Depuis le début du confinement, mes relations avec l’extérieur se limitent aux réseaux sociaux.
Et entre les conversations Messenger avec mes amis et les stories Instagram, j’ai lu une bonne demi-tonne de récits de rêves, écrits par des confinés étonnés de voir leur inconscient si agité.
Pourtant, moi je ne suis absolument pas surprise qu’en cette période de crise, notre cerveau, même au repos, devienne zinziflex.
Est-ce que je rêve davantage pendant le confinement ?
« Je rêve vachement en ce moment, pas vous ? »
L’avalanche de messages répondant à mon interrogation m’a bien prouvé que j’étais loin d’être la seule à rêver toute la night.
Mais loin d’une nuit d’été (quoique parfois aussi complexes), nos songes semblent angoissants, bizarres, et plus vivaces que d’habitude.
Dans cet article, Perrine Ruby, chercheuse à l’Inserm, révèle qu’en réalité, nous ne rêvons pas davantage, mais nous nous rappelons mieux de nos rêves.
Deux facteurs ont un impact sur le sommeil et les rêves : le changement de mode de vie (le nôtre est subitement devenu plus sédentaire) et le stress, autrement dit l’inquiétude face à cette maladie et l’impact qu’elle va avoir sur notre société.
Alors forcément, en ces temps de Covid-19 et de confinement, notre sommeil est perturbé
. Plus le nombre de mini-réveils est important, plus nous nous souviendrons de nos rêves.
Toutes les émotions fortes que nous avons vécues et que nous vivons encore chaque jour face à cette situation totalement inédite sont traitées et digérées par notre inconscient la nuit venue.
Et cela donne lieu à des rêves tout à fait étonnants, et bien différents de d’habitude !
Dans cet article de Numerama, il est question de deux neuropsychologues italiens publiés dans la revue Frontiers in Psychology, qui expliquent que les rêves incluant un élément étrange, illogique, absurde ou une trame fictionnelle un poil ridicule sont à mettre en lien avec une émotion intense vécue dans la journée.
Ces bizarreries seraient un moyen pour le cerveau d’enlever une part de la connotation négative au traumatisme.
Merci cerveau !
Les rêves du confinement
J’ai glané çà et là quelques songes qui traduisent l’état d’esprit dans lequel se trouvent des rêveurs et rêveuses, à l’inconscient plus agité que d’habitude en cette période toute particulière.
Bien sûr, j’ai laissé mes amis interpréter leurs propres rêves !
Le rêve d’évasion de Margaux
Cette nuit là, dans mon rêve, j’étais à une super soirée avec mes amis. La fête battait son plein.
On dansait sur notre hymne revisité, Confinement bah ouais. Sourire aux lèvres, c’était un vrai moment d’insouciance, un sentiment de liberté et d’amusement.
Un moment hors des interdits, notamment celui de se regrouper à plus de 100 personnes.
Le jour s’est levé et nous avons dû quitter les lieux. Je nous revois marcher dans la rue. Ce n’était pas la même rue qu’à l’habitude, bondée de monde et d’un brouhaha rassurant.
À la place marchaient des gens, seuls, à 1 mètre de distance l’un de l’autre. J’ai senti la peur monter en moi, je n’avais pas pris le temps de remplir mon attestation de sortie, et pire : j’étais à beaucoup plus d’un kilomètre de chez moi.
Derrière mon épaule, j’ai aperçu un groupe de policier commencer à contrôler les passants. Vite, j’ai couru me cacher derrière des poubelles et j’ai tenté de faire mon attestation en ligne, maintenant que c’est possible.
Je suis fatiguée, ma vue se brouille. Elle se brouille tellement que tout devient noir et que je me réveille.
Je ressens un sentiment de frustration à devoir rester enfermée. Je sais que je ne dois pas sortir en ce moment, pour le bien du pays mais également pour ma propre santé.
Le temps est long et j’attends avec impatience l’arrivée de jours meilleurs. En attendant, je laisse mon esprit festoyer et s’évader à travers mes rêves.
La régression d’Amandine
Depuis le début du confinement, j’ai remarqué une véritable régression de ma part.
Tout d’abord, je suis rentrée chez mes parents comme une petite fille — alors que j’approche des 24 ans — puis j’ai dû retourner vivre seule dans mon appartement.
Et en partant, j’ai embarqué une vieille peluche avec laquelle je dors désormais tous les soirs, alors que je n’ai jamais eu de doudou de ma vie.
Je mate en boucle mes séries et mes films préférés, en particulier le soir, quand la solitude m’effraie le plus.
Je ne peux pas m’endormir sans bruit, et je retarde au maximum le moment du sommeil car j’ai peur des rêves très vivaces que je fais.
C’est le genre de rêves qui, une fois le matin arrivé, semblent encore très réels.
Et je mets bien quelques minutes avant de me souvenir qu’on est bien en 2020, et que je suis bien seule dans mon appartement, en pleine crise de coronavirus.
Ces rêves ne sont ni bons, ni mauvais, juste déroutants.
Le plus récurrent consiste à me faire croire que mon premier amour, celui de mes 17 ans, a subitement eu envie de me recontacter, alors nous nous remettons ensemble, pour le meilleur et pour le pire.
Je crois que j’essaie de me raccrocher à un temps, à des personnes rassurantes, familières, alors que je vis un moment plein de doutes et d’incertitudes.
L’étrange rêve de Juliette
La semaine dernière, j’ai fait un rêve sur un parc d’attractions qui avait pour thème : le Covid.
Dans un décor semblable au Parc Balnéaire du Prado à Marseille, avec quelques palmiers et zones d’ombre en plus, j’étais à la recherche d’activités avec mon compagnon.
On avait perdu tous mes autres amis, que je voyais plus au moins au loin, en train de faire des âneries. Je les ai rejoints rapidement, ne comprenant pas trop ce qu’il se passait : ils se couraient tous les uns après les autres gaiement.
Je les ai ignorés et nous avons continué notre route vers un grand manège circulaire, un petit train aérien. Chaque place représentait une sorte de petit virus.
La locomotive était un virus plus grand. J’ai levé les yeux et lu « Corona Circle ».
Nous sommes montés dedans, le manège a démarré, je me suis tournée vers mon ami en lui disant « on est quand même des sacrés pigeons pour faire ça ».
Ce qui me manque le plus pendant ce confinement, c’est le contact avec les gens, mes amis notamment, ainsi que le divertissement, l’activité, la vie en extérieur et les sensations.
À défaut d’une journée épique, je m’efforce dans mon rêve de concevoir ce qu’il se passe en ce moment comme une grande supercherie.
Ma forte consommation de films dramatiques hollywoodiens ainsi que mes souvenirs de vacances se sont alliés, ont fusionné, et ont créé ce nouveau chef-d’œuvre digne du dernier Dany Boon.
Les cauchemars de Nicolas
Je suis, depuis le début du confinement, plus sujet aux cauchemars (ce qui n’est pas vraiment le cas dans la vie de tous les jours). Ce n’est pas récurent cependant, fort heureusement.
Cela dépend de l’état d’esprit dans lequel je suis le jour J, et avec ce confinement, ça peut changer du tout au tout en 24h.
Mes cauchemars ont donc souvent lieu sur deux ou trois jours d’affilée (durant les jours où je suis le plus anxieux).
Depuis le début du confinement j’en ai fait 4 ou 5, mais je ne me souviens distinctement que de celui-ci.
Les premières images qui me reviennent de ce rêve sont 3 personnes autour de moi, je ne les connais pas.
Pourtant, deux d’entre elles semblent être mes amis. L’un a les cheveux frisés, une barbe broussailleuse et porte un chapeau, l’autre est brun, plus petit de taille et un sourire jusqu’aux oreilles.
Nous sommes chez un inconnu, assis sur des sacs de couchage, et nous discutons de tout et de rien, une bière à la main.
Nous avons décidé, mes « amis » et moi de parcourir un petit bout de la France ensemble en allant dormir chez l’habitant.
C’était une bonne manière de nous préparer au grand voyage à venir, L’AMÉRIQUE DU SUD.
Au petit matin nous quittons l’hôte fort charmant qui nous avait accueillis pour la nuit. Les « au revoir » sont chaleureux, l’homme nous souhaite bon courage pour l’aventure qui nous attend.
Le soir suivant, nous revoilà chez quelqu’un d’autre, en banlieue parisienne.
L’ambiance est moins joviale et nous sommes tous exténués par notre journée de marche, nous nous endormons comme des pierres dans nos duvets autour de la table du salon.
En ouvrant les yeux, le décor a changé, me voilà dans un avion, direction un autre continent.
Mes deux amis sont toujours là ; dans les sièges devant nous, j’aperçois aussi ma mère et 3 de mes sœurs. Nous entamons la discussion, elles semblent nous accompagner dans notre trajet.
Mais nous entrons dans une zone de turbulence. L’avion vibre dans tous les sens, nous rejoignons chacun notre place et bouclons nos ceintures de sécurité.
Sans savoir comment, je parviens à trouver le sommeil malgré l’agitation.
Je me réveille paisiblement dans une grande maison en Argentine. Mes deux amis sont toujours là, près de moi et dorment à poings fermés.
Un autre couple, visiblement rencontré la veille, partage la même pièce. Seule la femme semble émerger en même temps que moi.
Nous décidons de sortir visiter la ville tous les deux en attendant que les autres se réveillent. Nous arpentons désormais les rues.
Aucune présence n’est perceptible, nous sommes seuls, les bâtiments sont délabrés, l’atmosphère est pesante.
Au milieu d’un terrain vague, un abattoir de porcs. Je demande à la jeune de femme de m’accompagner pour l’inspecter. Nous entrons.
Aucun animal en ces lieux, une odeur fétide nous agresse les narines. Les murs gris sont quasiment noirs de crasse, la paille qui jonche le sol est humide.
Nous ressortons quelques minutes plus tard, sans être particulièrement étonnés. Nous marchons au milieu de ce terrain vague en se dirigeant vers les bâtiments devant nous, qui se trouvent à une centaine de mètres.
D’un coup, une musique métallique et angoissante grandit. Est-ce dans ma tête ? Non. Elle semble résonner partout autour de nous. Elle grandit encore, toute la ville semble maintenant pouvoir l’entendre.
D’un coup, 3 hommes arrivent en courant de directions différentes et saisissent la femme rencontrée la veille. Ils semblent vouloir l’amener dans la ville. Je suis paralysé.
Dois-je l’aider au péril de ma vie ? Dois-je fuir et la laisser livrée à elle-même ?
Les 3 hommes la traînent avec vigueur et celle-ci se débat du mieux qu’elle peut. Mon cerveau veut l’aider mais mes pieds sont ancrés dans le sol, je suis impuissant.
Raconte tes rêves de confinement pour la science
Si toi aussi tes rêves sont plus bizarres ou plus vivaces que jamais pendant le confinement, la science veut savoir !
En écoutant ce podcast, j’ai appris que le Centre de Recherche de l’Inserm à Lyon a organisé une collecte de rêves dirigée par la neuroscientifique Perrine Ruby via un formulaire en ligne.
Allez lectrice, va donc raconter tes rêves pour la postérité !
À lire aussi : Ces étudiantes à l’étranger pendant le confinement témoignent
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On a hâte de vous lire !
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