Le Clézio dresse ici le portrait d’Ethel Brun (personnage inspiré par sa propre mère), de l’enfant qu’elle était jusqu’à la jeune femme qu’elle devient.
Sorte de roman d’apprentissage version « Illusions perdues » avec pour toile de fond les années 30. Le regard sur les événments du livre évolue et mûrit en même temps que le personnage. Il devient plus acerbe, plus dur…
Ethel vit dans un milieu bourgeois. Sa mère est réunionnaise, son père vient de l’île Maurice et tout ce petit monde vit à Paris. La vie est rythmée par les allées et venues des « amis » de ses parents et de leurs conversations de salon. Chaque mois, ils se réunissent tous dans l’appartement des Brun et chacun y va de sa petite réflexion sur les affaires, l’économie, la politique. Ethel comprend peu à peu que les « amis » cherchent à profiter de la crédulité de son père pour le plumer. Elle entend aussi les réflexions antisémites qui commencent à surgir et sent instinctivement que ça ne lui plaît pas.
Tout se détraque définitivement avec la mort du grand-oncle bien aimé : Samuel Soliman. Ses rêves de petite fille meurent avec lui. Elle va assister, impuissante à la dilapidation de la fortune parentale et comprend alors qu’elle est entourée de personnes faibles, intéressées ou fourbes, qu’elle va être seule à se battre dans une période particulièrement sombre de l’histoire. S’enchaînent alors les déceptions, la colère, la pauvreté et la faim. Le Clézio nous livre les prémices d’un premier amour en Bretagne puis il enchaîne sur un Road-trip vers Nice tout aussi désenchanté.
Alors pourquoi « ritournelle », me demanderez-vous ? Il y a bien une ou deux allusions à la musique de Ravel. Pourtant, la musique du livre ne m’a pas paru si entraînante…
Je ne connaissais pas particulièrement les livres de Le Clézio mais celui-ci, qui a apparemment emballé la critique, ne m’a pas convaincue. Même si le roman commence bien, sur une histoire d’amitié intrigante entre Ethel et une jeune lituanienne, les personnages autour d’Ethel s’enchaînent ensuite sans qu’on n’ait véritablement le temps de les situer. Le cadre est glauque. On s’enfonce progressivement dans la détresse ressentie par la jeune femme. Seule sa force et sa détermination ont retenu mon attention.
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