En général je suis une grande fan des émissions de divertissement de début de soirée. Et forcément de ce côté-là M6 gère niveau bonnes idées. Alors que L’Amour est dans le pré vient de se finir, elle va faire place à un nouveau programme sur son créneau horaire. Cette fois-ci c’est vrai que la chaîne n’est pas allée chercher bien loin… mais en même temps si ça marche, pourquoi se priver du concept ?
Quand une nouvelle émission que je prévois de regarder commence, je suis toujours un peu fébrile. Comme si ma vie toute entière en dépendait — ou du moins ma soirée, et pour moi ça veut dire beaucoup.
Avec Retour au Pensionnat à la campagne c’est un peu comme ça que ça c’est passé. Voici 5 raisons d’appuyer sur la touche numéro six de ta télécommande lundi soir.
Le casting envoie du lourd
Quand on enferme vingt-quatre gamins de douze à quinze ans dans une école qui ressemble un peu à une prison, avec le but de faire une émission riche en rebondissements le casting se doit d’être impeccable.
Cette fois-ci ça a l’air d’être le cas. Douze filles et douze garçons vont devoir supporter l’autorité — et se supporter eux-mêmes, ce qui promet d’être épique. Ce qui est drôle, c’est qu’on sent que la tranche d’âge est particulièrement bien trouvée. Plus vieux ou plus jeunes, les participant-e-s se seraient sans doute plus facilement plié-e-s aux règles. Sauf que là, la prod’ a décidé de s’attaquer à l’adolescence dans tout ce qu’elle a de plus rebelle et ingrate.
Ça piaille, ça se balance de gauche à droite d’un air nonchalant et je suis même sûre que ça tient une fan-page à la gloire de la comédie musicale Robin des bois. Je sais que le côté nostalgique ça marche bien avec toi, ça te parle et c’est normal. Je sens qu’en posant ta rétine sur ce mirifique programme, une partie de ton Skyblog renaîtra un peu.
Si on veut que le show marche, il faut placer quelques fortes têtes histoire de mettre de l’action. Imagine toi Game Of Throne en mode : « Dégage tes dragons de là, ce trône plein d’épése tout moche est à moi ! » « Ah ok pardon je savais pas ». Fin. Pas cool. Bon, eh ben là M6 s’est arrangée pour qu’on reconnaisse direct ceux qui vont mettre le dawa.
Il y a ceux qui s’écrasent devant les enseignants, les lèches-fessiers que tu aimeras détester et les relous qui n’en manquent pas une pour montrer que c’est pas parce qu’on a 14 ans qu’on doit être pris pour un petit étron parlant (hého). Avec en grand winner de ces 35 premières minutes, Ossama, haut comme trois pommes mais au répondant plus agaçant qu’un jeune troll de YouTube. Il y a aussi Lauryne, qui refuse catégoriquement qu’on lui confisque ses soutifs parce que le maintien, à quatorze ans, c’est primordial.
Et puis il y a ceux qu’on imagine bien au premier rang, buvant les mots du prof comme un lait-fraise : Élodie (le quotient choupi, habituée des pensionnats et ayant sauté deux classes), Thierry (fan de billard, de golf et de danse country) ou Margot (maintes fois déléguée de sa classe). On se demande vite comment ils vont réussir à survivre au milieu d’une bande de Ducobu — à moins que ce ne soit eux qui tournent mal…
Les relations entre les personnages semblent se créer : les filles choisissent leur mâle favori et les garçons font la tronche quand ils s’aperçoivent que leur conquête va devoir s’habiller à la mode mormon — un peu moins sexy qu’un slim Guess, tu conçois bien. C’est alors que je me dis qu’en plus de te ramener dans tes folles années, cette émission te fera vibrer au rythme des passions naissantes, des haines sans limites. Prépare le pop-corn. N’oublions pas que Roméo et Juliette aussi étaient ados : on voit comment ça a fini.
L’équipe éducative sort tout droit d’un film
On va pas habiller le champion du monde de trottinette en Domyos t’es d’accord ? Ben là c’est pareil. On fait pas un super casting d’élèves avec des profs qui tiennent pas la route. T’inquiète pas : de ce côté-là, M6 a mis le paquet.
Pour l’instant je n’ai pu assister qu’aux prestations du directeur, du surveillant général et de la surveillante des filles. Et crois-moi que ça rigole pas. M. Bignan, directeur, s’en sort plutôt pas mal avec sa tête de Père Noël à la barbe rafraîchie ; il a presque l’air sympa.
Mais alors les deux autres, merci bien.
Mlle Lareigne ressemble à une des deux murènes dans La petite sirène.
« 5 + 5 = 10 »
Sérieusement, ce genre de personnes c’est comme le Basilic, si tu la regardes dans les yeux tu te transformes en pierre — mais tu ne peux pas t’en empêcher, son pouvoir est trop grand. Je soupçonne la madame de surjouer à mort un peu, mais qu’importe, le résultat est divin. Et ce combat de rétines avec Lauryne (à voir dans le début de l’émission) vaut tout l’or du monde.
Quant à M. Gautier, c’est un peu comme un videur du Macumba : mastoc, décidé et las à la fois. Je l’aime bien. C’est le retour du commando et de l’adulte transcendant, le respect par le mugissement. Et apparemment, ça a l’air de plutôt bien marcher.
Tu vas peut-être me prendre pour une vieille rombière, mais… je trouve qu’il ne font pas si mal leur boulot. Un peu de discipline, ça ne fait de mal à personne, non mais.
Je connais ton petit côté sadique
Je sais que tu aimes voir les gens souffrir (non) juste un peu (oui). Retour au Pensionnat à la campagne c’est précisément le programme qu’il te faut si tu as passé une mauvaise journée
et que tu as envie de te détendre pendant que des ados sont en train d’en baver (si ta rétine brille un peu, c’est normal, ne te blâme pas).
L’idée c’est de faire revivre à des jeunes d’aujourd’hui l’expérience d’un pensionnat datant des années 50 (ce qui correspond environ à l’époque de tes grands-parents). Les milieux ruraux étaient souvent plus durs et la discipline très stricte était la principale ligne de conduite. Il ne s’agissait pas seulement de s’instruire, mais également d’apprendre les valeurs de la campagne et son mode de fonctionnement.
Les pensionnaires devront donc se laver à l’eau froide, aller au bois et s’occuper d’animaux, en plus de préparer leur certificat d’études (qu’on pouvait à l’époque passer à partir de onze ans). Jusque là, ça paraît pas si terrible.
Sauf qu’il faut savoir qu’environ 84% des Français-es de 11 à 24 ans possèdent un portable et l’utilisent quotidiennement — genre, vraiment beaucoup. Durant cette expérience, toutes les tablettes, téléphones et consoles portables sont totalement proscrites : un déchirement pour les mini-addicts.
Leurs journées seront aussi réglées qu’une horloge avec lever à 7h et coucher à 21h30. Le menu aussi sera imposé, avec l’obligation de finir son assiette jusqu’à la dernière goutte de sauce (chose impossible pour moi, au vu des suggestions particulièrement dégueu).
- Dimanche : Langue de boeuf (beurk)
- Lundi : Foie de veau (je décède)
- Mardi : Pain de viande
- Mercredi : Lapin au pruneaux
- Jeudi : Bouchée à la reine financière
- Vendredi : Rognons de veau (et là c’est le drame)
- Samedi : Cervelle de veau en gratin (j’ai rien dit)
- Dimanche : Coeur de veau braisé (c’est l’apothéose)
Impossible de te ramener avec son dernier blush, toute fière d’avoir réussi à suivre à la lettre un tuto beauté : tu te prendrais un coup de torchon humide sur la tronche. Pas besoin d’exhiber ta Rolex (on sait jamais) : elle va finir dans un pot commun d’objets personnels inutiles à ton éducation. Pas la peine d’imaginer ta vie en femme active et heureuse sans famille: tu auras des des cours de puériculture, de maintien et de cuisine. Voilà le pitch. Je leur souhaite bonne chance (pour te mettre encore un peu plus dans l’ambiance, tu peux jeter un oeil au règlement officiel du pensionnat).
En même temps, bien entendu c’est un peu exagéré pour la télé mais sur le fond les méthodes ne sont pas si terribles. Le port de l’uniforme, par exemple, est souvent remis sur le tapis et je ne suis pas tout à fait contre. En plus, ça fait pas de mal de se faire taper sur les fesses doigts de temps en temps quand on exhibe une force extra-orale et qu’on se saupoudre une moustache au-dessus de la lèvre supérieure.
Je ne pense pas que l’émission soit une façon pour M6 de dire que l’enseignement vieille France c’était la panacée, mais plutôt de dire qu’il n’y avait pas tout à jeter, peut-être. En tout cas je pense que c’est ce que penseront pas mal de téléspectateurs au fil de la saison.
C’est de la bonne vieille télé-réalité
Comme tu le sais je suis friande de télé-réalité et d’émissions tout droit venues de mon écran pour me détendre le slip. Sur le coup, je pense que je suis tombée sur un bon programme pas trop prise de tête et pas trop couillon (ouais, c’est un peu plus chaud d’avouer que tu regardes L’Île des Vérités (parfois) (quand y a rien du tout en fait) (c’est rare j’te jure).
Retour au Pensionnat, comme l’a été son grand frère il y a près de dix ans, semble être le programme cool pour les fins de journées : il touche un max de public tout en te divertissant sans crise du cervelet.
Car oui, il ne m’a pas fallu plus de 35 petites minutes pour voir qu’il s’agit bien d’une émission. Certes, certains comportements des ados semblent naturels, mais en général les caméras ont quand même un effet sur leur manière d’agir. Je ne parle pas des profs qui en rajoutent un peu et du montage aux ficelles plus grosses que mon dernier burger. C’est un peu gonflé dans l’ensemble mais ça reste un bon divertissement, et une émission ancrée dans le genre.
Parce qu’en dix ans les choses ont évolué !
La question que tu as vite dû te poser quand tu as su qu’M6 préparait un deuxième Pensionnat est : mais à quoi ça sert de nous servir du réchauffé ?
Ce n’est pas vraiment le cas car le premier Pensionnat de Chavagnes date d’il y a environ dix ans (eh oui) ! Et en une décennie, il s’en passe des choses. Les comportements évoluent et c’est d’ailleurs sur ça que M6 insiste : LES TEMPS ONT CHANGÉ.
Les réseaux sociaux, l’avènement d’Internet, tout ça a fait de nous des homo connectus qui ont de plus en plus de mal à se décoller des écrans.
Du coup, l’émission surfe un peu sur la vague de la télé connectée pour passer les examens en direct, des quizz et des infos exclusives. Je te parlais aussi de la première dictée sur Twitter, lancée le 16 septembre sur les réseaux sociaux. M6 est une des chaînes qui tente le plus de vivre « dans son temps ». C’est pas cette initiative marrante qui va me contredire.
Lundi 30 septembre je pense savoir devant quelle chaîne me coller : je rattraperai le dernier Des racines et des ailes plus tard.
Et toi, il te tente ce nouveau Pensionnat à la campagne ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
J’espère que les participants ne vont pas regretter cette expérience toute leur vie !