Voici le résumé de Rose-thé et gris-souris, un livre qui m’a tapé dans l’oeil au point que je vous en parle aujourd’hui :
Elle, c’est Gertrude, une comptable. À peine débarquée à la Réunion, elle traîne derrière elle un bagage un peu trop lourd à porter et aimerait se fondre dans le paysage. Elle a décidé que le rose-thé et le gris-souris étaient les bonnes couleurs pour se faire accepter dans le supermarché où elle travaille. Un supermarché dont le patron, François, est autant du genre à exiger des heures sup le samedi matin… qu’à lui offrir Le Grand Livre d’Or de la Poésie Réunionnaise.
Lui, c’est Dégage. Un chien errant. Il vient de perdre toute sa famille. Mais il n’est pas désespéré : il va fonder un nouveau clan ! Il a justement repéré une humaine fort sympathique, qui ne « l’appelle » pas quand il se met à la suivre.
Gertrude a peur des chiens, elle n’apprécie pas du tout qu’un clébard squelettique et galeux s’attache à chacun de ses pas.
Pourtant, c’est grâce à lui qu’elle apprendra peu à peu à redonner une chance aux autres et à la vie…
Drame et tendresse à l’île de la Réunion…
Pour Emma, la nouvelle collection romance de Milady/Bragelonne, on s’attend à un roman classique : un homme, une femme, et puis l’exotisme du soleil de la Réunion.
Mais Marie-Catherine Daniel va beaucoup plus loin. Son roman est un plaidoyer pour l’amour… mais pas l’amour au sens romantique habituel. Au cœur du roman, les relations les plus complexes ne sont pas avec ce patron un peu trop craquant mais « mou du genou » et Gertrude, la nouvelle comptable du magasin. Elles sont cristallisées entre Dégage, chien errant à la recherche d’un clan, et Gertrude, terrorisée par la race canine. Et alors que tout commence à s’arranger, Maîtresse, une petite chatte, vient poser ses pattes dans le grand plat de leur vie. Tout cela alors que Gertrude essaye encore de s’habituer au tourbillon métissé de sa nouvelle vie réunionnaise tout en refoulant les mauvais souvenirs qui la tourmentent…
Ce roman est loin des clichés de la romance habituelle. Pas de déclaration d’amour. Pas de grand flirt avec des phrases clichés. Non, simplement une photographie d’une vie ordinaire avec ses petits miracles et désastres ordinaires.
…dans un roman quasi-universel
Le livre se lit en deux points de vue qui s’entrecroisent et se complètent.
Le premier est la narration de Gertrude. Comptable pour une grande chaîne de supermarchés réunionnais, elle s’habille uniquement en gris (souris) et en rose (thé). Et pour couper court aux moqueries concernant son prénom, elle se fait appeler Cunégonde. Jetée dans le bain de la culture réunionnaise avec ses « moukatages » (rumeurs, moqueries), ses coutumes, sa culture et son climat, on sent que la jeune femme est bien plus compliquée qu’elle n’en a l’air malgré le style allégé et percutant de l’auteur qui sait cerner les problèmes en quelques mots bien choisis. Par petites touches, Marie-Catherine Daniel fait une véritable fresque visuelle de cette vie si banale au premier abord.
Au cours du deuxième point de vue, c’est avec l’oeil de Dégage, chien errant gris (souris) et pelé (à la peau rose-thé), que le lecteur s’embarque dans l’histoire. Rejeté par tous après la disparition de son clan, au son de ces « dégage ! » tonitruants, voilà qu’il rencontre cette humaine un peu différente, et qu’il l’apprivoise lentement avec toute la bonne foi et l’amour d’un jeune chien. De nouveau, la simplicité du style accompagne parfaitement l’innocence et la tendresse de Dégage. Pas besoin de grandes envolées pour être poétique et sensible. Le roman s’insinue dans l’esprit de Dégage pour en apporter au lecteur, émotion après émotion, toute la saveur des vrais sentiments sans arrière-pensée. Un vrai petit exploit : on s’identifie très bien au jeune chien !
Et au travers du regard de ces deux personnages principaux, d’autres histoires se déroulent : le rapprochement avec François, la rencontre avec Maîtresse, et tous ces petits riens qui font que les gens s’aiment et se sentent aimés, faisant de vies ordinaires qui se croisent une véritable traversée humaine.
Dans le même temps, Marie-Catherine Daniel utilise cette aventure très simple qu’est une rencontre pleine de tendresse pour rappeler les drames du quotidien. La maladie, la mort, l’abandon, la fuite en avant, la tristesse, la solitude, sont des thèmes que l’on peut rencontrer dans ce roman. Et là encore, pas de grandiloquence pour faire passer l’émotion. L’auteur décrit simplement, purement, les faits et les sentiments et ses mots vont droit au coeur.
Pourquoi Rosé-Thé et Gris-Souris est un livre pour madmoiZelle
Parce que la lectrice de madmoizelle.com…
…est pleine de paradoxes qui font sa richesse : curieuse, aware sur son monde, superficielle mais pas que, plutôt férue de technologies, passe trop de temps sur internet à ne rien faire (c’est mal, démarre un projet crénom !), a grandi avec un téléphone greffé à l’oreille mais flipouille à l’idée de parler à un inconnu pour prendre un rendez-vous.
Autre qualité et tenez-vous bien : ELLE A DE L’HUMOUR (ce qui n’était pas dans la Charte de qualité des femmes nées avant 1980), un humour qu’elle assume et qui peut même être parfois très gras (l’héritage de l’humour Canal, sans doute).
Sans vouloir se la péter à leur place, ces nanas-là redéfinissent chaque jour la notion-même de féminité pour en faire un truc bien à elles et on espère bien leur filer un p’tit coup de main avec madmoiZelle.com.
Et que c’est exactement ce que nous livre Marie-Catherine Daniel avec Rose-Thé et Gris-Souris. Gertrude est une jeune femme « pleine de paradoxes qui font sa richesse », passe de l’humour (caustique) à la tendresse avec quelques brins de superficialité… Gertrude, c’est le miroir de la femme actuelle tout en étant un personnage à part, et telle est ma vision de la madmoiZelle.
Et puis le livre se lit à une vitesse folle. On entre dedans comme dans un train vers… le quotidien et l’inattendu à la fois. Le style est simple mais mesuré, chaque mot parfaitement pesé et posé. Et pour une fois, c’est une romance réaliste où n’importe qui (mais vraiment) peut se reconnaître; et pas seulement les plus (mal)chanceuses ! L’histoire se situe certes à la Réunion, avec un petit passage à Besançon, et l’auteur apporte la saveur des Tropiques à son roman, mais c’est un livre universel dont les thèmes-phares s’adressent à toutes celles qui ont un jour aimé, qui ou quoi que ce soit.
Un vrai coup de coeur pour votre petite Romilly sensible. Peut-être pour vous aussi ?
Pour en savoir plus…
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Quelques critiques supplémentaires sur…
- Les Fedeylins, de l’auteur Nadia Coste publiée chez Gründ avec une série superbe pour jeunes adultes : Les Fedeylins
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