*Les prénoms ont été modifiés
Sur madmoiZelle, je t’avais déjà parlé du revenge porn dans les lycées, et pourquoi il fallait que ça cesse.
Le revenge porn, c’est ce délit qui consiste à poster des photos intimes d’autres personnes sur Internet sans leur consentement.
Si je reviens te parler de ce triste sujet aujourd’hui, c’est parce que ce phénomène explose pendant le confinement. Des comptes spécialement dédiés à la diffusion de photos volées sont même créés, appelés « comptes fishas », pour « afficher » des filles considérées comme « faciles ».
Des actes de harcèlement sur fond de slut-shaming et de culture du viol qui me donnent envie de vomir, et contre lesquels il est plus que nécessaire de lutter.
Les conséquences peuvent être dramatiques, jusqu’à pousser au suicide comme ce fut le cas pour Elyse, 16 ans, qui s’est défenestrée après avoir été harcelée en ligne selon le site local Actu76.
L’ennui à l’origine d’une augmentation du revenge porn pendant le confinement
Une enquête sur Le Monde révèle l’ampleur du phénomène et laisse la parole à des jeunes filles victimes de revenge porn.
Si le phénomène n’a rien de nouveau, il refait nettement surface pendant le confinement, selon Justine Atlan, la directrice générale de l’association e-Enfance qui gère la plateforme d’aide aux victimes de harcèlement Netécoute
, interviewée par Le Monde :
«C’est très clair, et ça n’est pas spécifique à une zone géographique, même si ça touche davantage les grands centres urbains. Malheureusement, quand les gens s’ennuient, ça les occupe beaucoup de nuire aux autres. »
Toujours selon Le Monde, le fonctionnement est souvent le même : des comptes Snapchat, avec une publication tous les jours à 20h (sinon, on peut plutôt décider d’applaudir le personnel soignant à cette heure-ci) comportant des photos et l’identité de la jeune fille.
Certains comptes sont très suivis et essayent de se faire de l’argent en revendant les photos.
Des lycéennes victimes de revenge porn pendant le confinement témoignent
Lila*, lycéenne a Strasbourg, a ainsi été victime de cette recrudescence du revenge porn pendant le confinement. Déjà cyber-harcelée par le passé, des vieilles photos d’elle dénudée ont refait surface.
Elle explique au Monde que quelqu’un a envoyé ces photos à son nouveau copain pour lui faire du mal et pour qu’il le quitte. Elle raconte aussi le sentiment éprouvé par les victimes de revenge porn :
« La première fois que j’ai appris ça, j’ai eu envie de vomir. Je me sentais sale. Je ne comprenais pas pourquoi ça m’arrivait à moi. »
Samia* aussi raconte comment un garçon qu’elle a aimé a balancé des photos d’elle sur Internet et auprès de son père, sa souffrance, et les répercussions tragiques sur sa famille :
« J’ai reçu plein de messages après, genre « T’es une pute, t’es une fille facile, t’es une salope ». […]
Et puis un soir, j’ai reçu un SMS à 2h du matin. C’était mon père qui m’expliquait que je n’étais plus sa fille, et que je ne pourrais plus jamais revoir ma tante et mes cousines. »
Ces témoignages déchirants sont révélateurs de la double peine qu’endurent les victimes de revenge porn : voir leur intimité dévoilée au grand public et à leurs proches sans leur consentement, et être blâmées pour cela.
Les initiatives de lutte contre le revenge porn pendant le confinement
Heureusement, certains et certaines se sont organisées pour créer des groupes de lutte contre les comptes fishas et aider les victimes.
Shanley, étudiante de 21 ans citée dans Le Monde, a décidé de mettre à profit son temps pendant le confinement pour faire supprimer des comptes fishas. Elle fait des recherches et conseille les victimes sur les étapes à suivre en se faisant aider par des amies qui étudient le droit.
Beaucoup de filles sont venues vers elle, et elle a depuis créé une conversation Instagram puis un groupe, stop fishas, pour les aider.
À lire aussi : Entretien avec des militantes de « Stop fisha », contre le revenge porn
Des associations prennent également part au combat pour signaler les comptes de ce genre. C’est le cas d’e-Enfance, par exemple. C’est une bonne nouvelle, car leurs signalements sont traités de façon prioritaires par les réseaux sociaux.
Les victimes de revenge porn et de comptes fishas portent trop rarement plainte
Si tu es victime de revenge porn, sache que tu peux porter plainte, car il s’agit bel et bien d’un délit. Malheureusement, très peu de victimes portent plainte, selon l’article du Monde.
La méconnaissance de leurs droits est une des raisons qui pousse les filles à ne pas se saisir de la justice.
Une autre raison est la honte ressentie, notamment auprès de leurs parents, par les jeunes filles souvent mineures. Une honte démultipliée par le slut-shaming dont elles font l’objet, condamnées, rendues responsables de ce qui leur arrive.
Que faire si tu es victime d’un compte fisha ou de revenge porn pendant le confinement ?
Si cela t’est arrivé et que tu te sens coupable, sache que ça n’est pas ta faute, et que tu n’es pas seule. Tu n’es pas responsable de ce qui t’arrive, tu n’es pas sale, et personne n’a le droit de diffuser des photos de toi sans ton consentement, ni de t’insulter.
La première chose à faire est de chercher une personne de confiance à qui en parler : amie, proche, famille…
Ensuite, tu peux faire appel à des assos et à des professionnels tout en restant anonyme. Numerama en a rassemblé plusieurs :
- Net Ecoute, qui offre un soutien psychologique et juridique si nécessaire. Tu peux les appeler au 0800 200 000. Leur service est toujours ouvert pendant le confinement. Si tu préfères les contacter par écrit, tu peux accéder à leur email, leur chat ou leur Messenger sur leur site.
- Le tchat de l’association En avant toute(s) que tu pourras retrouver en cliquant ici. Tu pourras également avoir accès à partir du lien à des articles avec des informations et des conseils si tu es victime de violences sexistes ou sexuelles (le revenge porn en fait partie).
- Tu peux appeler le Fil santé jeunes en composant le 0800 235 236. Sur leur site, tu trouveras aussi un chat individuel et un forum.
Enfin, tu peux toujours porter plainte pendant le confinement. Selon un officier de la police nationale interrogé par France Info, il faut pour cela contacter au préalable un commissariat ouvert à proximité de chez toi afin de prendre rendez-vous.
Si tu veux en savoir plus sur le revenge porn et le harcèlement sexuel, notamment dans le cadre scolaire, ces articles parus sur madmoiZelle devraient t’intéresser :
- Ces témoignages de femmes filmées à leur insu pendant le sexe
- Ce témoignage d’Emma Holten, victime de revenge porn à 17 ans, qui a pris sa revanche en posant nue, quelques années plus tard
- Ce guide de QueenCamille qui te donne des tips pour envoyer des nudes en (presque) toute sécurité
- Cet article qui t’explique tout sur le slut-shaming
- Cette explication en vidéo de Mymy sur ce qu’est la culture du viol
- Cet excellent reportage d’Esther sur la lutte contre le harcèlement sexuel de lycéennes
- Cet article indispensable de Mymy qui rappelle à quel point l’éducation sexuelle a sa place à l’école
À lire aussi : Les nudes et le rapport au corps, côté mecs : témoignages
Les Commentaires
Quand j'était au lycée, Facebook et tout n'étaient qu'a leur début; donc quand il y avait embrouille, que se soit dans un couple , entre "potes" ou d'une bande à l'autre, on se donnait rdv irl pour régler le problème (en publique ou en petit comité).
Du coup les gens étaient obligé de porter leurs ovaires/couilles, alors qu'aujourd'hui n'importe quel trou de balle peut se venger ou tenter une prise de pouvoir à distance derrière son écran #société de lâches
Et aussi, évidement, y'a encore et toujours des abrutis qui considèrent que le corps de la femme est un outil de perversion ou un truc du genre.... Et j'avoue qu'étant lesbienne, je ne comprend pas le délire de "cacher vos tétons, vos formes parce que ça peut exciter les gens". Perso, quand je vois une femme dans une tenue attirante, je regarde (de manière descente), c'est vrai que ça m'émoustille mais je ne vais pas la voir comme vulgaire ou comme fille facile ou je ne sais quelle autre connerie comme "elle l'aura bien cherché et tout".
Pourtant j'ai bien remarqué que plus je m'habille de manière "sexy", plus je vais être emmerdée par des connards...
Mais c'est pas pour autant que dans la noisette qui me sert de cerveau, je fais le lien entre fille et objet sexuel à détourner selon son envie.