— Article initialement publié le 26 janvier 2015.
L’autre jour je regardais le film Before Sunrise quand j’ai eu un choc. Ce film racontait mon histoire.
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À l’époque j’avais 20 ans, j’étais étudiante dans une école d’art parisienne et je vivais au jour le jour de façon totalement insouciante (et inconsciente parfois).
C’était ma première année loin de ma famille, et après deux ans de prépa dans une petite ville de province, je voulais profiter de la vie et de ma nouvelle indépendance totale.
J’ai passé cette année de vie parisienne à sortir et à écumer les boites de la capitale. Je n’avais pas de limites et j’ai fait énormément de rencontres plus ou moins intéressantes.
Mais une nuit de juillet 2011, j’ai fait une rencontre qui m’a énormément marquée.
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Mon histoire d’amour comme dans les films : une belle rencontre
J’étais dans ma boite préférée accompagnée d’un de mes amis. Je buvais une Desperados (détail important), tranquillement assise toute seule dans un coin, quand un magnifique monsieur est venu s’asseoir à côté de moi en pointant ma bière du doigt.
Il m’a alors demandé :
« What is it ? »
Bon… C’était pathétique comme technique de drague. Faire semblant de ne pas connaitre la Despe me semblait médiocre, et j’ai d’abord pensé que ce type, aussi beau soit-il, manquait cruellement d’imagination.
Mais non, d’une part, il ne connaissait vraiment pas, et d’autre part il n’essayait pas de me draguer ; il était juste américain (et donc très sociable).
En discutant avec lui, j’ai appris qu’il voyageait seul à travers l’Europe, qu’il était originaire de Boston, que c’était son premier jour à Paris et qu’il y restait cinq jours.
Nous avons passé toute la soirée ensemble, à danser, discuter et à boire (de la Despe, qu’il a d’ailleurs adoré).
À la fin de la soirée, j’avais l’impression de le connaitre depuis longtemps. Je lui ai alors proposé d’être son guide touristique pour la semaine – je ne connaissais rien à Paris, mais j’avais envie de le revoir.
On s’est donné rendez-vous le lendemain devant Notre-Dame à 11 heures.
Le lendemain, je suis arrivée à l’heure sur le parvis de Notre-Dame. Je me suis vite rendue compte que j’avais eu la plus mauvaise idée qu’il soit de lui donner rendez-vous sur un site aussi touristique.
Le parvis était saturé de monde. Retrouver quelqu’un dans cette foule était presque impossible.
J’ai tout de même attendu en le cherchant des yeux pendant au moins quarante minutes. Je ne l’ai pas retrouvé. Et au moment d’aller vers le métro pour repartir, l’âme en peine, je l’ai aperçu au loin.
Il était aussi perdu que moi, regardait à droite et à gauche avec un air un peu paniqué. Il a alors croisé mon regard et son visage s’est éclairé d’un magnifique sourire. Je risque d’avoir l’air fleur bleue, mais il était encore plus beau à la lumière du jour.
Nous avons passé toute la journée ensemble. On s’est beaucoup perdus dans Paris, il a vite compris que j’étais un guide touristique pitoyable.
Mais ce n’était pas important, on a tellement ri ensemble. La journée est passée à une vitesse inimaginable.
Nous étions comme des amis qui nous connaissions depuis des années. Je me sentais vraiment à l’aise avec lui.
Mon histoire d’amour comme dans les films : une évidence
Le soir, il est rentré dans son hôtel quatre étoiles et moi dans mon petit studio de douze mètres carré. Il m’a manqué cette nuit-là.
Moi qui ne suis pourtant pas une grande sentimentale, j’étais comme une ado qui vit son premier amour, je me rejouais la journée en boucle dans ma tête et je n’arrivais pas à m’endormir tellement j’avais hâte de le revoir.
Nous nous étions donné rendez-vous le lendemain dans un endroit plus précis et moins touristique pour se retrouver facilement. Nous sommes allés au cimetière du Père-Lachaise (pas très romantique je vous l’accorde).
Nous avons passé la journée à chercher la tombe de Jim Morrison (son idole), et nous nous sommes perdus (oui, encore et toujours) dans ce cimetière flippant.
Le soir, après une journée éreintante à parcourir Paris de long en large, j’ai collé au cliché français pour lui faire gouter les escargots au beurre d’ail à Pigalle. Et c’est juste après que l’on s’est empiffrés chacun une douzaine d’escargots à l’ail qu’il s’est enfin décidé à m’embrasser.
Bon, on est d’accord qu’il n’y a pas pire que les escargots au beurre d’ail pour vous tuer l’haleine, mais peu importe ; j’avais tellement envie qu’il m’embrasse (sans oser me lancer moi-même) que je n’ai pas cherché à l’esquiver.
Comme vous pouvez l’imaginer, ce soir-là je ne suis pas rentrée chez moi. Nous sommes tous les deux allés passer la nuit dans son hôtel. Pour couronner le tout, ça a été une nuit magique.
Nous avons passé ces cinq jours collés l’un à l’autre. J’avais l’impression d’être hors du temps. On ne se quittait plus.
J’en arrivais à oublier mon français. J’ai d’ailleurs fait plus de progrès en anglais durant ces cinq jours qu’en plusieurs années d’apprentissage !
J’ai tellement d’anecdotes à raconter sur ces jours avec lui que je ne pourrais pas le faire en un texte, entre son vertige en haut de la tour Eiffel, quand il s’est fait arnaquer par un marchand d’art à Montmartre, le spectacle inattendu de travestis à Pigalle et nos danses enflammées dans des petits bars.
J’ai vécu plus de choses avec lui en seulement cinq jours qu’avec n’importe quel autre homme à l’époque. Il était réellement vivant et n’avait aucune hésitation pour rien. Il fonçait dès qu’il avait envie de quelque chose.
C’est une philosophie de vie qui m’a beaucoup appris. Tous les deux, on fonçait.
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Le cinquième jour est alors arrivé, trop vite. Il a repris son avion en me faisant promettre d’aller le voir.
Quand il est parti, j’étais réellement malheureuse, ma vie m’a semblée douloureusement vide. J’étais tombée amoureuse de cet homme sans m’y attendre. Nous restions en contact par mail, mais ce n’était pas pareil.
Des sentiments partagés
Un mois après, j’ai reçu par la poste un courrier avec toutes les photos qu’il avait prises durant son séjour à Paris, accompagnées d’une très belle lettre où il me demandait de le rejoindre aux États-Unis.
Je ne comprends toujours pas mon geste, mais j’ai tout jeté à la poubelle. Je lui avais promis de venir le voir, mais je n’en avais pas les moyens et ça me rendait amère.
Au mois de janvier, soit six mois après cette histoire, j’ai reçu un mail. Il me disait qu’il arrivait à Paris dans deux jours pour me voir, qu’il ne restait que trois jours.
J’étais en cours à cette période, mais je les ai bien sûr tous séchés pour le voir. J’étais folle de joie.
Nos retrouvailles ont été très fortes. C’était comme si on ne s’était jamais quittés. Nous avons encore passé trois jours merveilleux. Il était revenu juste pour me voir et me demander de repartir avec lui.
Au moment de partir, j’ai cette fois éclaté en sanglots. Ça me faisait vraiment mal de le perdre une deuxième fois. Mais il avait prévu le coup.
Avec sa personnalité un peu théâtrale et excessive, il a sorti un deuxième billet d’avion qu’il avait prévu pour moi, pour que je parte avec lui et m’envole vers les États-Unis.
Vous allez dire, « Voilà un magnifique happy end ! ». Malheureusement, on ne vit pas dans un film.
J’avais mes études à finir, ma famille en France, mes amis… et accessoirement pas de passeport. J’ai donc refusé de partir avec lui. Il a tout fait pour me convaincre, mais je ne suis pas assez téméraire.
Mon histoire d’amour comme dans les films : une histoire inoubliable
Quand son avion s’est envolé, j’ai ressenti une étrange douleur au fond de moi, comme si mon cœur éclatait en mille morceaux. Je savais que je ne le reverrais pas. Et je ne l’ai jamais revu.
Aujourd’hui, nous avons chacun tracé notre route et construit notre vie. Je regarde cette histoire comme un joli rêve un peu lointain et irréel, mais une chose est sûre : je ne l’oublierai jamais vraiment.
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