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Maman, Papa, je ne sais pas quoi faire l’année prochaine et lâchez-moi le slip

Cette madmoiZelle a zigzagué de cursus en cursus. Aujourd’hui, elle souhaite une nouvelle fois changer de voie, et s’adresse dans cette lettre ouverte à ses parents, pour faire cesser l’inquiétude et les reproches.

Publié le 1er février 2019

Maman, Papa,

Je sais que j’ai eu un parcours « atypique ». Je me suis beaucoup cherchée au fil des années (non sans vous inquiéter). Et aujourd’hui, quand je vous parle de mon futur incertain, vous semblez de plus en plus inquiets. Alors j’ai quelques mots à vous dire.

Se forcer à choisir une voix et la poursuivre coûte que coûte ?

Voici ce que je pense de notre système d’Éducation Nationale : je pense qu’il n’est pas adapté aux personnes comme moi. Les personnes perdues.

De nos jours, en France, on nous pose la question « que veux-tu faire de ton avenir ? » en fin de collège.

À cette période, je ne savais pas ce que je voulais et le collège où j’étais me mettais la pression afin que je choisisse une filière générale « parce que j’en ai les capacités ».

Oui, sauf que je m’en fiche autant que de la reproduction des phoques en Antarctique.

Parce que c’est trop tôt, parce que les jeunes ne sont pas tous prêts et que les jugements entre filières sont nombreux, forts et emplis de clichés.

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Finalement, je suis allée en Bac Pro ASSP (Accompagnement Soins et Services à la Personne) (parce que OUI je suis têtue et encore merci Maman de m’avoir aidée pour le coup). Je suis partie 3 ans en enfer en internat.

En 1ère le verdict tombe, ce n’est pas pour moi. Mes professeurs ne m’aident pas et même me démoralisent sur mes capacités et l’obtention de mon diplôme.

Je me souviens t’en avoir parlé Maman et ta réaction n’a pas été celle que j’espérais : tu m’avais aidée à partir en filière pro, il était hors de question de changer maintenant.

J’ai donc continué. J’en ai bavé (beaucoup). Pour finalement l’avoir ce diplôme (et avec mention s’il vous plaît). Le problème c’est que je savais que je ne continuerais pas dans cette voie et que je n’avais aucune idée de la suite.

Faire le choix de la réorientation ?

Je me souviens encore de ce soir houleux, où Maman, Papa et ma Sœur, vous vous êtes assis en face de moi, et où nous avons « discuté » de mon avenir. Quand je vous ai dis « Je ne sais pas », j’ai clairement donné la réponse interdite.

Il fallait que je vous dise ce soir-là ce que je souhaitais faire pour la suite de mes études.

Dans la tension et la fatigue, j’ai répondu : une fac de lettre. Évidemment en amont, j’ai regardé sur Internet, les voies qui me plaisaient et les différentes options que je pouvais avoir. Ça vous a étonnement calmé·es.

Je suis donc partie un an en fac. Puis la désillusion est tombée plus vite que mes notes : j’ai complètement décroché au premier semestre. J’ai foiré mon année.

J’ai voulu me réinscrire (entre-temps tu m’as aidé à avoir mon job d’été Maman) sauf que je suis arrivée trop tard car ma section avait réduit le nombre de personnes et c’était premier arrivé, premier servi.

À lire aussi : Que faire quand tu abandonnes ton cursus en décembre ?

J’ai eu une chance incroyable, celle d’avoir pu rester dans l’entreprise où j’effectuais ce job d’été. Je me sentais bien car j’étais dans un service où les femmes étaient rares, certes, mais où il régnait une super énergie et où les employés s’entraidaient. Au final, j’y serai restée 14 mois, le temps que je me réoriente une nouvelle fois.

À lire aussi : Trois idées d’améliorations pour construire la fac du futur

Se réorienter et tenter différentes voies

Je me suis renseignée plus profondément cette fois et je me suis lancée dans le BTS que je prépare.  J’ai décroché une alternance dans une entreprise d’un grand groupe américain. J’ai pris mon indépendance avec mon premier appartement seule. Les cours se passaient bien. Tout allait pour le mieux.

Jusqu’à ce que le directeur de mon service change, et que le nouveau ne soit pas prêt à être responsable d’une alternante comme moi (timide et introvertie parce que c’est le combo gagnant).

Je me suis enfoncée dans mon mal-être et j’étais proche du burn-out quand les Ressources Humaines m’ont proposé l’échappatoire que je ne pouvais refuser : une rupture conventionnelle. Ni une ni deux, je la signe.

Quelques mois plus tard j’ai retrouvé un travail dans un grand groupe français cette fois-ci.

Dès que j’ai su que j’étais prise, votre réaction était sans pareille : pourvu qu’il me propose un CDI.

À lire aussi : Libérons-nous du « sacro-saint CDI », passons au revenu de base !

Le seul hic c’est que ce groupe prend beaucoup d’alternants et n’en n’engage qu’une dizaine de pourcent (et je sais d’avance que le poste que j’occupe n’est pas dédié à un contrat par la suite).

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J’ai arrêté d’avoir peur de mon avenir

Et il y a tout de même un 2ème hic : j’en suis très contente de ce BTS, je suis épanouie dans ce que je fais… MAIS.

Mais je ne ferai pas ce métier dans le futur (du moins c’est ce que je pense au moment où je vous écris). Parce que de toutes façons, j’ai envie de vivre d’autres choses.

Vous-même vous connaissez mes projets potentiels (qui vous déplaisent parfois voire souvent). Vous souhaitez que je trouve un travail et une stabilité. Comme je vous comprends ! Mon ainée l’a fait. Alors pourquoi pas moi ?

Parce que je ne suis pas elle. Parce que j’aimerai profiter un maximum tant qu’il en est temps. Parce que j’aimerai vivre tellement d’expériences qui me permettent de ne pas regretter plus tard.

Je le sais, c’est le discours d’une petite conne jeune paumée (et idéaliste au passage). Mais c’est ce que je suis : une jeune paumée.

Je ne sais pas ce que je veux faire à la rentrée et j’ai arrêté d’avoir peur. Parce que nous sommes dans une ère qui nous permet de faire tout cela : changer de métier, se lancer dans de nouvelles aventures.

À lire aussi : Claquer son « bullshit job » pour aller faire pousser des légumes : le pari d’Ophélie

J’ai déjà vécu plusieurs expériences qui m’ont fait grandir, qui m’ont enrichie en tant que jeune femme, qui m’ont fait découvrir des univers différents. Et maintenant, j’aimerais continuer, j’aimerais découvrir d’autres horizons ici ou à l’étranger.

Les expériences font grandir

Aujourd’hui, j’ai deux masses dans ma tête.

1- Continuer mes études (mais dans quoi ? j’ai quelques idées) 2- Partir en Angleterre pendant un an (mais tu fais quoi quand tu reviens ? je ne sais pas)

Et je comprends qu’un énième changement d’orientation vous inquiète : vous venez tous les deux d’un milieu et d’une génération très différente de la mienne.

Vous avez grandi dans une culture où les jeunes trouvent un travail et restent presque toute leur vie dans la même entreprise, occupant le même poste.

Mais les temps ont changé, et vous êtes même les premiers à le dire. Les jeunes n’ont plus peur de changer de travail ou d’orientation.

À lire aussi : Les jeunes diplômés et le monde du travail : un choc culturel ?

Alors comment cela se fait-il que vous ayez si peur que moi, je change ? Est-ce que ce ne serait pas mon avenir ?

J’ai déjà changé 3 fois d’orientation et j’ai travaillé dans la même usine que toi Maman. Ne t’ai-je pas prouvé que je suis capable de me débrouiller ?

Le truc est tout bête : j’aime vivre de nouvelles expériences.

Et d’ailleurs quand je passe des entretiens, les recruteurs sont toujours très intéressés par mon parcours, parce qu’il est comme moi, éclectique. Quand j’explique pourquoi autant d’expériences, je sais que c’est à double tranchant. Soit ils sont impressionnés et jouent le jeu. Soit ils ont peur de mon « instabilité », de mon envie de changements.

Mais moi, je n’ai plus peur.

J’ai besoin de votre confiance

Tout ce qu’il me reste à vous dire, c’est merci. Merci de m’avoir soutenue dans mes nombreux choix, non sans inquiétude.

Et aujourd’hui, j’ai besoin que vous continuiez de le faire, j’ai besoin de votre confiance. La même confiance que cette formatrice qui m’a dit un jour :

« Tu réussiras, peu importe la branche et le métier mais tu réussiras, j’en suis certaine. »

J’ai besoin que vous vous appropriiez ses mots, parce que ça me fera pousser des ailes.

Je ne sais pas ce que je vais faire et je n’en ai pas peur. Donc s’il vous plaît, même si c’est votre rôle, Maman, Papa, ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer.

Je vous aime.

M.

À lire aussi : La réorientation scolaire, tu y penses ? Elles l’ont fait, voici leur histoire !

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Les Commentaires

20
Avatar de Neyane
19 mai 2019 à 22h05
Neyane
Cet article me parle beaucoup! Je suis dans ce cas aussi, j'ai des projets à quelques années mais toujours un gros flou sur ce que je veux faire plus tard. Les activités que j'ai le plus envie de faire comme métier sont des activités dont on vit rarement (genre, au méga hasard, écrivain), et même en les mêlant, c'est compliqué. Et j'aime aussi toucher à plein de choses, faire des études différentes, voyager un peu etc...

Pour la question de l'argent, j'ai l'énorme chance d'avoir des parents qui m'aident et me soutiennent, mais ça ne durera pas toute la vie. Et si ma mère accepte que je me concentre sur mes études sans bosser à côté, si je veux continuer comme ça, ben je pourrais pas toujours faire ainsi. Donc il faut que je réfléchisse, que j'essaie de trouver un boulot à côté que je puisse concilier aux études, tout ça.
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