Il est rare que j’achète un DVD sans en avoir jamais entendu parler : je préfère ne pas prendre de risques et choisir des films que j’ai déjà vus au cinéma et que j’ai aimés. Mais en voyant la jaquette du film de Baz Luhrmann me faire de l’œil, et compte tenu du fait que je connais l’histoire dans les grandes lignes et qu’en plus Leonardo Di-mi-corazón est au menu, je me dis YOLO et m’empare de ce Digital Versatile Disc. Cette découverte cinématographique reste la plus magique que j’ai vécue à ce jour. En toute subjectivité, voici pourquoi… (attention, spoilers !)
Baz Luhrmann est un fifou
Dès les premières images, une présentatrice de journal télévisé tenant le rôle du chœur nous donne le ton : ce ne sera pas une adaptation dans le style élisabethain, la Vérone de Shakespeare est intemporelle et donc dans l’air de notre temps.
On est ensuite plongé dans un rythme fou, avec des images épileptiques, presque saturées de couleurs, qui nous immergent immédiatement dans l’univers de Baz. Ici les Capulet et Montaigu roulent dans des décapotables, se battent aux revolvers et prennent de la drogue. Cet univers complètement inattendu nous donne l’équivalent d’une claque visuelle et culturelle et stimule le spectateur narrativement. Toute l’œuvre prend un nouveau sens.
Baz joue notamment avec le texte de Shakespeare en s’en servant pour influencer sa mise en scène : par exemple, pour que Benvolio dise à Roméo « Qui vise une belle cible, cousin, la touche vite », il les fait jouer au billard, et la réplique prend alors un double sens.
Tous ses choix de mises en scène sont justifiés et remplis d’un vrai respect de l’œuvre, que ce soit le thème de l’eau, omniprésente dans le film, qui ponctue l’avancée de l’histoire d’amour tout en donnant une dimension esthétique absolument sublime à l’image, ou le choix des décors (le théâtre au bord de la mer qui rappelle l’origine de l’œuvre, par exemple)… tout est visuellement très beau, et enrichit le récit.
La transposition moderne de la pièce est un pari risqué pour Baz Luhrmann ; il réussit pourtant avec brio tout en donnant une importance toute particulière à l’esthétisme de son film, et on en redemande (coup de cœur tout particulier pour la scène du balcon, sans balcon justement) !
Le respect du texte et de la pièce
En modernisant autant la pièce, on pourrait se dire que Baz Luhrmann la dénature et gâche le génie de Shakespeare, mais il n’en est rien. Au contraire, sa transposition sublime l’histoire, et en plus, il prend le parti de respecter à la lettre les lignes du dramaturge.
On a donc affaire à des acteurs déclamant un texte poétique de toute beauté en chemise hawaïenne, la cigarette à la bouche. Que demander de plus ?
C’est donner de la modernité au lyrique, et selon moi, si Shakespeare avait été un réalisateur de nos jours, c’est ainsi qu’il aurait mis en scène son œuvre. Oui, carrément ! Pour moi, Baz Luhrmann a tout compris, et je ne connais rien de plus délectable que ça.
Des acteurs qui envoient du pâté sévère
Comment parler de Roméo+Juliet sans évoquer ses acteurs complètement parfaits ?
Tout d’abord, il y a Leo, le seul, l’unique. Le meilleur Roméo de tous les temps à mon humble avis. Il porte la chemise à motifs comme personne, et donne tout simplement des frissons dès qu’il ouvre la bouche (subjectivité quand tu nous tiens !).
Plus objectivement, la justesse de son jeu est à la hauteur de sa beauté transcendante (on avait dit objectif !) et il donne à son personnage toute la classe et le swag qu’il mérite. Le plus parfait des Roméo, vraiment.
Et pour les autres, c’est tout pareil ! Claire Danes est une Juliette absolument convaincante et fidèle au personnage de Shakespeare, Dash Mihok en Benvolio est touchant comme tout et on a juste envie de faire ami-ami avec lui, Harold Perrineau Jr./Mercutio est tout simplement génial (« La peste soit de vos deux maisons !!! » : magnifique ), et j’en passe !
Tout le casting colle parfaitement aux personnages, et aucun des acteurs ne détone par rapport au reste, ils incarnent tous leurs personnages avec justesse et modernisme. Mention spéciale à John Leguizamo en Tybalt, absolument parfait (la première scène à la station essence déchire VRAIMENT) et authentique !
C’est en tout cas un vrai bonheur d’entendre tout ce beau monde réciter du Shakespeare avec un réel respect de son écriture poétique.
Une histoire qui n’est pas célébrissime pour rien
Si on parle de cette œuvre de Shakespeare plus que des autres, c’est qu’il y a une raison.
L’histoire, comme chacun sait, est universelle et intemporelle, et d’une beauté à couper le souffle. Le romantisme pur qui en découle laisse rêveur et, même si tout le monde connaît la fin, difficile de se lasser de cette histoire d’amour aussi sublime que sombre.
Shakespeare a tissé un récit qui mêle le comique au tragique, avec des personnages hauts en couleurs qui ne laissent pas indifférent-e et qui « parlent » à tout le monde. La pièce (tout comme l’œuvre entière du dramaturge) a traversé les siècles, et selon moi, c’est largement justifié.
On peut aussi dire ça comme ça, certes… (Roméo et Juliette n’est pas une histoire d’amour. C’est une relation de trois jours entre une fille de 13 ans et un garçon de 17 ans qui a causé six morts. Sincèrement, tout le monde qui l’a VRAIMENT lu.)
Romeo+Juliet est un film d’une efficacité rare qui va à l’encontre des mises en scènes convenues, lui donnant une dimension moderne et percutante, ce qui en fait pour moi une œuvre cinématographique majeure !
Et toi, qu’en penses-tu ? L’as-tu déjà vu ? As-tu aimé ? Portes-tu quotidiennement des chemises hawaïennes ? Viens nous raconter tout ça dans les commentaires !
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Les Commentaires
Et ce choix du modernisme c'est vraiment bien géré. Roméo + Juliet c'est vraiment un film culte et c'est pas pour rien franchement.