On parle souvent de la Suède comme d’un paradis pour enfants (madmoiZelle en a parlé récemment avec le débat pour ou contre la fessée). C’est surtout un pays dans lequel on réfléchit beaucoup sur la pédagogie à l’égard de l’enfant. Et cette attitude se reflète dans les romans pour enfants et adolescents qu’il produit.
Depuis la littérairement reconnue Selma Lagerlöf (écrivain du Merveilleux voyage de Nils Holgersson qui avait pour vocation d’apprendre la géographie de leur pays aux petits suédois) et la star nationale Astrid Lindgren (créatrice de Fifi Brindacier entre autres), une vraie culture de la littérature jeunesse s’est développée en Suède, qui cherche autant que possible à éviter langue de bois et stéréotypes de genre. Fort heureusement, quelques très bon traducteurs permettent à ces textes de venir jusqu’en France.
Le Jeu de la Vérité, d’Annika Thor
Le Jeu de la vérité, c’est un roman qui traite du passage de l’enfance à l’adolescence, et de la pression du groupe chez les filles. Le personnage principal, Nora, a raté la rentrée des classes parce qu’elle était malade. Enfin guérie et impatiente de retrouver sa meilleure amie, la belle Sabina, son étonnement est grand lorsqu’elle constate que celle-ci préfère dorénavant passer du temps avec Fanny et flirter avec les garçons.
À partir de là, deux choix se présentent à Nora : essayer d’intégrer le groupe malgré la condescendance de Fanny à son égard, ou bien trouver une autre fille – Karin, la gentille nunuche – avec qui traîner les après-midi. Bien sûr, Nora, qui n’a pas eu la chance d’avoir
le révérend Camden pour père, ne fera pas ce qui est moralement conseillé, mais succombera plutôt à la pression du groupe, jusqu’à provoquer une fin similaire à celle du film Carrie (avant qu’elle se décide à immoler par le feu sa promo entière grâce à ses pouvoirs télékinésiques, bien sûr).
Tout ça sur fond de réalité sociale : Nora est une jeune adolescente sans réel problème familial, ce qui lui permet de rester une enfant, alors que l’entourage de Sabina est tout sauf stable. Fanny est plus ou moins une enfant gâtée, et Karin doit supporter une mère légèrement psychorigide…
Le Jeu de la vérité est un roman qui dépeint de façon réaliste mais sans obscénité la perversité et le sadisme dont sont capables les collégiens. La lecture est rapide et divertissante (parfait pour une jeune fille qui n’aime pas trop lire, par exemple), et surtout, la façon dont une jeune ado peut s’identifier tour à tour à chacun des quatre personnages féminins permet, je le crois, de se sentir un peu moins seule pendant cette période de merde – disons les choses comme elles sont – qu’est le collège…
Des Etoiles au Plafond de Johanna Tydell
Abordons maintenant un registre plus sensible : avoir une mère qui souffre du cancer. Avec son premier roman, la jeune Johanna Tydell ne s’est pas attaquée au thème le plus facile à traiter, et pourtant elle y parvient avec brio. Son écriture est une balance parfaite entre le rire et les larmes.
Jenna est une jeune fille qui doit faire face quotidiennement à la maladie, mais ça ne l’empêche pas d’être aussi une adolescente comme les autres. En exergue du roman, on a le poème (beau à vous faire verser une larme) qu’elle a rédigé en cours et qu’elle cache sous une des étoiles phosphorescentes qui décorent le plafond au-dessus de son lit :
Si tu meurs, maman, je me ferai mourir. Oui. Je me ferai mourir. Non, on ne dit pas se faire mourir. On dit se donner la mort. Ou se suicider. Donc. Si tu meurs, maman, je me suiciderai.
Et pourtant, le roman s’ouvre sur une scène tout à fait comique dans laquelle Jenna et sa meilleure amie Susanna, ridiculement cachées derrière un buisson, épient le beau Sakki, dont Jenna est amoureuse. Alors, oui, c’est aussi un roman d’adolescence classique, avec une meilleure amie, une mère dont on a honte, un garçon dont on est amoureuse, et une fille populaire que l’on déteste, « Pénélope-la-salope ».
Bien sûr, Jenna apprendra à connaître Pénélope et devra bien se rendre compte que la vie n’est facile pour personne en réalité… Jenny a aussi la chance, pour encore quelques mois, d’avoir une mère exceptionnelle – pour encore quelques mois seulement en effet, car éviter la langue de bois, c’est bien le but de Johanna Tydell.
Un roman d’adolescence, donc, à la fois lyrique et léger, dont le langage est réaliste (eh oui ! les ados disent des gros mots !), et dont l’histoire vous fout une bonne claque dans la figure… Le succès a été tellement grand en Suède, que le roman a été adapté en film ; et l’année dernière est sortie la traduction française.
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Les Commentaires
Argh, je viens de télécharger le podcast de l'émission pour pouvoir l'écouter pépère plus tard en fait ! Mais je sais à l'avance que je vais les trouver trognons, sans aucun doute :: !
Edit : En effet, ils sont à croquer (et le docu est très très bien aussi d'ailleurs)