En quittant Lille pour emménager à Paris, j’ai réduit de deux fois et demie la surface de mon logement pour à peu près le même loyer, car le monde est ainsi fait. Faut pas croire : je suis absolument ravie de mon appartement. Avec mon budget, je pouvais absolument pas espérer mieux, même dans mes rêves les plus fous. J’y vis depuis six jours et j’aime déjà ce cocon de tout mon coeur et de tout mon saoul (de tous mes sous, aussi, surtout).
Oui mais voilà : passer de quarante mètres carré à seize, ça t’oblige à changer quelques habitudes dans ta vie de tous les jours. Pour moi, ça a été comme ça en tout cas. Voilà quelques exemples de trucs auxquels j’ai compris DIRECT qu’il fallait que je renonce.
Cuisiner avec des oignons
Contrairement à ce que ce titre pourrait faire croire, non, je n’ai jamais cuisiné en me servant d’oignons comme ustensiles de cuisine. Ça n’aurait vraiment aucun sens.
C’est juste que j’avais pris l’habitude d’en mettre dans tout, les oignons. Dans mes poêlées de légumes, dans la marinade de mes viandes, dans mes omelettes, dans ma culotte partout. Mais quand dimanche dernier, j’ai voulu continuer cette habitude, j’ai vite déchanté : j’avais oublié qu’en dormant dans la même pièce que ma cuisine, j’allais passer une nuit affreuse à me réveiller toutes les demi-heures.
J’ai fait des rêves terribles dans lesquels mon entourage avait un oignon à la place du visage et ça ne choquait personne. C’était atroce. Pire que la fois où j’ai rêvé que j’accouchais de l’enfant d’un droïde.
Car les odeurs sont comme le sébum : elles s’infiltrent partout. Dans tous les pores, dans tous les tissus… Cuisiner des oignons quand on vit dans un appartement d’une pièce, finalement, ça revient tout pareil que se farcir les narines avec : t’en as clairement pour deux jours en aérant régulièrement (et en te gelant les miches) ou le double sans ouvrir la fenêtre.
La soupe à l’oignon gratinée, ce gel douche comme les autres.
Depuis, je n’ai pourtant pas renoncé à l’oignon, parce que c’est comme une drogue pour moi. Je me contente de le manger cru, ce qui est socialement tout à fait handicapant puisque, comme le dit le dicton « l’oignon cru est à l’odeur ce que la violette est à la fleur : inodore en apparence, puant en bectance
».
Faire des soirées
Mes soirées préférées, ce sont celles qui se passent à domicile. Genre, chez moi : je sais qu’il y aura ce que j’aime à boire et je ne donne mon mot de passe d’ordinateur à personne pour être sûre d’être la seule en charge de la playlist, m’évitant ainsi quelques saignements de l’oreille.
Le souci, c’est qu’autant, avant, les gens venaient quand je les invitais, autant maintenant, entre l’obligation d’écouter la musique que je veux, mes petits-fours toujours trop secs et l’obligation de s’asseoir par terre en s’empilant les uns sur les autres par manque de place, y aura probablement plus grand-monde de motivé.
Me faire prendre en photo de plein pied
Depuis quelques années, je remarque régulièrement des gens de l’Internet se prendre en photo de plein-pied dans leur miroir pour montrer leur style du jour, autrement dit « outfit of the day ». Le but, c’est de montrer ses fringues de la journée, de la pointe des chaussures jusqu’au haut du pompon du bonnet.
C’est plein d’enseignement : ça me donne plein d’idées de tout ce que je pourrais porter si j’avais pas un peu la flemme de sortir de mes habitudes fèyshieune. Je suis un peu jalouse, parce que moi, j’ai beau me mettre à l’autre bout de mon appartement et demander à quelqu’un de se placer au niveau de ma porte d’entrée, il est impossible de m’immortaliser de haut en bas.
Ça pourrait me rendre triste. Fort heureusement, j’ai un style des plus lambda et je ne verrais pas l’intérêt de poster un cliché de mes fringues. J’irai même jusqu’à dire « tant mieux » : ma garde-robe pour la semaine est tellement uniforme que les gens auraient tendance à penser que je porte les mêmes fringues tous les jours. Et je ne veux pas qu’on associe l’odeur de la sueur à ma personne.
Faire des étirements le matin
As-tu déjà essayé de t’étirer de tout ton long, le matin, dans une cabine téléphonique ? Ça marche pas bien, n’est-ce pas. Bah dans un studio c’est pareil : quoiqu’il arrive, tu tapes dans quelque chose (un peu comme dans une soirée gang bang, mais en pas pareil).
M’éloigner des ondes du wi-fi
Ça fait un moment que des spécialistes nous mettent en garde contre les potentielles conséquences nuisibles des ondes du wi-fi. Je serai quelqu’un de raisonnée à l’esprit modéré j’en aurais rien à péter, mais il se trouve que je suis un peu (un peu) hypocondriaque. Je vois même dans le fait de me définir hypocondriaque une tendance à l’hypocondrie puisque je n’ai jamais été diagnostiquée comme telle, mais je m’égare.
Comment, quand on vit dans 16m-carrés-salle-de-bain-couloir-compris, COMMENT peut-on éviter de se faire griller à la radioactivité (ou apparenté : je me contente de flipper un peu, pas de m’informer, puisque si je me renseigne sur quelque chose j’arrête d’en avoir peur (Slenderman mis à part) et ce serait bête de me gâcher mon plaisir) ?
Eh bien c’est un fait : on ne peut pas. J’ai la tête à un mètre de l’emplacement de ma box, toute la nuit, sur une moyenne de cinq soirs par semaine. Si un jour, vous vous rendez compte que je perds des réflexes de base du genre me brosser les dents, ravaler ma salive ou m’essuyer après avoir fait pipi, vous saurez d’où ça vient.
L’illustration de la peur par une non-professionnelle de l’actoring.
Mais voyons le bon côté des choses : plus on vit dans un logement petit, moins on a de recoins à vérifier pour s’assurer qu’aucun psychopathe n’attend qu’on s’endorme pour nous trucider à la machette.
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