Pour les vacances de Noël, je quitte la capitale où j’habite déjà depuis plusieurs années, et je reviens, comme plein de parisiennes d’adoption, dans la plus petite ville qui m’a vue grandir.
Fouler les pavés de Valence, dans la Drôme, ça a toujours un goût doux-amer…
Revenir dans ma ville d’enfance, cette drôle de nostalgie
Je ressens toujours une forme de nostalgie un peu bâtarde, puisque je n’ai aucune envie de revenir ici à long terme.
Mais les rues sont chargées de souvenirs, tantôt joyeux, tantôt douloureux.
Je me souviens de celle que j’étais quand je vivais ici, de mon envie, non, mon besoin de m’échapper, de mon sentiment d’étouffer, de mon impatience à déployer enfin mes ailes.
J’ai pourtant vécu un quotidien tranquille, privilégié, plutôt serein et bien protégé. Cependant, j’ai toujours ressenti cette pulsion d’ailleurs.
Aujourd’hui, cette ville me paraît bien petite, même si elle a pendant des années représenté l’intégralité de mon univers.
Croiser des gens que je connaissais dans ma ville d’enfance
Nous sommes nombreux et nombreuses à avoir, comme moi, quitté le nid, en quête d’épanouissement et d’opportunités.
La migration des fêtes de fin d’année rassemble tous ces anciens potes, ces anciennes connaissances, avec lesquelles j’ai eu des relations parfois fusionnelles… mais de toute évidence éphémère.
Je n’ai jamais été particulièrement sociable, je n’ai jamais été populaire. Je n’ai gardé que très peu d’amies de mes années drômoises.
Les personnes qui partagent ma vie, je les ai rencontrées plus tard : pendant mes études, dans la rédac de madmoiZelle, à la terrasse d’un bar lillois ou dans une soirée parisienne.
Alors c’est toujours un moment un peu awkward de recroiser Paul, le joueur de diabolo de 2nde B, que je rêvais d’embrasser quand j’avais 14 ans et qui m’a mis un gros vent.
Surtout quand il est avec SA FEMME ET SON ENFANT (alors que moi j’ai : ma daronne à côté de moi, et une potentielle tache de sauce sur mon t-shirt froissé).
J’évite les gens que je connaissais dans ma ville d’enfance
Honnêtement, ça vient peut-être de mon côté farouche, mais je n’ai aucune envie de papoter avec des gens que je n’ai pas côtoyés depuis des années
.
J’ai l’impression que je suis une autre personne, qu’eux aussi, qu’on a rien en commun et que ça serait juste GÊNANT.
Carotte, rédac mode chez madmoiZelle, partage mon ressenti :
Je croise l’entièreté de mon lycée/collège à l’Hyper U de ma ville. Ils y passent tous.
Comment réagir quand c’est genre des gens de ton ancienne classe mais avec qui tu n’étais pas proche ? Ma technique : feindre l’innocence.
Ah non je n’ai pas vu, d’ailleurs je te connais pas, non non, bim bim allons poser ce paquet de serviettes dans le caddie.
Est-ce que je suis trop vieille pour changer de rayon en attendant que mon ancienne partenaire de TPE ait fini de tâter les melons ? Probablement.
Est-ce que je le fais quand même ? Tout à fait.
J’arrête d’être snob quand je reviens dans ma ville d’enfance
Je n’en suis pas fière mais je l’admets : j’ai longtemps été un peu snob vis-à-vis des gens qui n’ont pas bougé de ma ville.
Tu sais, ces potes qui se sont mariées à 22 ans, qui ont eu un enfant dans la foulée, qui sont propriétaires d’un pavillon avec jardin, qui sont restées dans leur petit cercle, leur petit confort…
Je pensais valoir mieux qu’elles, tout ça parce que je menais une vie effrénée, une vie « plus cool ».
C’était débile.
Chacun sa route, au final, qui suis-je pour juger leur existence ? Si ça se trouve, elles trouvent ça bizarre que je puisse m’épanouir dans un 25m² hors de prix et un métro qui sent le pipi !
C’est d’ailleurs pour ça que j’illustre cet article avec le film Young Adult, un petit bijou qui prend aux tripes et dont l’héroïne revient, après un burn-out, dans la ville dont elle méprise les habitants.
Relativiser en croisant des gens dans ma ville d’enfance
Revenir ici me fait toujours relativiser. Certaines choses qui me paraissaient d’une importance VITALE deviennent minuscules.
Là encore, Carotte l’explique bien en me lisant quelques-unes des personnes qu’elle croise dans son fameux Hyper U :
Un vieux crush, ou pire, quelqu’un qui avait un crush sur toi… mais ce jour-là, t’es super moche parce que t’allais juste chercher du pain et tu pensais pas croiser qui que ce soit.
La « queen » du collège qui est toujours là et qui n’a jamais bougé.
Des gens que tu mettais sur un piédestal, qui en fait mènent maintenant la vie la plus normale et tranquille du monde alors qu’ils se prenaient pour les kings du collège.
Il y a des gens qui faisaient la pluie et le beau temps pendant mon adolescence, au point que ma vie semblait dépendre de leur degré d’affection à mon égard.
Il y a des gens auxquels je rêvais de ressembler, qui étaient la coolitude incarnée, qui semblaient avoir atteint un niveau de maturité inaccessible pour le commun des mortelles.
Il y a des gens qui m’ont fait beaucoup de mal, qui m’ont harcelée, qui ont fait preuve envers moi de cruauté ou simplement de lâcheté.
Et au final, tous ces gens sont au même Hyper U, à acheter les mêmes toasts pour foie gras en espérant que leur daron appréciera de recevoir une brosse à dents électriques.
Je laisse à Carotte le mot de la fin, il me semble tout résumer :
C’est fou la vie.
En effet. C’est fou la vie.
À lire aussi : « La salope du lycée » prend la parole, et elle a des choses à dire
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Les Commentaires
"-ouaiis, moi je gagne 2k
-ouiii, mais moi mon appar't est plus grand que le tien et coûte deux fois moins cher !
-certes mais moi j'ai un poste à haute responsabilité
-d'accord mais moi je suis heureux en amour !
-et moi j'ai deux enfants !
-mais moi je n'en ai pas car je veux être plus libre que toi !"
au secours !