À l’heure où des milliers d’étudiants tourmentés s’inquiètent de trouver un directeur de mémoire, je me retrouve face à une réalité à laquelle je n’aurais jamais pensé être confrontée : je n’ai pas eu mon année…
Et je m’en fous !
Une réorientation périlleuse
Remettons les choses dans leur contexte. Je ne suis pas une cynique peu soucieuse de son avenir, qui se dit que de toute façon, foutue pour foutue, j’aurai jamais de taf alors autant boycotter l’école. Non. J’aime les études. J’aime les bancs de l’école, j’aime retarder à outrance l’échéance de mon premier emploi et par extension l’autoroute vers la MORT.
Pour tout dire, après avoir été diplômée d’un DUT en multimédia, je me suis lancée dans l’entreprise gargantuesque de poursuivre mes études en intégrant directement une troisième année de Lettres.
Cela faisait longtemps que j’avais envie de faire du journalisme, mais que je n’osais pas, par peur de la concurrence, de la difficulté du milieu. Et puis je me suis dit que de toute façon, c’était comme ça un peu partout, alors quitte à se battre pour la survie autant le faire pour quelque chose qui me plaît ! J’ai donc intégré une licence de lettres modernes grâce à des équivalences qui prenaient en compte ma formation précédente.
Malheureusement toutes les forces de la nature se sont clairement liées contre moi, à commencer par Mère Administration, Khaleesi des cavaliers Sorbons et princesse des Sept Universités, un peu capricieuse à ses heures perdues.
Arrivée avec deux mois de retard en cours à cause de sa majesté, il se trouve en plus que je n’avais pas fait de composition depuis la classe de première. Je changeais complètement de domaine, et en plus on me mettait des bâtons dans les roues en m’envoyant dans les mauvais cours, et en m’empêchant de m’inscrire dans les bons.
Plus de parcours type
Je ne m’attendais donc pas à réussir du premier coup, et dès le début, je partais dans l’optique que si j’avais mon année c’était top, et si je ne l’avais pas, ça ne me faisait qu’une occasion supplémentaire de noyer mon chagrin devant une rom-com avec Colin Firth. Moi qui avais toujours eu peur de redoubler, je l’envisageais cette fois comme une possibilité comme une autre, comme une fin potentielle à mon année.
À vrai dire j’ai longtemps considéré les études comme un long fleuve tranquille, une suite logique où tu commences d’un point A pour aller vers un point B. Y inclure des points Y, U ou W ? Improbable. Et puis j’ai fait mon petit bout de chemin, j’ai rencontré de nombreuses personnes au parcours atypique qui m’ont confortée dans l’idée que refaire une année, à l’échelle d’une vie, ce n’était pas bien grave.
J’en suis venue à désacraliser la route royale du bac plus un au bas plus cinq, celle en ligne droite façon autoroute vers la vie professionnelle. Après tout Harry Potter non plus n’a pas eu un parcours très prosaïque, ça ne l’a pas empêché de devenir Auror.
Il était certes périlleux dans mon cas de passer d’une formation technique – ordinateurs, code, internet, tout ça – à une L3 de Lettres – compositions, livres, tout ça – mais j’avais toujours voulu aller à Poudlard à la Sorbonne. Rien que le fait d’avoir réussi à y étudier (oui, bon, ça reste une fac mais MÊME) est déjà une petite marche vers le royaume de mon accomplissement personnel, année validée ou non.
Une année pour prendre confiance et mieux réussir après
Il faut aussi dire que je m’attends toujours au pire pour ne jamais être déçue. Je te vois venir avec ta petite tête de winner me disant que « Nooon, mais il faut pas penser comme ça, sinon tu n’avances pas ! »
Laisse-moi baisser la tête et te dire que t’as peut-être raison, peut-être que si j’y avais cru, je n’aurais pas à recommencer une année. Je me suis un peu laissée décourager par les difficultés que j’ai rencontrées, je l’admets.
Mais je me préserve de l’échec comme je peux, je vis de plans B, je revois constamment mes attentes à la baisse – des restes de ma lointaine lecture d’Épicure, très probablement. Si bien que parmi tous les futurs que je m’envisage, celui où je finis seule entourée de tableaux, de livres et de chats me convient très bien.
Sans oublier les pâtes.
Dans une réalité parallèle où je devrais faire un discours au monde entier à chaque étape de ma vie, je m’adresserais en priorité à mes professeurs, à genoux, le visage ruisselant de larmes : « Je sais que vous croyiez en mois, je SAIS, désolée pour cette année !« .
Mais je ne m’en veux pas trop d’avoir essuyé un premier échec avant de me lancer dans la vie, la vraie. On verra pour la suite. The die is cast !
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