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Culture

Rosemary’s Baby, la mini-série qui fait mal au ventre

Rosemary’s Baby vient d’être adapté en série télé. Amélie l’a vu et te dit ce qu’elle en a pensé, les deux mains sur l’abdomen, un rictus abominable au bord des lèvres…

Pas facile de s’attaquer à un monument, même s’il n’est pas rare de voir plusieurs adaptations d’une même oeuvre. Mais si les réalisateurs se laissent volontiers aller vers le remake, rare sont ceux qui arrivent à en tirer quelque chose de bon ! L’exercice est à double tranchant : pas besoin de se retourner le cerveau à trouver une idée originale, mais difficile de surmonter l’a priori du public.

C’est avec ça en tête que j’ai regardé Rosemary’s Baby, la mini-série de NBC. J’étais prête à prendre cris et placentas plein la tronche. Je me suis attaqué aux deux épisodes d’une heure et demie comme on débute un marathon : la pupille vive et le coeur battant.

Un casting en or massif

Il fallait une personnalité forte pour succéder à Mia Farrow. C’est l’actrice Zoe Saldana qui a été choisie pour enfanter le bébé maléfique. Son physique et sa personnalité éloignent pas mal Rosemary whoodhouse de sa première interprétation.

L’actrice est noire, ce qui est plutôt agréable car trop rare en premier rôle dans les films et séries d’horreur. La Rosemary version 2014 est moins dominée par ses émotions, bien qu’elle garde cette part de bonté qui la rend franchement vulnérable.

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Voire amorphe, parfois. 

Dans le rôle de son mari, on retrouve Patrick J. Adams, qui donne une prestation correcte mais loin d’être inoubliables. Par contre, Carole Bouquet et Jason « Lucius » Isaacs forment un couple de riches milliardaires assez étranges pour attirer toute ton attention !

Le casting ne sort donc pas d’une pochette-surprise et a assez de prestige pour hisser la série un cran au-dessus des kitschouilles Sleepy HollowOnce Upon a Time ou Hemlock Groves (ma grosse déception de l’année dernière) (je me noie toujours dans ma morve en y repensant).

Un exotisme à la française

Contrairement à la version de Roman Polanski en 1968, l’intrigue a délaissé les buildings de New York pour le raffinement parisien. Bien entendu, la série est destinée à un public américain… et ça crève les yeux.

Première petite tape derrière la tête pour cette adaptation : elle plante ses deux gros sabots au beau milieu du cliché du parisien moyen. Rapidement, Rosemary apprend que son humble mari vient d’être muté à la Sorbonne, au poste de prof d’anglais. Tout d’abord aux anges à l’idée de se perdre dans les Galeries Lafayette et de tremper ses doigts de pieds dans la Seine, la jeune femme est vite rattrapé par la dure réalité : les Français sont malpolis, pressés, snobs, ont un accent de merde et ne marchent pas droit dans la rue !

Certes, la série n’est pas prévue pour un public français, encore moins parisien. Mais il n’empêche que les stéréotypes sont poussés à leur paroxysme dès les premières minutes. Ça fait mal à mon petit coeur que les Américains nous dépeignent de la même manière depuis la nuit des temps sans chercher à faire dans la nuance !

À part ça, et le fait que du côté de la réalisation tout est fait pour montrer qu’on est bien à Paris et pas à Ligny-en-Barrois, c’est plutôt marrant de voir une série américaine tournée chez nous. Entre les plans de la Tour Eiffel, de l’Arc de Triomphe, et le fond sonore version langue de Molière il y a de quoi sourire. C’est franchement sympa.

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« Madame, Monsieur, bienvenue à Singapour. »

Le bon côté, c’est que ça permet de situer l’intrigue dans un contexte plus proche de nous. C’est vrai, quoi : à force de voir des trucs en direct de Miami ou Los Angeles, je commençais presque à me croire à l’abri dans mon deux-pièces à Boulogne ! Imaginer qu’un clan de cinglés voue un culte à Satan dans l’appartement d’à côté, ça a tout de suite plus d’impact.

Dommage que le parti-pris « baguette, béret, accordéon » ne soit pas assumé jusqu’au bout. J’aurais apprécié des dialogues en français dans le deuxième épisode… Certes, Rosemary n’est pas capable d’aligner trois mots dans notre belle langue, mais est-ce vraiment logique que les employés d’un hôpital parisien échangent dans un parfait anglais ?

Je ne crois pas. En plus, les Américains savent bien, visiblement, qu’on est nuls en langues avec notre accent pourri !

Une ambiance dérangeante à souhait…

Si tu ne connais pas du tout l’histoire de Rosemary’s Baby, accroche toi à tes boyaux, ça va te retourner.

Tu vas suivre la grossesse quelque peu perturbée d’une jeune femme qui vient d’emménager dans un appartement… plein de mauvaises ondes. Le bébé va vite devenir plus qu’un poids dans le ventre de Rosemary, et les choses tournent de plus en plus mal pour la jeune femme.

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« Bon sang, j’aurais dû vérifier la date de péremption de mon stérilet. »

Tant que tu n’es pas allergique au sang et autre flux humains attestant d’une santé faiblarde, tu devrais pouvoir aller jusqu’à la fin de

Rosemary’s Baby. Ce n’est pas une série qui fait peur, elle n’est pas basée sur les jump scares (ces moments conçus pour te faire sursauter et couiner) ni sur le gore.

C’est surtout la façon dont le show traite du rapport au corps qui m’a marquée. Voir cette pauvre jeune femme qui souffre sans que personne ne s’en inquiète m’a mise franchement mal à l’aise. Ajoutons à ça une ambiance où tout le monde semble sur le point de poignarder son voisin de sang-froid, où tu ne sais plus à qui te fier, où tu n’es plus même sûre de pouvoir faire confiance à ton poisson rouge… Pour une fille comme moi qui déteste se sentir seule, ce genre de situation donne des sueurs froides.

Mission accomplie.

…qui flirte un peu avec Buffy contre les Vampires

Le gros problème avec Rosemary’s Baby, c’est sans doute qu’elle se veut un peu trop accessible. Là où Hannibal (distribuée par la même chaîne) a réussi à nous perdre dans les interrogations sans nous prendre pour des prunes, cette mini-série se sent toujours obligée de nous prendre par la main. C’est un peu agaçant.

Certes, le premier épisode pose beaucoup de questions et on se sent un peu perdu au beau milieu de tout ce joyeux bazar. Mais les scénaristes n’avaient pas besoin d’ôter toute trace de suspense pour soulager notre esprit paumé dans l’intrigue !

Au final, les réponses aux vraies questions ne sont pas vraiment données et j’avais deviné chaque rebondissement avant la fin. Dommage.

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Arg.

Citons quelques effets spéciaux qui font plisser les yeux tant ils font tache dans cet univers plutôt subtilement conçu. Le risque est de décrocher, d’esquisser un sourire et d’aller faire un (tout petit) tour du côté de Syfy…

Deux épisodes franchement inégaux

Rosemary’s Baby n’est pas mauvaise, mais terriblement inégale.

À la fin du premier épisode (et il n’y en a que deux !), le couple entame tout juste sa nuit d’amour. Une heure et demie est dédiée à la mise en place de l’intrigue ! Du coup, la seconde partie semble se dérouler à une vitesse folle, laissant de côté la subtilité et les images fortes. Tout se déroule trop vite, les personnages perdent rapidement de leur saveur et même le jeu des acteurs semble changer pour s’adapter à ce rythme effréné.

J’aime les ambiances lentes, pesantes, malsaines. C’est exactement ce que j’ai apprécié au départ dans Rosemary’s Baby. J’y croyais fort. Malheureusement, la suite n’a été qu’un enchaînement de scènes trop peu travaillées, trop vite expédiée. La série a la saveur d’un plat soigneusement mitonné… qu’on laisse malheureusement brûler.

Dommage, j’aurais été prête à lui filer du Spasfon, à cette bonne Rosemary. Une prochaine fois peut-être…


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Les Commentaires

5
Avatar de Amelie
23 mai 2014 à 13h05
Amelie
Euh... Moi j'ai adoré le film. Pas encore eu le temps de regarder la série. Juste dans l'article c'est écrit rosemary castevet mais, à moins que les scénaristes aient changé, c'est rosemary whoodhouse. Les castevet c'est les vieux sorciers.

Oula oui, en effet, c'est modifié merci 
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Voir les 5 commentaires

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