Le dimanche à Rock en Seine : atmosphère
Le temps passe à une vitesse folle quand on s’amuse, et voilà qu’on était déjà dimanche. Ça tombe bien car c’était justement le jour que j’attendais le plus, avec, pour clôturer la grande scène, System Of A Down. J’en tremblais d’impatience.
Le 25 août marquait aussi un grand moment dans ma vie de Rock en Seine-euse : je n’allais plus être seule au monde. Ayant retrouvée mes folles acolytes, on s’est baladées un peu dans le domaine de Saint Cloud, que j’avais eu le temps d’apprivoiser en deux jours. Une part de tartiflette et un sandwich qui faisait trois fois mon bras plus tard, on allait se poser devant la grande scène, pour ma première sensation forte de la journée.
Eels et la chanson connue
Le premier groupe que j’avais noté dans mon agenda virtuel c’était Eels à 17h45. Leur prestation en survet’ était jolie, un truc sympa à voir en fin d’après-midi. J’ai reconnu quelques BO de films et de séries. C’était plutôt drôle car la prestation a presque fini en blind test avec moi-même, en mode « Attend attend, je la connais celle-ci ».
C’était bien marrant, mais au bout d’un moment, mon corps avait besoin de se remuer un peu plus (et de s’hydrater aussi).
Rock en Seine, c’est pouvoir boire du rosé devant Skip the Use
Dans l’ambiance lourde et grisâtre de ce dernier jour (j’ai joué à cache-cache avec la pluie toute la journée, et bonne nouvelle, j’ai gagné), ma glotte criait breuvage. J’ai donc été tester la coupe de rosé du bar à vin à la déco très inspirée par Marcel Duchamp (je vous ai vu, viles lampes porte-bouteilles). On est allées se poser, un verre à la main, en retrait de la scène de la Cascade pour attendre nos Frenchies de Skip the Use.
Comme disent les vieux « Ça déménage ce p’tit récital ma bonne dame ».
Le groupe originaire du ch’Nord est venu tout casser (sauf tes oreilles). Mat Bastard, survolté, sautait dans tous les sens avec une énergie assez folle. Ça m’a donné ma dose de dynamisme pour ce qui m’attendait ensuite : une longue attente pour un final qui tue.
The Bloody Beetroots, en live s’il vous plaît !
Ma soirée près de la grande scène devait être mémorable, il fallait donc bien la préparer. Ça tombait bien, étant donné qu’à 19h45 étaient programmés les Italiens de The Bloody Beetroots.
Je les avais adorés au Jardin du Michel en 2011, tard dans la soirée. Leur show minimaliste tout en blanc, leur présence scénique et l’atmosphère festive m’avaient donné envie de les revoir très vite. Alors quand je me suis rendue compte qu’ils étaient au programme de Rock en Seine 2013, leur concert est devenu un passage obligé.
J’ai trouvé ça dommage de programmer en plein jour : leur set perdait un peu de sa valeur. Rien à voir avec la véritable oeuvre d’art lumineuse à laquelle ils sont habitués. Pourtant, cette prestation avait de gros points positifs. Elle était en live : les instruments étaient bien présents sur scène et les musiciens aux masques de Venom ne faisaient pas que bouger la tête en sautant en l’air de temps en temps pour faire genre. Non, ils se démenaient et livraient une véritable performance.
Dans la fosse, l’ambiance était électrique. C’était comme si chaque spectateur tentait de sauter quelques centimètres plus haut que les autres. Et lorsque le chanteur de Skip The Use apparut sur la scène comme par magie le temps d’un featuring, ce fut un peu l’apothéose.
The Bloody Beetroots version 2013, c’est toujours aussi libérateur !
System of a Down bien placée, et tant pis pour Stromae
D’un commun accord, nous avons décidé d’attendre sagement System Of A Down à notre place (qui était plutôt pas mal du tout) pour ne pas en perdre une miette. Ceci provoquant inévitablement un ratage complet du concert de CHVRCHES (que j’avais prévu d’aller découvrir) et de Major Lazer.
C’est dommage, quand on sait que durant le concert de ces derniers, ce cher Stromae est venu comme si de rien n’était. Après avoir sauté sur la scène, il a posé sa voix de stentor sur sa chanson Papaoutai dans l’euphorie générale.
On avait pensé naïvement que les gens décideraient peut-être de bouger un peu, histoire d’aller se chercher une glace à la fraise ou d’aller voir dans les toilettes du fond si le loup n’y était pas. Mais non.
C’est au beau milieu d’une foule compacte et transpirante que je m’apprêtais à passer ma prochaine heure, avec une seule motivation :
Autant te dire que c’était dur, très dur. Tout autour de moi, j’avais une marge de manoeuvre d’environ trois centimètre et demi : impossible donc d’enlever ma veste, de mettre quelque chose dans mon sac ou encore de tourner mon corps à 90° pour tenir une conversation normale.
Le plus triste dans tout ça, c’est qu’on était trop loin pour avoir droit à l’eau distribuée aux personnes des premiers rangs, mais assez proche pour voir la distribution. Le liquide ne m’a jamais paru si pur, beau, goûteux que dans les gobelets collants de mes voisins d’en face. Je pense que quand j’ai commencé à tenter de trouver du goût à ma propre salive, j’ai définitivement touché le fond.
Je ne savais plus vraiment si c’est l’homme qui prend la mer ou la mer qui prend l’homme.
Enfin, la foule commença à s’agiter. La preuve que le calvaire n’allait pas être totalement vain.
System of a Down : mort et renaissance
Quand je dis mort, je ne parle pas du tout de SOAD, qui a donné une prestation qui valait tous les orgasmes simultanés du monde, mais de moi.
À partir du moment où la foule a commencé à scander le nom du groupe, c’est comme si tout le monde devenait dingue. Le public a perdu toute notion du temps et de l’espace. Les trois médiocres centimètres autour de moi se sont fait la malle. L’étau humain se resserrait sur nos corps frêles jusqu’à nous couper le souffle.
Et quand System Of A Down est monté sur scène, j’aurais aimé me transformer en paraffine et me liquéfier, afin de m’échapper de ce joyeux enfer.
À vrai dire c’était drôle. C’était même super drôle comme situation. Mais après avoir profité pendant de trois chansons de cette attraction digne d’un roller coaster, j’ai quand même eu envie de retrouver le contrôle de mon corps.
Impossible de poser un pied devant l’autre : j’étais un culbuto humain. Au bout d’un moment, on a décidé de prendre les choses en main, avant que l’une d’entre nous ne succombe. On a profité d’une pause entre deux morceaux pour ouvrir une brèche à la force de nos (petits) bras, et nous avons réussi à sortir de la broyeuse corporelle pour nous octroyer une petite place qui sentait bon l’air frais et les 20 cm d’espace vital.
Beaucoup mieux.
À cette place, j’ai pu beaucoup mieux profiter de ce concert magistral (et détaillé dans le focus concert un peu plus bas). Ces mecs sont des fous, le temps n’a aucun effet sur eux. Ce sont sans doute des mutants.
Focus Artiste — CHVRCHES
Je les ai loupés durant leur prestation à Rock en Seine, mais ça serait un peu nul de ne pas en parler du tout. Les trois membres de CHVRCHES (prononcer « Churches ») viennent d’Écosse et ont formé leur groupe en 2011. Leur truc c’est l’électro-pop, avec un synthétiseur très présent.
Le groupe se considère comme faisant partie de la mouvance du rock indé et, contrairement à ce qu’on pourrait penser quand on voit certaines photos de promo, leur monde n’est pas fait de Tamagotchi roses sur des licornes. Ils évoluent du côté sombre et futuriste de la pop moderne.
Je n’ai pas vraiment été étonnée de voir qu’ils avaient fait la première partie de Depeche Mode : leurs univers sont très similaires !
Ce qui m’a marquée la première fois que j’ai entendu leur morceau Recover, c’est la voix de petite fille sous acide de Lauren Mayberry : envoûtante, elle semble venir d’une autre planète.
Et ce genre de clip conceptuel me plaît bien.
Bien que CHVRCHES soit largement porté par Internet, dans une interview pour ARTE, Lauren affirmait ne pas lire souvent les critiques — négatives comme positives — concernant son travail :
« (…) Si tu lis les compliments, tu te sens invincible, mais les commentaires fangeux t’empêchent de dormir la nuit. J’ai commis une fois l’erreur de regarder des vidéos sur YouTube et de lire les commentaires. Jamais je ne recommencerai (…) Moi, je fonctionne pas comme ça. Si j’aime, je regarde. Sinon, je m’abstiens. Je n’irai jamais perdre mon temps à taper un post pour dire : « Toi, je te hais ! »
C’est que la chanteuse n’est pas bête : elle a un diplôme de journalisme et de droit.
Leur EP Recover est sorti il y a peu de temps, mais un vrai album est sur le point de montrer le bout de son nez, sur le label de Mumford & Sons et Phoenix, s’il vous plaît. The Bones Of What You Believe est déjà en pré-commande sur iTunes en attendant sa sortie officielle fin septembre. Pour plus d’infos, tu peux te rendre sur le Tumblr de CHVRCHES.
Focus concert — System of a Down
Comment te dire ? Si on m’avait dit qu’un jour je me trouverais en face de System Of A Down en chair et en os, je n’y aurais pas cru. Puis l’adolescente en moi serait probablement tombée dans les pommes.
Il n’y a pas énormément de groupes que je voulais absolument voir à Rock en Seine. Je savais que j’allais faire de belles découverte (et ça a été le cas) mais le concert que j’attendais le plus, vraiment, c’était celui-là.
Voici l’histoire de mon adolescence défilant devant moi en un peu plus d’une heure et demie.
Je pense que je n’étais pas la seule à attendre SOAD comme le messie. Beaucoup de monde était amassé devant la scène plusieurs heures avant que le concert ne commence. Dix minutes avant le top départ, les fans appellent le groupe. La foule est tendue comme un string.
Lorsque Serj et ses potes montent sur scène, les gens se tassent. C’est à celui qui sera la plus proche. Tout le monde dévore des yeux les quatre musiciens, histoire de pouvoir dire au moins une fois dans sa vie « je les ai vus ». C’est vrai qu’en presque vingt ans, le groupe est devenu culte, c’est un pilier du neo métal et du milieu du rock en général.
Le problème avec les icônes, c’est qu’elle tombent souvent dans la facilité. C’est vrai, pourquoi se fouler alors que les gens sont déjà conquis ? J’avais un peu peur de trouver à Rock en Seine un set lisse, sans caractère.
Ça n’a pas du tout été le cas. Le show n’était pas spectaculaire dans sa réalisation : le jeu de lumière était plutôt simpliste et la scène un peu nue. Mais l’ambiance qui y régnait était digne des plus grands concerts. La foule, une masse compacte ne semblant respirer que d’un seul souffle, transpirait l’admiration. Les rétines brillaient au fur et à mesure que les morceaux défilaient.
Au niveau de la set list, elle était plutôt prévisible (surtout pour une prestation de festival) mais totalement jouissive. Tous les plus grands titres (Chop Suey, Lonely Day, Toxicity, B.Y.O.B) du groupe y sont passés, pour plus d’une heure et demie de folie pure.
Ce qui est sûr, c’est que les quatre Arméniens débordent d’énergie. Serj est souriant et ne semble pas blasé pour un sou. Le groupe est bavard et performant. Le show est sans doute minuté comme un feu d’artifice, mais l’ambiance est folle et le bouquet final est grandiose.
https://youtu.be/NTjjG0twsh8
Lorsque le fond de scène se dévoile derrière un rideau, on réalise une deuxième fois qu’on est là, en chair et en os, devant quatre légendes qui assurent encore comme des bêtes. Lorsque System Of A Down disparaît, sans rappel, tout le monde reste dans une euphorie béate. Ce concert vient de prendre la première place dans la liste de mes shows les plus mémorables.
C’est ainsi que s’est achevé « mon » Rock en Seine : avec des paillettes plein les yeux. Je pense que je n’ai pas été la seule, puisqu’en trois jours le domaine de Saint Cloud a vu se promener sur ses terres 118 000 festivaliers. Nouveau record pour sa 12ème édition en 2014 ?
Tu étais à Rock en Seine ce dimanche ? Qu’en as-tu retenu ?
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