grandement mieux.
Pourtant, j’ai gardé une caractéristique propre aux timides, histoire de ne jamais oublier d’où je viens : je rougis.
Pour rien, tout le temps, dans certaines circonstances plus que d’autres. Ça peut être parce que j’ai mis trop de tabasco dans mon omelette, parce que je suis surprise, parce que je manque de répartie ou parce que j’ai bu trop de punch.
Et si ça ne me pose aucun problème en terrain conquis (personne ne s’étonne de me voir virer rubiconde dans ma vie quotidienne car tout le monde connaît l’amour de mes joues pour le rouge vif), cela peut, dans certaines circonstances pendant lesquelles je suis entourée d’inconnus, me porter préjudice (mais surtout me briser les ovaires).
Le rougissement en quelques mots
Les plus chanceuses ne savent pas vraiment ce qu’on ressent quand on rougit.
C’est aussi simple que désagréable : on sent une légère chaleur sur le visage et dans le cou, assortie d’un accroissement de la sudation si on est sujette à mouiller les aisselles et le creux du dos. Ça peut arriver à n’importe quel moment, selon les faiblesses de chacun.
Pire, ça arrive toujours quand il ne faut pas. Un exemple simple : tu es dans le train et quelqu’un qui a abusé des flageolets n’a pu réprimer une éructation intestinale. Tout le monde se regarde pour désigner mentalement le fautif.
Dans ta tête, tout va très vite : en plus de jouer de ton nez pour décider de quel côté vient le larcin olfactif, tu te dis inconsciemment qu’on pensera qu’il s’agit de toi si tu rougis. Si tu es faite sur le même modèle que moi, ça ne manquera pas :
tes joues deviendront légèrement chaudes et se coloreront un peu.
Si un des usagers du train te regarde à cet instant précis, tu deviendras écarlate au point qu’on pourrait faire un tartare poêlé avec ton front en guise de plaque électrique. Immanquablement, on pensera alors que c’est toi qui a mangé plus de cassoulet que ton corps ne pouvait le supporter.
Ce n’est pas un drame, certes, et tu as ta conscience gastrique pour toi. N’empêche que c’est pénible.
Mais ce genre de désagrément n’est qu’un exemple parmi toutes les petites situations du quotidien pouvant amener à un rougissement du visage : compliments, effet de surprise, chutes, jeu de mots qui ne fait rire personne, exposé à faire devant une centaine de personnes, reproches, abus de vin bon marché…
Il y a autant de raisons de rougir que d’inconvénients à rougir. Ce qui nous amène à la partie suivante.
Comment ne pas rougir ? Le mystère !
Rougir n’est pas une maladie ; c’est pénible, mais ce n’est pas pathologique. Contrairement à un autre type de rougissement, tu ne peux même pas t’en servir pour éviter le cours de sport. Pourtant, ce phénomène corporel comporte bon nombre de désagréments.
En premier lieu je mettrais personnellement le fait que ça me donne un petit côté chose fragile qu’il ne faut pas secouer.
Or, je ne suis pas à prendre avec des pincettes et je n’ai pas peur du ridicule, tant que ça ne me fait pas passer pour plus faible que je ne le suis.
J’ai déjà envisagé cette solution au quotidien.
Le principal problème à mes yeux,
c’est le sentiment que mon corps me trahit et expose aux regards d’inconnus un signe extérieur de faiblesse.
Les gens essaient parfois de me rassurer en me disant que c’est mignon et que ça prouve que je ne peux pas mentir, que mon enveloppe corporelle décide de parler pour moi.
C’est un peu faux : il y a tant de raisons de rougir que le dégradé sur ma face peut être mal interprété. On peut par exemple estimer que je suis rouge parce que je suis gênée alors que je viens de recevoir un message de ma banque.
On peut penser que je suis impressionnée alors que je viens de faire un bruit de pet avec ma bouche.
On peut penser que je suis traumatisée par ce que je viens d’entendre alors que je ne supporte tout simplement pas d’avoir le dernier mot.
Si mon corps décidait de parler pour moi, il serait fourni avec une notice. Tout ce qu’il fait dans ces cas-là, c’est de signifier aux gens qui m’entourent que je suis en train de ressentir un truc sans pour autant dire quoi. Nous voilà bien avancés.
Rougir ou projeter de l’encre, même combat.
Il n’existe aucune solution à ce souci (les philosophes du dimanche argueront alors que ce n’est donc pas un problème).
Si je n’avais qu’un conseil à donner – un conseil que j’arrive moi-même à suivre, disons, 9 fois sur 10 – ce serait de désamorcer la lose par l’humour en étalant le fait qu’on est en train de rougir.
Parce qu’il vaut mieux le dire soi-même plutôt que de laisser quelqu’un d’autre le remarquer, et parce qu’on n’est, finalement, jamais mieux défendu que par soi-même.
Personnellement, j’ai réussi à prendre du recul sur mes joues qui rosissent comme si on me mettait un péni’ sous le nez quand je ne m’y attends pas, mais je sais que c’est plus compliqué pour beaucoup d’autres personnes.
Je me dis que j’ai mes failles, qu’on en a tous, et qu’il faut juste apprendre à faire avec quand elles ne sont pas réparables. Si tu as cinq minutes, tapes donc « rougir » sur Google et tu réaliseras que l’angoisse de chauffer de la joue en public n’est pas anecdotique.
Ça peut même virer à la phobie – qui a par ailleurs un nom, l’éreutophobie – qui touche environ 10% de la population. C’est dire l’ampleur du phénomène.
Et toi, qu’est-ce que tu trouves de plus pénible dans le fait de rougir ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
J'ai toujours eu tendance à rougir tout le temps et pour un rien... La chaleur qui augmente très (très) légèrement, un peu d'alcool dans le sang, un inconnu qui me parle, quand je dois parler en public, quand je suis en colère... TOUT.
J'étais le genre de fille ultra timide pendant mon adolescence, et du coup même devant des gens que je connaissais un peu je bégayais, je rougissais et je partais presque en courant...
Ça s'est un peu arrangé. Quand même. Tant mieux parce que sachant que je fais des études de théâtre, rougir en plein milieu d'une scène c'est moyen... Mais ça revient parfois au pire moment. Sans raison.
Mais bien sûr, comme si c'était pas déjà assez gênant que comme ça... je pleure. Aussi. Quand je suis contente, triste, en colère, surprise...
Bref, BIG UP à vous qui supportez la même chose !