En partenariat avec Bodega Films (notre Manifeste)
Ces derniers mois, j’ai rarement été aussi émue que lors de la projection de Sami, une jeunesse en Laponie.
Sami, une jeunesse en Laponie, un film superbe !
Je n’espérais rien de spécial de ce film, dont je ne connaissais ni le casting ni la réalisatrice. Mais il en va souvent ainsi de mes journées : les œuvres que je n’attends pas sont celles qui me mettent les plus grosses claques.
Pourquoi je te parle de ce premier film d’Amanda Kernell ?
Parce que cette semaine, madmoiZelle en est partenaire. Et j’en suis très fière chère lectrice, laisse-moi te le dire.
De quoi parle Sami, une jeunesse en Laponie ?
C’est l’histoire d’Elle, une jeune fille de 14 ans d’origine Sami, un peuple autochtone réparti entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie.
Élève en internat, Elle doit faire face à la discrimination des autres élèves, auxquels on a mis dans la tête que les Samis étaient « intellectuellement inférieurs ». L’héroïne est humiliée, sa culture moquée, ses racines dénigrées.
À tel point que la jeune fille veut à tout prix changer de vie.
Pour être libre de devenir qui elle souhaite être, Elle fait le choix de renoncer à son identité culturelle afin d’être enfin considérée comme une « vraie » Suédoise…
Ce synopsis a inspiré deux lectrices de madmoiZelle, qui se sont livrées à leur tour.
Chacune de ces deux femmes a choisi de se déraciner pour le mieux, mais pour des raisons très différentes. Voilà leur histoire.
Pourquoi rompre avec son entourage ?
La première jeune femme à témoigner se prénomme Lison. Elle a bientôt 17 ans et s’est émancipée des doctrines imposées par ses parents :
« J’ai actuellement 16 ans, presque 17, et il y a un an et demi j’ai « coupé les ponts » avec l’idéologie religieuse dans laquelle mes parents m’ont élevée depuis ma toute petite enfance. »
La seconde femme à témoigner se prénomme Laure. Elle a 43 ans et son histoire est très douloureuse :
« J’ai rompu avec mon entourage il y a environ 7 ou 8 ans.
Je viens d’une famille nombreuse du Nord. Ma grand-mère a eu 11 enfants, qui eux-mêmes en ont eu 3 ou 4 chacun, ça fait du monde au bout du compte. »
Elle poursuit :
« Mon père était l’aîné, mais moi je suis fille unique. J’ai grandi dans cette famille ouvrière à l’apparence unie, un peu comme un clan où tout le monde a l’air de se soutenir, avec ma grand-mère pour pilier…
J’adorais ma grand-mère, une femme adorable, d’une gentillesse extrême, toujours riante, simple.
Mais ce que ma grand-mère ne savait pas, c’est que son fils (mon père donc) était un père incestueux. Il me tripotait quand j’étais gamine. »
Rompre avec son entourage, une nécessité
Laure continue son récit :
« Je me souviens d’attouchements, de paroles et de gestes, de choses qui me tétanisaient et dont je n’ai jamais parlé à personne.
Extérieurement, mon père était le modèle même de l’homme travailleur, courageux, gentil, parfait aux yeux de tous, qui adorait sa fille. Comment, avec tout ça, le dénoncer ? Qui m’aurait crue ? Personne. »
Laure a porté son secret toute seule jusqu’à ce qu’elle prenne une décision :
« Un jour je lui ai écrit. Je lui ai dit que je me souvenais de sales trucs de l’enfance, et que je ne voulais plus jamais de nouvelles.
Je sais qu’il a compris ce que je voulais dire, et en effet je n’ai heureusement plus jamais eu de réponse. J’ai donc coupé les ponts avec lui. »
Pour Laure, rompre avec son père relevait d’une vraie urgence. Celle de s’éloigner du danger.
Pour Lison, il s’agissait d’une nécessité primordiale, pour accéder à une vraie liberté. Celle d’être qui elle souhaite :
« Le quotidien de mes parents, leur mode de vie, reposent sur ses croyances qui ne me correspondaient pas du tout alors à 15 ans j’ai décidé de tout arrêter net.
Ça a été très dur car il m’a fallu non pas réapprendre mais apprendre à vivre sans être perpétuellement bridée par cette religion. »
Quelle vie après la rupture ?
Lison explique que cette décision a changé son quotidien :
« Ma vie a pris un virage à 180°, j’ai dû tout apprendre car j’étais formatée à penser de manière « moralement digne ».
Un truc tout bête : je n’avais jamais écouté de métal ni de hard rock, jamais mis de robe au-dessus du genou, jamais embrassé un garçon, je ne m’étais jamais masturbée.
Alors j’ai appris sur le tas, toujours avec la présence et le soutien indéfectible de mes amis. »
Lison a alors découvert les plaisirs d’une vie libre, émancipée des diktats rétrogrades de ses parents.
Laure, quant à elle a, fondé sa propre famille, loin de son père :
« Aujourd’hui ma famille ce sont mes deux fils (je suis divorcée) et mes ex-beaux-parents. Tous savent ce qui m’est arrivé, et mes fils savent pourquoi j’ai coupé les ponts, savent ce qu’est leur grand-père.
Et moi je suis depuis droite dans mes bottes, je ne me cache plus.
J’ai osé affronter la vérité, pas les autres. Et c’est eux que je plains. Ils sont tous unis dans le mensonge.
Moi je suis seule, mais je sais ce que je vaux, j’ai la conscience tranquille. Et ça c’est inestimable, ça vaut toutes les familles du monde. »
Aujourd’hui, Lison et Laure sont donc davantage en paix, et sont parvenues à se créer leur nouveau monde à elles, sans leur entourage toxique.
Se battre pour la vie que l’on veut
Lison tient à s’adresser aux personnes qui, comme elle, ont ressenti le besoin de rompre avec leur entourage. Elle conseille :
« Battez-vous. Ne lâchez rien. Accrochez-vous à vos rêves, à des pensées positives (moi j’ai un carnet dans lequel je note des petites quotes qui me font du bien et ça m’aide dans les moments de bad).
Trouvez des gens qui vous ressemblent et aimez-les fort. Devenez la personne dont vous auriez eu besoin au moment de vous déraciner. Et surtout ne regardez jamais en arrière.
La vie avance, on n’a pas le temps pour les remords et encore moins pour les regrets. »
Un discours positif qui encourage l’amour et les réflexions positives.
Laure désire également livrer ses propres conseils :
« Je dirais aux gens qui veulent se déraciner pour être libres que si leur raison est valable, s’ils le sentent dans leurs tripes, qu’ils sont en accord avec eux-mêmes, alors qu’ils le fassent.
Le prix à payer est minime comparé au fait d’être droit dans ses bottes. On ne choisit pas sa famille, et si cette famille est toxique, les liens du sang n’excusent pas tout, n’obligent pas à supporter des choses inacceptables. »
Lison et Laure ne regrettent donc pas leur décision. Aujourd’hui, ces deux femmes très différentes sont libres d’être qui elles souhaitent, et libres d’avoir choisi un nouvel entourage qui ne leur veut que du bien.
Si ces témoignages t’ont inspirée, fonce découvrir Sami, une jeunesse en Laponie dès le 14 novembre au cinéma !
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