Après les attentats de Charlie Hebdo, il y a eu les mouvements de soutien et les marches républicaines. Mais aussi des élèves qui croient à la théorie du complot, d’autres qui se sentent attaqués par les caricatures ou refusent la minute de silence, et des enseignants qui ne savent pas comment gérer la situation. Du coup, l’école se remet question : que doit-elle faire et apprendre aux élèves pour éviter la stigmatisation, le repli identitaire, le décrochage scolaire ?
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Le 22 janvier, le ministère de l’Education nationale a dévoilé une série de onze mesures censées traduire la « mobilisation de l’école pour les valeurs de la République ».
Sur Slate, Louise Tourret met en avant trois de ces mesures, qui posent les bonnes questions, même si elles arrivent tard : la volonté d’instaurer une vraie mixité sociale à l’école, celle d’inclure les parents dans l’enseignement, et celle de combattre l’échec scolaire.
L’idée de la mixité sociale existe sur le papier, explique Louise Tourret, mais dans la réalité, elle est sans arrêt contournée :
« Le problème de la mixité sociale dans les établissements, c’est la grande hypocrisie de la République. Car non seulement la ségrégation sociale spatiale fait son œuvre mais en plus elle est renforcée par des pratiques d’évitement. »
Certains parents inscrivent notamment leurs enfants dans le privé pour échapper à la carte scolaire. Ce qui devrait être enrayé par les nouvelles mesures : le ministère prévoit de faire un état des lieux de la mixité sociale dans les établissements scolaires, y compris privés, et de revoir la manière dont les élèves sont affectés à l’un ou à l’autre. Louise Tourret souligne :
« Hé bien oui, l’argent public finance l’école privée… celle-ci doit donc participer aux objectifs de mixité sociale affectés au secteur public. Logique non ? »
Il ne s’agit pas seulement d’empêcher les parents de mette en péril la mixité, mais aussi de mieux les inclure dans l’apprentissage de leurs enfants, quelle que soit leur origine sociale. Des moyens financiers supplémentaires vont être mis dans le plan Ouvrir l’École aux parents pour la réussite des enfants, dont le but est :
« donner aux parents étrangers allophones [qui ont une autre langue que la langue officielle du territoire où ils résident NDLR] les moyens d’aider leurs enfants dans leur scolarité »
Louise Tourret ajoute que les enseignants doivent également être sensibilisés, et que l’implication devrait concerner tous les parents, toutes origines sociales confondues :
« Peut-être faudrait-il permettre aux parents, comme c’est le cas en maternelle, de rentrer dans l’établissement afin de pouvoir échanger, de manière informelle, avec les membres de la communauté éducative, les autres parents, les autres enfants ? »
La participation des parents est en effet essentielle pour lutter contre le décrochage scolaire. Pour repérer plus tôt les difficultés, l’État veut aussi s’assurer que tous les élèves maîtriseront le français, et ce grâce à une évaluation de leur niveau au milieu de leur cursus de primaire. Pour Louise Tourret :
« Dommage que cela n’arrive qu’en CE2 […]. Pourtant, sans recourir à des évaluations envahissantes, le repérage de la difficulté précoce et la remédiation rapide sont essentiels. »
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Et encore une fois, elle rappelle la nécessité de former les enseignants pour mieux répondre aux besoins de chaque élève.
La République se mobilise enfin pour l’école
Outre ces points, le plan du ministère inclut d’autres mesures plus discutées. Le débat du 22 janvier, sur le plateau de Des Paroles et des Actes, avec en invitée principale la ministre de l’Education Najat-Vallaud Belkacem, (à revoir sur FranceTVinfo), a soulevé d’autres questions :
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- l’État veut insister sur transmission des « valeurs de la République » : est-il pertinent de faire chanter la Marseillaise aux élèves ? Dans quelles conditions ? Tout le monde peut-il s’identifier à ces valeurs ?
- le plan prévoit un « enseignement laïque du fait religieux » : comment définit-on la laïcité ? En quoi l’apprentissage des religions peut-il participer à cette laïcité ?
Les Commentaires
A ce niveau, une meilleure explication de la laïcité me semble plutôt une bonne chose, à condition bien sûr de passer par le dialogue, aussi difficile soit-il