Il y a quelques semaines de cela, alors que je me languissais dans la bruine d’un printemps à retardement, une amie m’a proposé de passer un samedi soir un tantinet particulier : une de ses amies organisait chez elle une réunion « entre filles », au cours de laquelle serait servi un copieux buffet – et présentés divers objets érotiques.
Mon âme de goinfre s’est réjouie de l’opportunité de manger à l’oeil : par amour pour la bouffe, je serais sans doute capable d’assister à un colloque sur la grenouille chauve du Botswana, si à son issue coulent à gogo champagne, petits fours et macarons.
La réunion avait lieu dans une colocation d’étudiants, dont les membres mâles s’étaient vus contraints de partir, ces évènements étant strictement féminies. Nous les avons croisés dans le couloir, penauds et maugréant : s’ils se répandaient en vannes grasses (« Mais pourquoi vous achetez des sex-toys, hein ? On est là nous ! »)* sur la soirée, nous sentions bien qu’ils étaient tout aussi gênés que curieux. Les derniers porteurs de prostate étant partis vers l’infini et au delà, la soirée pouvait commencer.
*(À quoi nous aurions pu répondre qu’ils n’étaient de toute façon pas rechargeables sur secteur.)
Cosmopolitan, mojitos* et lubrifiants
Nous étions une douzaine de jeunes femmes, toutes étudiantes à Sciences-Po ou en école d’ingénieurs – la doyenne allait sur ses 23 ans, tandis que mes 19 printemps et moi-même faisions office de benjamins. À cette joyeuse bande s’ajoutait Judith, ambassadrice pour une marque de produits érotiques en tous genres, qui venait nous présenter ces derniers. Pendant que Judith mobilisait chaises, tables basses et luminaires pour exposer sa marchandise, nous avons profité des succulents cocktails*, préparés pour l’occasion dans des saladiers Ikéa. Alors que nous faisions du small talk, Judith nous a invité à nous asseoir et à faire silence : nous allions plonger dans le monde merveilleux des accessoires érotiques.
Les premières choses qui nous ont été présentées étaient, ma foi, fort banales : lubrifiants de tous goûts et de toutes couleurs, gels chauffants, refroidissants, retardateurs, à paillettes, poudres et crème ont tourné de mains en mains. Nous avons pu essayer (voire même goûter pour les produits comestibles – et croyez-moi, certains lubrifiants au chocolat feraient d’excellents nappages à gâteau) tous les produits, en en déposant une noisette sur nos avants-bras respectifs. D’autres produits étaient plus originaux : un parfum aphrodisiaque avait pour vertu réelle ou supposée de transformer tous les hommes en James Deen en puissance lorsqu’il était vaporisé sur les draps, et une crème « spécial fessier » garantissait pour la modique somme de trente euros** une absence totale de boutons après une épilation. La présentation étant faite, une pause fut faite afin de contenter nos estomacs qui commençaient à crier famine.
**Trente euros = quatre kilos de flambottis. Je ne sais pas vous, mais le choix n’a pas été cornélien.
Bon point : en vrai, vous n’êtes pas obligées de vous extasier bruyamment. Ni d’arriver parées de vos plus beaux atours.
Cake aux olives, clafoutis à l’aubergine et lingerie transparente
Une part de cake dans chaque main, nous avons écouté la seconde partie de la présentation en nous goinfrant consciencieusement. Il était alors question de lingerie et de nuisettes : culottes sans fond, ensembles affriolants, masques et dentelles nous ont été présentés. Naturellement, toutes ces jolies choses étaient tout à fait inadaptées à un brunch en compagnie de ta belle-mère / un oral d’épistémologie des sciences sociales / un entretien d’embauche chez Disney (rayer mentions inutiles). Mais comme nous étions sans peur et sans reproches, nous avons décidé de nous livrer à une séance d’essayage.
La coloc’ n’étant pas un château aux cent pièces et aux mille dédales, nous avons dû toutes nous changer dans la même pièce. Cela a été extrêmement libérateur : hétérosexuelle, n’ayant jamais fréquenté de hammam ou de plage nudiste et fuyant le sport comme la peste bubonique, je n’ai pas été habituée à la nudité des femmes, et ai nourri quelques complexes, comme je vous l’expliquais récemment. Or, le fait de constater que toutes les filles n’étaient pas gaulées comme des déesses grecques et que la cellulite n’épargnait personne a été une découverte des plus décomplexantes. Parées de nuisettes transparentes, de robes qui laissaient paraître tout et le reste et autres nippes non-cautionnés par la morale catholique, nous avons défilé dans la joie et la bonne humeur, et découvert d’autres horizons vestimentaires.
Cheesecakes, cookies et jouets érotiques
Une fois rhabillées, nous sommes toutes reparties au salon, où nous attendaient diverses pâtisseries et une bonne douzaine de sextoys. Judith nous les a présentés un à un, et nous avons pu les tester (sur nos mains – soyez rassurées si vous aviez imaginé autre chose). Cette présentation a été l’occasion de parler de sujets difficilement abordables en temps normal, de nos complexes divers, de nos expériences plus ou moins couronnées de succès – et la soirée s’est muée en un sympathique cours d’éducation sexuelle, où l’on causait de choses et d’autres un mojito* à la main.
Au reste, les jouets érotiques présentés n’avaient rien d’original : ils étaient identiques à ceux disponibles sur le site de La Redoute et consorts, mais bien plus chers – sans doute à cause de la commission à laquelle Judith avait droit pour chaque produit vendu.
La réunion sextoys : bilan
Je garderai de cette soirée un excellent souvenir, notamment grâce à son aspect très décomplexant. Elle a été l’occasion de rencontrer des personnes fort sympathiques, de goûter des cocktails succulents, de manger moult gâteaux et d’en apprendre un peu plus sur le corps et la sexualité. Si tu es invitée à ce genre d’évènements, n’hésite donc pas une seconde à y aller.
(*Bon, rappelons que toutes ces joyeusetés sont à consommer avec parcimonie et modération si on ne veut pas que notre foie ressemble à un ballon en mousse)
Et toi, es tu déjà allée à une réunion sextoys ? C’était comment ? Si tu étais invitée, tu y irais ou ça ne te tente pas plus que ça ?
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Les Commentaires
Personnellement j'avais testé avec quelques amies avec la société FUN et on avait toutes adoré. Je vous les recommande, la nana qui nous a fait la "présentation" était vraiment sympa. Les sextoys étaient vraiment trop choupi (jamais je n'aurai cru utiliser "sextoys" et "choupi" dans la même phrase un jour.)
En tout cas, pour celles qui hésitent je vous recommande vivement de tenter l'expérience c'est très drôle
D'ailleurs je pense que je vais en organiser une bientôt pour l'enterrement de vie de jeune fille d'une amie
@cendriyon : FUN propose de remplir un formulaire pour organiser une soirée (c'est comme ça que je les avais contacter) essaye peut-être chez eux.