Il y a tellement de choses à dire sur Polly Jean Harvey que je ne savais vraiment pas par où commencer quand on m’a proposé par mail de parler de la meilleure rockeuse que je connaisse (non, je n’oublie pas JJ ou PS). Véritable icône du rock alternatif, elle n’a de cesse – bon Dieu ce que c’est bon de parler au présent d’icônes du rock ! – de surprendre son monde de Dry, son premier album, à White Chalk, sorti l’année dernière. Mais c’est Rid of Me qui m’a le plus marquée.
Enregistré de telle manière qu’on ressente la musique comme si le trio (PJ, Rob Ellis à la batterie et Steve Vaughan à la basse) jouait en face de toi – donc certains pourront le trouver mal-produit, ce n’est pas du tout mon avis -, l’effet produit par le disque est immédiat, sourd, violent. Sa pochette résume en quelque sorte ce que tu y trouveras à te mettre sous la dent : un mélange de tension érotique – un peu inquiétante – et d’aggressivité brute. Ce n’est pas un album confortable à écouter. Il interpelle, menace – c’est plus qu’évident sur la reprise de Highway 61 Revisited de Dylan -, inquiète. La voix unique, profonde et terriblement féminine de Polly Jean est chargée de colère, de peur, de toute une panoplie de sentiments mis en paroles avec un talent stupéfiant.
Tout le talent de PJ Harvey se trouve là : l’alliance d’une rage grungy-indie-bluesy-hardcore-punk qui apporterait à n’importe quel autre groupe de rock de quoi se satisfaire et d’un penchant plus qu’évident pour des paroles qui marquent à vie, même si certaines chansons requièrent une écoute approfondie pour en comprendre le sens. Sexe, violence, insécurité, les trois à la fois, tous ces sujets sont traitées sans pudeur, c’est cru (Lick my legs/I’m on fire, Man-size qui traite sans détour de la taille des attributs masculins etc.), c’est grunge, c’est garage, c’est absolument pas commercial, plutôt difficile d’accès, et pourtant dès sa sortie, l’album fait un carton. La jeunesse des années 90 savait assurémment reconnaître les chefs-d’oeuvre les plus débridés.
Le talent de musicienne de Polly Jean explose également aux cages à miel de chacun à l’écoute de cet album, notamment dans sa deuxième partie qui contient certains de ces titres les plus mélodiques ; guitariste plus que douée – les riffs et mélodies de cet album sont tout aussi puissants que ce qu’a pu produire Nirvana, et on ne peut s’empêcher de penser que PJ Harvey en est en quelque l’équivalent au féminin de Kurt Cobain, en tout cas au niveau de la créativité et du génie.
[deezer]1161109[/deezer]
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.