Voilà, voilà. Tu viens de partager un moment d’intimité très intime avec une nouvelle personne de ton choix.
Une certaine dose de fluides corporels a circulé entre vous. Les mèches de devant collent aux fronts en sueur. Tu es allée faire ton petit pipi post-sexe anti-cystite.
Et tout le monde commence maintenant à avoir envie de pioncer.
Se pose alors une question : dormir ensemble ou reprendre chacun sa route, chacun son chemin ?
Rester dormir après l’amour ou se barrer ?
Rester après le sexe ou choisir de dormir séparément est un dilemme à la fois logistique et moral.
Cette interrogation met tout d’abord en jeu des paramètres techniques :
- L’invité·e habite-t-il à mille bornes de celui / celle qui reçoit ?
- La couche à votre disposition est-elle suffisamment grande pour accueillir deux personnes ?
- Y aura-t-il assez de Benco pour le petit-dèj ?
Quand c’est l’heure du dernier métro
Mais la question du lit commun après l’amour est aussi attachée à la morale. Chacun·e prête une signification différente au fait de partager sa nuit avec un nouveau partenaire sexuel.
Pour Manon, ne pas rester dormir constitue un vrai manque de respect :
« Quand je couche avec quelqu’un, j’ai envie d’échanger plus que du sexe. J’ai envie d’un partage à d’autres niveaux : la tendresse, la complicité, la discussion…
Donc je le prends assez mal quand quelqu’un ne veut pas rester. »
Emmanuelle a eu le même ressenti quand ce mec est parti littéralement après avoir éjaculé :
« Quand ce charmant garçon bien sous tous rapports s’est assis sur mon lit avant de m’annoncer qu’il allait rentrer chez lui, je me suis sentie utilisée.
Dix minutes plus tôt, il était encore à l’intérieur de moi. Et là, il m’annonce par surprise, une fois qu’il s’est vidé les bourses, qu’il s’en va.
Ce qui me blesse vraiment, c’est qu’il a enlevé le rapport humain et respectueux d’un rapport intime.
J’aime trop mon corps pour rester de marbre quand on le traite comme un objet de consommation, et j’aime trop le sexe pour me taire quand on le transforme en transaction impersonnelle.»
Partir après l’amour est connoté négativement car une nuit partagée fait figure de distinction ultime entre le rapport consenti et la passe.
Rester dormir serait-il une garantie de respect ? Pour Anouk, très attachée à sa tranquillité, c’est le problème inverse qui se pose :
« Pour moi, coucher avec quelqu’un et dormir avec sont deux choses TRÈS différentes.
Ce n’est pas parce que je pratique le sexe avec quelqu’un que j’ai envie qu’il pète sous la couette la nuit suivante (on proute tou·tes pendant notre sommeil). Et encore moins que l’on se réveille côte à côte !
Rien ne me saoule plus qu’une personne qui squatte à mort le lendemain alors que j’ai juste envie de papouiller mon chat tranquille. »
Quand la personne se taille ENFIN
Partir, donc, mais avec classe.
Partir après le sexe sans dire au revoir ça se fait PAS
Si l’ensemble des parties prenantes est d’accord pour se disputer la couette et renifler de l’haleine matinale, fin du débat.
Mais coucher avec quelqu’un ne t’engage en rien à lui ronfler dans l’oreille ou à lui payer une tisane aux aurores.
Rapport au consentement, c’est la personne qui veut partir ou qui souhaite que l’autre parte qui l’emporte.
Forcer quelqu’un à rester pour boire un café instantané (« franchement tu vas voir, il passe » : personne n’y croit) ou insister pour camper chez l’autre, c’est simplement impoli.
Fuir au plus vite est ton droit car nous sommes dans un pays libre. Il peut y avoir plusieurs raisons à cette envie subreptice de te casser :
- Tu t’emmerdes comme un rat mort depuis que le sexe est fini
- Tu sais qu’il y a un truc trop bon à manger chez toi
- Tu n’as pas été très convaincu·e par l’expérience et ne souhaites pas rempiler au réveil
- Tu ne peux bien dormir QUE dans ton propre lit car c’est le meilleur endroit au monde
- Tu n’arrives pas à trouver le sommeil et dormir peinard quand quelqu’un squatte ta couche
- Tu travailles tôt demain et, soyons réalistes, si tu restes tu vas dormir vraiment très très peu
- Tu avais envie de sexe avec cette personne, pas de rester 7h enlacés en attendant un peti-dèj potentiellement gênant
- Tu préfères vivre ta walk of (no) shame de nuit, à l’abri du regard accusateur
des bâtardsdes gens frais le dimanche matin
Pour toutes ces bonnes raisons et bien d’autres encore, il est légitime de s’éclipser ou de demander à l’autre de partir.
Pour autant, sous-entendre que tu préfères te barrer/qu’elle ou il se taille plutôt que de profiter de sa compagnie peut être gênant.
Certain•es n’assument pas leur besoin de respirer un coup et optent pour l’une des options foireuses ci-dessous :
- Inventer un mytho autour d’une urgence perso : « Je dois vraiment aider ma grand-mère à équeuter des haricots, je lui avais promis »
- Miser sur l’effet sparadrap en se cassant illico macias avant que l’autre ait eu le temps de dire « Attends, t’oublies ton slip ! »
- Prétendre que tu vas chercher des croissants et ne plus jamais revenir (c’est du one shot)
- Te barrer pendant que l’autre dort / se douche / cherche sa chaussette sous le lit (one shot aussi a priori)
Aucune des solutions citées ne me semble très respectueuses, mais partir sans dire au revoir, c’est pompon sur la Garonne !
En cas d’extrême urgence, un petit mot sur la table de nuit me semble un minimum.
Que faisiez-vous il y a cinq minutes ? Vous niquiez ? J’en suis fort aise. Eh bien, parlez maintenant. Bordel.
Comment demander à quelqu’un de partir ?
Tu maîtrises les bases de la politesse mais tu souhaiterais tout de même te casser et reprendre ta vie où tu l’avais laissée ?
C’est là que je ressors ma grosse pancarte « OUI la communication ».
Je voulais te dire… T’as pas de maison ?
Il n’ y a rien d’honteux à avoir d’autres obligations, à aspirer à une nuit tranquille ou à vouloir profiter de ta matinée solito.
Et c’est une meuf super froissée par ce mec qui n’a pas pu rester dormir qui te le dit !
Depuis, j’ai appris à dissocier l’estime que me porte un partenaire et le temps qu’il peut mettre à ma disposition.
Le gars en question m’avait de surcroît prévenue avant sa venue — une initiative que je salue.
Parler franchement est le meilleur moyen d’éviter les malentendus et de ne froisser personne avec des manoeuvres maladroites, comme en témoigne Anouk :
« Je trouve très impolies les personnes qui ne demandent pas si elles peuvent rester et squattent parce qu’elles pensent que c’est normal.
PIRE, celles qui te font la tête parce que tu leur dit gentiment que t’as passé un bon moment, mais que tu préférerais finir la nuit seule.
D’ailleurs, même quand tout se passe super bien avec un mec chez lequel je suis, je prends toujours le soin de demander si je peux rester dormir, peu importe si tous les feux sont au vert.
Je préfère mille fois qu’il me dise oui avec envie, ou qu’il me fasse comprendre que non, plutôt que d’avoir l’impression de lui imposer ma présence 10h de plus, sous prétexte qu’on a fait l’amour. »
Dans ce genre de situation d’incruste prolongée, partir de chez vous est un moyen simple de mettre fin à la cohabitation, en invitant l’autre à vous suivre par là où elle ou il était venu.
N’importe quelle excuse bidon fera l’affaire, quitte à descendre à la boulangerie en pyjama pour remonter 3 minutes plus tard.
Mais le mensonge n’est pas une fatalité. Tout le monde aime qu’on lui parle sincèrement. À vous de négocier l’après-sexe avec franchise.
Merci pour ta participation
Se mettre d’accord dès les prémices du rendez-vous me paraît moins délicat que d’attendre la fin des rapports pour aborder le sujet.
Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire, et des mots simples suffisent à éclaircir une situation qui pourrait devenir gênante.
Emmanuelle confirme qu’elle aurait préférée être avertie un chouïa en amont du besoin effréné de liberté de son plan Q :
« S’il avait pris la peine de prévenir à l’avance, j’aurais pu faire le choix de me taper ou non un mec qui vient juste pour deux coups de reins, un soupir, et aucun plaisir de mon côté.
Mais non, il a d’abord pris ce qu’il voulait, avant d’annoncer la couleur. »
Si vous optez pour faire pieu commun, voire dormir en cuillère, il est important de vous synchroniser sur l’heure de départ du matin. Histoire que le plan Q ne se transforme pas en week-end à la maison sans votre accord !
Échangez par exemple sur vos programmes du lendemain afin de déterminer une heure de décollage qui siéra à tout le monde.
Bref, une fois de plus, c’est chacun sa sien comme on dit en Ardèche. L’essentiel restant de se décoincer la nouille pour oser PARLER avec la personne qu’on ose BAISER. Question de priorité.
Bon, moi dézo mais moi je dois y aller, j’ai des haricots à équeuter.
Et vous, vous rentrez vite fait à la casa de papel ou vous demandez à être sur le bail le lendemain matin ?
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