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Culture

Trois romans de fantasy pour explorer Londres autrement

Londres est une ville immense, chargée d’Histoire et de secrets. Pas étonnant, alors, qu’elle ait fasciné des générations d’écrivains ! Et parmi ceux-là, on compte de grands amateurs de fantasy…

Ah, Londres… Plus qu’une ville, pas encore un pays, cette métropole tentaculaire dessinée par des siècles d’Histoire n’a pas fini d’inspirer pléthore d’écrivains. Et comment pouvait-il en être autrement, avec ses ruelles sombres côtoyant les voies les plus célèbres et les plus fréquentées, ces parcs plein d’écureuils et cette sensation de changer de ville d’un quartier à un autre ? Londres, entre routes pavées et buildings ultra-modernes, capitale fascinante d’immensité et de contrastes…

C’est aussi pour cela que Londres est un terrain tout à fait propice au genre de la fantasy urbaine, dont je vous parlais il y a peu. Ce sous-genre de la fantasy, plutôt que de transporter le lecteur dans un monde secondaire fantastique, transpose ledit fantastique dans un décor de notre univers, avec ses lois et sa réalité propre.

Londres, décor familier s’il en est, entre Primark et sa fontaine à pigeons touristes sur Piccadilly, accueille le surnaturel avec autant d’aisance que la cité moderne est criblée de traverses inexplorées. Quoi de mieux qu’une ville de contrastes pour une genre qui joue sur les zones d’ombres ?

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Je vous propose donc ici, que vous connaissiez Londres ou pas du tout, de (re)découvrir la capitale de tendre Albion, et partir l’explorer autrement qu’à travers les habituels guides touristiques. Pour ce faire, voici une (petite) sélection de romans de fantasy urbaine, afin que ce que les auteurs ont pu voir dans lesdites zones d’ombres de la capitale vous en donne une toute autre perspective !

Attention, la fantasy, ce n’est pas toujours des fées gentilles et des paillettes.

Neverwhere, par Neil Gaiman

Difficile de passer à côté de celui-ci : Neverwhere est une référence dans le domaine de la fantasy urbaine, ainsi qu’une excellente lecture pour ne plus jamais être capable de regarder le célèbre métro londonien de la même manière.

Neil Gaiman raconte avec brio l’histoire d’un jeune homme comme un autre, Richard Mayhew, qui aurait pu continuer à mener une petite vie normale dans la capitale, entre son travail et sa fiancée, s’il n’avait pas pris le temps, un jour, par accident, de « regarder » ce qu’il y avait autour de lui. Le malheureux. Lever le nez de son nombril, a-t-on idée, aussi.

Il sauve ainsi la vie d’une jeune fille — pas bien nette, disons-le — vêtue de haillons. Jeune fille qu’étrangement personne n’avait eu l’air de voir jusqu’ici ; elle porte le doux nom peu commun de « Porte » (Door), qui va à merveille avec sa capacité à ouvrir des portes n’importe où, n’importe quand… et surtout, elle vient de « Londres d’En Bas » (London Below).

Cette rencontre fortuite pète un peu, vous vous en doutez, la routine de ce brave Richard, contre sa volonté. Sa vie entière bascule du jour au lendemain : plus personne ne semble le voir, ni sa fiancée, ni ses collègues, ni ses amis… Personne. Exactement comme Porte, qu’il n’a dès lors plus d’autre choix que de suivre dans son monde.

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En suivant cette dernière à l’aveuglette, Richard se retrouve entraîné dans une sorte de vie parallèle et découvre l’existence et la nature de Londres d’En Bas, la jumelle ignorée de la capitale qui a pourtant toujours été là.

Richard s’engage avec Porte à la poursuite des terrifiants meurtriers du père de la jeune fille, dans l’espoir de réussir par la suite à reprendre sa place dans Londres d’En Haut. Mais alors qu’il enchaîne les rencontres les plus extraordinaires, qu’il découvre ce monde d’En Bas où les mendiants conversent avec les rats et où les noms des stations de métro prennent tout leur sens… Richard commence à réaliser qu’il existe des voyages dont on ne revient pas indemne.

Si on en revient.

Vous l’aurez compris, ne serait-ce que si vous avez remarqué que ça fait plusieurs articles que j’arrive à le placer, ce roman est un de mes préférés du genre (et préféré tout court). Neil Gaiman nous offre ici une histoire parfaitement ficelée, belle et poétique, mais qui s’attaque aux thèmes les plus sombres et réels à travers les paillettes fatiguées de la fantasy.

Cette Londres d’En Bas, dont les gens d’En Haut ne soupçonnent même pas l’existence, est celle des sans-abris, des mendiants et autres laissés pour comptes. Ces êtres en marge de la société qui les a rejetés. Une métaphore assez évidente, mais très éloquente, qui vous fera interpréter la station Angel autrement…

Et de toute façon, après une telle lecture, vous ne marcherez plus dans les rues de Londres sans jeter un peu partout des regards à la fois inquiets et plein d’espoir. Vous risquez même de chercher des portes là où il n’y en a pas.

Le Dernier apprenti sorcier : les rivières de Londres, par Ben Aaronovitch (titre original : Rivers of London)

Les Rivières de Londres est le premier opus de la série du Dernier Apprenti Sorcier de Ben Aaronovitch, pour l’instant constituée de quatre tomes (le cinquième est prévu pour la fin de l’année en Angleterre). Puisque c’est un best-seller, des bruits courent concernant une éventuelle adaptation cinématographique. Ce qui pourrait être bien, tu vois.

On suit ici encore les aventures d’un jeune homme, Peter Grant, mais cette fois-ci il s’agit d’un copper — un flic londonien, quoi. Mais un jeune flic, un bleu, qui, à défaut d’être accepté dans la section de la Metropolitan Police qui l’intéressait, fait un énorme fuck à ses supérieurs sans s’en rendre compte en se faisant recruter par une section assez spéciale.

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Oui, vous l’avez deviné : il s’agit de la section — un peu gênante pour le gouvernement mais nécessaire — qui gère les affaires d’ordre magique et paranormal au sein de la Capitale. Peter devient aussi Apprenti Sorcier, le premier depuis cinquante ans, sous les ordres et les enseignements du seul autre membre de la section, le mystérieux et très anglais sorcier Thomas Nightingale.

Comment s’est-il retrouvé là-dedans ? Alors c’est une bonne question, parce qu’il était bien parti pour finir dans un job de bureau, à l’administration de la Met. Seulement, voilà, un jour qu’il faisait le planton sur une scène de crime particulièrement atroce du côté de St Paul’s Cathedral (un passant qui s’est fait littéralement exploser la tête d’un seul coup de batte, voyez), Peter rencontre un témoin que personne n’avait encore remarqué : un fantôme.

Bon flic, quoique sûrement pas bien dans sa tête, Peter fait son travail et prend sa déposition — sautant de cette manière à pieds joints dans une aventure entre magie et horreur, qui va le lancer à la poursuite du tueur en série le plus invraisemblable et le plus cruel de notre pauvre siècle moderne.

Avec Les Rivières de Londres, l’idée est encore une fois de savoir regarder ce qu’il y a autour de nous. Londres accueille une population très éclectique, et bien des créatures magiques arpentent les mêmes rues que nous sans que nous percevions le moindre changement dans l’air. Aaronovitch nous décrit sa capitale, faite de magie ancestrale et pourtant loin de n’être que paillettes et tours de passe-passe ; ces créatures qui nous entourent ont leur propres désirs, haines et ambitions au sein même de notre société, et nous sommes finalement bien impuissants face à eux.

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Un thriller étrange et peu rassurant, Les Rivières de Londres explore comme son nom l’indique la multitude de rivières insoupçonnées qui coulent sous, dans et autour de la capitale. Mais ce n’est que le premier tome d’une série d’aventures indépendantes, prenant chaque fois à coeur de vous plonger dans l’atmosphère particulière de lieux londoniens bien distincts.

Kraken, par China Miéville

Et puisqu’on parle d’étrange, voici venir le roman le plus difficile à présenter de la sélection ! Sans rire. On parle ici de China Miéville, l’écrivain de fantasy prolifique et londonien d’adoption qui s’est définitivement adapté à la capitale — comme il s’adapte à la fantasy qui mêle à la fois le bizarre, le roman noir et l’horreur avec une facilité déconcertante. Avec Kraken, il s’est lancé dans de l’humour noir comme on n’en voit pas souvent.

Lui, il a choisi d’explorer Londres d’un tout autre point de vue : celui, isolé et ignoré, à la fois grotesque et aussi sérieux que fatal, des sectes et des sorciers en tous genres qui se préparent à une nouvelle apocalypse chaque semaine. Voilà, vous commencez à deviner le genre, je crois.

L’histoire commence de manière plutôt banale, et pourtant, chaque détail a son importance. Billy Harrow, conservateur au Musée d’Histoire Naturelle de Londres, mène un petit groupe de visiteurs à la rencontre du nouveau clou de la collection du musée : un calmar géant de huit mètres de long, conservé dans sa cuve après avoir été naturalisé par Billy lui-même.

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Ce n’est pas sa première visite, puisque la bête a été mise en exposition il y a déjà quelques semaines. Mais ce jour-là, quand ils arrivent dans la pièce, Billy et ses visiteurs se retrouvent face au grand vide qu’était supposé combler le calmar. Problème. Un calmar et sa cuve de plus de huit mètres de hauteur n’est pas supposé se volatiliser dans laisser la moindre trace. Et puis, qui aurait pu vouloir voler un calmar géant ? Et, soit, en admettant la chose : comment ?

Les choses continuent à dégénérer lorsque Billy est contacté peu de temps après par la brigade des Crimes Intégristes et Sectaires. Celle-ci, composée notamment d’un flic blasé, spécialiste ès sectes, et d’une toute jeune fille bien malpolie qui a l’air d’être dotée d’un sixième sens, lui fait vite comprendre que ce n’est pas tant le « comment » qui importe que le « qui » (et le « au nom de quelle cause et/ou quelle fin du monde imminente »). Parce que, oui, des fins du monde, il y en a toutes les semaines, et le boulot de cette brigade, c’est de surveiller que ce petit monde marginal au sein même de la capitale ne déborde pas trop.

Sauf que, d’une, ce ne sont pas que des illuminés, de deux, si illuminés il y a, ils sont loin d’être inoffensifs, et enfin, de trois, le vol de celui qu’on appelle désormais le « Kraken » pourrait bien tout faire péter, entre panique générale et guerre de gangs très spéciaux. Citation choisie pour vous donner un aperçu :

« Bien sûr qu’ils sont partout. La vermine théurgique, des dieux minuscules, qui contaminent le moindre recoin. (…) Les rues de Londres sont des synapses de pierre prédisposées au culte. »

Entre blasphèmes, fanatiques impromptus et ironie mordante, je n’irai pas jusqu’à dire que le principe religieux a la part belle dans ce roman… mais il en constitue indiscutablement le noyau. Je ne vous raconte pas le nombre de « WTF ? » que la position de mes sourcils a exprimé à chaque page, tant la trame est complexe, tirée par les cheveux, et néanmoins pleine de sens.

Kraken, c’est drôle, parfois. C’est aussi souvent terrifiant et horrible. On nage dans le 36ème degré en permanence. Et s’il peut être un peu difficile de se plonger dans cet univers un poil inaccessible au début, je vous assure que ça vaut la peine de s’accrocher. Parce qu’après coup, Londres ne vous aura jamais parue aussi… mythique.

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Et c’est la fin de cette petite sélection, merci pour votre attention.

Comme vous l’avez probablement remarqué, tous les auteurs choisis sont anglais, et sont ou ont été, fatalement, londoniens. J’aurais bien aimé tomber sur la prose fantaisiste d’un expat’ français (ou autres) sur la capitale de fière Albion, mais je n’ai pas encore trouvé cette perle rare.

Pour ceux et celles qui le peuvent, je vous conseille de choisir la lecture en version originale, pour mieux saisir ce ton londonien si particulier et décalé. Pour ceux et celles qui ne le peuvent pas, pas d’inquiétude, les traductions sont excellentes à chaque fois !

Enfin, pour ceux et celles, et je me fatigue toute seule avec mes répétitions stylistiques à deux francs six sous, qui n’ont pas l’impression d’avoir un super niveau, mais aimeraient quand même s’essayer à un roman en anglais, je dirais que le plus facile d’accès est Neverwhere. Le plus hermétique étant définitivement Kraken.

Il ne vous reste plus qu’à programmer votre prochain passage sur Londres. Le périple peut s’avérer fascinant, mais attention, vous voilà à présent averti-e-s : faites attention où vous mettez les pieds.


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Les Commentaires

10
Avatar de MissAcacia69
4 avril 2014 à 18h04
MissAcacia69
Merci pour cette séléction très alléchante, je vais voir si je peux emprunter les bouquins à la médiathèque!
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Voir les 10 commentaires

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