Après Christopher Nolan qui dédie un biopic à Oppenheimer, le créateur de la bombe atomique, Ridley Scott dédiera son prochain film à Napoléon Bonaparte, figure parfois adulée alors même qu’elle est à l’origine du rétablissement de l’esclavage.
Pour Ridley Scott, Napoléon a simplement « des casseroles aux cul » – mais reste « remarquable » et « extraordinaire«
Avant la sortie du film porté par Joaquin Phoenix, le réalisateur s’est exprimé à propos de Napoléon dans les colonnes d’Empire : il évoque son interêt pour Bonaparte en décrivant un homme qui serait une personnification de «complexité», dans des déclarations plus que douteuses :
« Je le compare à Alexandre le Grand, Adolf Hitler, Staline. Il a des casseroles au cul. En même temps, il était remarquable par son courage, ses capacités, sa domination. Il était extraordinaire. »
Difficile de ne pas être profondément dérangé par ces propos. Des « casseroles au cul » : comment ne pas tiquer par un tel euphémisme ? L’expression n’apparait-elle pas comme légère par rapport à la réalité de crimes atroces commis par un homme ayant rétabli l’esclavage en 1802, alors qu’il avait été aboli en 1794, au prétexte que « les Africain n’avaient aucune civilisation » ?
Pareillement : comment ne pas redouter le pire de la part d’un film dont le postulat de départ est que la domination rend un individu remarquable, alors même qu’elle est à l’origine de massacres parmi les pires qui soient dans l’Histoire, au point d’être comparés à ceux d’Hitler ou de Staline ?
Une fois de plus, le film de Ridley Scott rappelle que l’histoire est une chose, la mémoire en est une autre. Lorsqu’un cinéaste réalise un biopic, il fait forcément des choix de représentations politiques. On redoute déjà de voir le portrait d’un homme comptant « quelques casseroles », mais qui font justement de lui un héros « complexe » et « extraordinaire« .
Réponse en salles le 22 novembre 2023.
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