Mise à jour du 18 septembre 2020 —
Le 15 septembre dernier, la liste des représentants de l’Assemblée Générale des César a fuité sur Twitter.
Dans cette liste figure une aberration : le nom de Roman Polanski.
Car le réalisateur fait partie des membres « historiques » de l’académie et à ce titre bénéficie d’une reconduite. Personne ne l’a donc élu, personne n’a voté pour lui. Toutefois, son nom y figure, et c’est déjà trop.
Suite à cette révélation, plusieurs personnalités du cinéma nouvellement membres de l’assemblée générale ont pris la parole, exprimant leur sentiment de trahison.
Des membres de l’Assemblée générale révoltés
Le 17 septembre, une centaine de représentants de l’assemblée générale des César ont déploré un « manque de transparence » de la part de l’Académie.
En effet, la liste est constituée depuis fin juillet, mais de nombreuses personnalités du cinéma faisant également partie des représentants n’ont appris la présence de Roman Polanski que le 14 septembre.
Dans une tribune adressée à l’AFP, les signataires, parmi lesquels Marina Foïs, Guillaume Gallienne, Cédric Klapisch, et Pascale Ferran, entre autres, ont expliqué vivre une véritable trahison :
« Nous venons d’être élu(e)s en tant que membres de la nouvelle assemblée générale de l’APC (Association pour la promotion du cinéma), en charge de l’organisation des César. […] C’est avec stupeur que nous avons découvert lundi soir, en même temps que la proclamation des résultats du vote, la liste des 18 « membres historiques » (sur les 45 membres de l’ancienne association) ayant demandé à conserver leur mandat. »
Et de révéler :
« Parmi nous, des voix se sont élevées pour appeler à la démission collective. […] Mais ce n’est pas, à nos yeux, la réponse adéquate. Nous ne laisserons pas notre place vacante. »
Ils poursuivent :
« Nous souhaitons de larges réformes pour rendre les César plus vivants, plus joyeux, plus éclectiques, plus ouverts sur le monde, plus représentatifs de toutes les composantes du cinéma français, aussi bien en termes de formes cinématographiques, de métiers, que de diversité d’origines. »
Une initiative à saluer, dont on espère qu’elle mènera vers de vrais résultats.
Article initialement publié le 15 septembre 2020 —
L’obscénité ne connaît manifestement aucune limite.
Quelques mois après
la dernière cérémonie des César — moment outrageux mais puissant de cette année cinéma, lors de laquelle Adèle Haenel a quitté l’évènement en scandant « La honte ! » suite à la remise du César de la meilleure réalisation à Roman Polanski, prédateur sexuel et pédocriminel — les César continuent de repousser les limites de l’incongruité.
Les César conservent Roman Polanski comme représentant « historique »
Suite au scandale Polanski, le président Alain Terzian et son conseil d’administration avaient démissionné et l’académie avait promis un remaniement de son instance afin de réparer les problèmes d’inégalités criantes en son sein.
Ainsi, une réforme avait été votée, qui prévoyait une parité intégrale ainsi que plus de diversité dans les représentants aux César.
La liste de ces fameux représentants de l’Assemblée Générale a fuité sur Twitter, et sans surprise, elle fait la part belle à l’indécence.
Car si l’idée d’une parité a été à peu près respectée, avec une composition totale de 81 femmes et de 101 hommes, une grosse aberration se trimballe dans la liste…
Et elle s’appelle Roman Polanski.
Les César et leur pied de nez à la morale
Comme s’il ne suffisait pas de récompenser le cinéaste d’un César en février dernier, marchant ainsi allègrement sur les victimes au nom de la sacrosainte différenciation entre l’homme et l’artiste, l’académie a décidé de conserver Polanski dans ses rangs.
En outre, il bénéficie toujours de sa place au sein de l’assemblée générale. À côté de son nom figure néanmoins un astérisque précisant qu’il fait partie des : Membres historiques de l’association pour la promotion du cinéma.
Il n’a donc pas été à proprement parlé réélu, mais a été reconduit, comme d’autres membres historiques de l’académie, en l’occurence ceux qui ont reçu des Oscars.
Sauf que justement, Polanski, auréolé de l’Oscar du meilleur réalisateur en 2003 pour Le Pianiste, a été radié de l’Académie des Oscars en mai 2018, avant de formuler une demande pour la réintégrer.
Demande qui a été refusée par le juge de la Cour Suprême de Los Angeles le 25 août dernier.
N’hésitons pas, peut-être, à suivre le modèle des Oscars, histoire de jouer deux secondes la carte de la décence et du progressisme.
Les membres des César réagissent à la présence de Polanski à l’assemblée
Forcément, cette liste n’a pas tardé à faire parler d’elle et à faire bouger les lignes, au sein même de son assemblée.
Andréa Bescond, réalisatrice de l’éminent Les Chatouilles, qui prend pour sujet d’étude la pédophilie et ses répercussions sur ses victimes au travers d’un témoignage bouleversant, a fait suivre son post Instagram d’un texte directement adressé à l’Académie des César :
« Nous demandons qu’uniquement les personnes présentes aux votes soient nommées. Vous voulez un renouveau, les membres historiques n’ont pas à rester dans cette nouvelle énergie. C’est une mascarade à laquelle nous ne pouvons participer. Merci de réagir, de changer ces vieux statuts, à défaut, ce sera sans nous. »
Quant à la toile, elle s’échauffe, à raison :
https://twitter.com/HugCharbonneau/status/1305595940330516485?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1305595940330516485%7Ctwgr%5Eshare_3&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.lesinrocks.com%2F2020%2F09%2F15%2Fcinema%2Factualite-cinema%2Flacademie-des-cesar-mise-sur-la-parite-mais-conserve-polanski-comme-membre%2F
https://twitter.com/B_livAird/status/1305627176423903234
On ne compte plus, bien sûr, les partisans de la différenciation de l’homme et de l’artiste qui, en revanche, s’en donnent à cœur joie dans cette affaire, clamant encore et toujours que l’artiste mérite une place au sein d’une académie récompensant des œuvres et non des morales.
Suite à cette nouvelle indécence, ou plutôt à la non-suppression de celle-ci, il est raisonnable de se demander si l’académie des César ne joue pas la provocation.
Espérons que cette règle concernant les membres historiques sera réformée à son tour, que l’on puisse enfin retrouver espoir et confiance en une institution qui récompense un art si lumineux par ailleurs.
À lire aussi : Les nouvelles règles des Oscars sont-elles inclusives… ou de la poudre aux yeux ?
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