Maylis, jeune Varoise de 23 ans, a abandonné le chemin tout tracé par ses études de Sciences Politiques pour lancer un projet de savonnerie artisanale dans le Sud de la France. Aujourd’hui, en pleine campagne de financement Ulule, elle répond à nos questions sur le bio et l’entrepreneuriat, et prodigue quelques bons conseils à toutes celles qui aimeraient monter leur boîte.
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Avant de lancer Amourette & Coquelicot, ton entreprise de savons artisanaux, que faisais-tu ?
Bien avant de monter ma savonnerie, j’ai passé un bac L, puis je suis allée à la fac à Lyon où j’ai fait une double licence de Droit et Sciences Politiques, puis un master de Relations Internationales. Rien à voir avec le savon, donc !
J’avais envie de quelque chose de plus créatif.
Mes études m’ont beaucoup plu parce que j’ai toujours bien aimé l’école en général, que le domaine m’intéressait et que je trouvais ça rassurant d’être à la fac. Je n’avais qu’à me laisser porter ! Mais quand je suis arrivée en Master et qu’il a fallu commencer à faire des choix importants, je me suis retrouvée devant une impasse.
J’ai réalisé que les métiers qui s’offraient à moi avec les études que j’avais faites ne m’intéressaient pas vraiment, et que ce n’était pas la voie que je voulais prendre. J’avais envie de quelque chose de plus créatif.
J’ai décidé de sauter le pas et de lancer ma boîte.
Une fois mon année finie, j’ai décidé de changer de vie. Je suis retournée m’installer dans ma région d’origine, le Var, et j’ai travaillé pendant un an et demi dans plusieurs entreprises qui vendaient ou fabriquaient du savon. Après avoir bien réfléchi, j’ai décidé de sauter le pas et de lancer ma boîte.
Quand j’y réfléchis aujourd’hui, j’ai toujours eu l’envie de monter mon propre projet, ma petite entreprise. Mes parents sont à leur compte, donc c’est un mode de vie que je connais bien et dans lequel je me suis toujours projetée.
Pourquoi as-tu décidé de t’intéresser au savon plutôt qu’à autre chose ?
En fait, c’est très simple : ma mère a une entreprise de cosmétiques, et elle vend, entre autres, des savons ! On peut dire que je suis tombée dans la marmite d’huiles végétales quand j’étais petite.
Je me suis énormément documentée sur la fabrication du savon.
Quand j’étais plus jeune, je lui donnais très souvent un coup de main pendant les vacances scolaires, et après avoir quitté la fac, j’ai travaillé pendant plus d’un an avec elle, et quelques mois dans une autre savonnerie. Du coup, même si ce n’est pas mon domaine d’études initial, c’est quand même un milieu que je connaissais bien, dans lequel j’avais un peu d’expérience et qui me plaisait énormément.
Quand j’ai commencé à envisager plus sérieusement de me mettre à mon compte, je me suis énormément documentée sur la fabrication du savon. J’ai fait beaucoup d’essais (pas tous réussis !), et une fois que je me suis rendue compte que c’était possible de tout fabriquer moi-même, je n’ai pas hésité. C’était vraiment la combinaison de tout ce qui me plaisait !
Tu fabriques des savons bio ; est-ce que c’est important pour toi d’avoir une éthique particulière ?
Pour moi, l’éthique de mon projet et le bio, ce sont deux choses que je ne dissocie pas. En travaillant dans le milieu de la savonnerie et des cosmétiques, j’ai vu énormément de pratiques douteuses. On vend aux gens des produits naturels qui n’en sont pas, ou des produits fabriqués en France alors qu’au mieux ils sont transformés en France.
Mes savons ne contiennent pas d’huile de palme, ni aucune matière d’origine animale. J’utilise notamment de l’huile d’olive, de l’huile de coco, de beurre de cacao… Je les colore avec des argiles ou des poudres végétales, et ceux qui sont parfumés le sont avec des huiles essentielles.
L’éthique de mon projet et le bio, ce sont deux choses que je ne dissocie pas.
Le maximum de mes matières premières sera bio : je ne me vois difficilement parler d’éthique et d’écologie dans mes pratiques de fabrication et ne pas utiliser d’huiles végétales
bio ! Ça a été un cheminement qui a mis un certain temps à se faire dans ma tête, un raisonnement que j’ai construit au fur et à mesure de rencontres, de lectures.
Dans ma région, on est littéralement inondés de savons, mais très peu sont vraiment naturels. Et je serai à la seule à proposer des savons faits à la main et saponifiés à froid.
La saponification à froid, qu’est-ce que c’est ?
La saponification à froid permet de ne pas chauffer les huiles et donc d’en conserver les propriétés. Les savons saponifiés à froid demandent un temps de séchage assez long (entre 4 et 6 semaines), ce qui explique que cette technique n’est pas très prisée par les industriels (elle n’est pas assez rentable !).
Quand je peux produire une grosse centaine de savons par jour, une usine, elle, peut en produire plusieurs milliers.
Comme c’est moi qui ait fabriqué le savon que je vends, je sais précisément ce que j’ai mis dedans.
Je pense qu’il y a une vraie demande de la part des gens, à la fois pour plus de naturel et pour plus de transparence : comme c’est moi qui ait fabriqué le savon que je vends, je sais précisément ce que j’ai mis dedans. Et puis je voulais proposer un produit qui soit vraiment local.
Tu lances une campagne de financement sur Ulule : quels sont tes objectifs ?
Je voudrais réunir assez d’argent (2500€) pour pouvoir démarrer sereinement mon projet et me passer de prêts bancaires le plus longtemps possible. Je connaissais déjà Ulule, j’avais vu sur des salons plusieurs idées qui avaient pu être financées grâce à ça et je trouve le principe vraiment sympa.
L’économie participative, ça reste dans la même éthique que mon projet.
L’économie participative, ça reste dans la même éthique que mon projet.
Pour compléter les fonds que j’avais déjà mis de ma poche, et qui n’étaient pas suffisants, j’ai donc lancé cette campagne de financement ! Et puis, pour moi, c’est aussi un peu un banc d’essai : si j’arrive à financer la savonnerie, c’est que les gens considèrent qu’elle a vraiment sa place dans le paysage !
Comment comptes-tu lancer Amourette & Coquelicot ?
Je voudrais me lancer au printemps, au mois d’avril-mai ! Je compte faire les foires et les marchés en été, et les marchés de Noël en hiver. J’ai aussi l’intention d’ouvrir un site Internet sur lequel on pourra acheter les savons. Je travaille également sur les packagings, que je voudrais en papier ou en tissu pour rester dans la même éthique.
Dès que j’aurais un peu plus de fonds, je voudrais élargir la gamme et proposer d’autres sortes de savons ainsi que des huiles végétales bio.
Dès que j’aurais un peu plus de fonds, je voudrais élargir la gamme
Si je réfléchis sur le long terme, j’aimerais aussi ouvrir une boutique. Ça me permettrait d’avoir des revenus plus stables et un quotidien moins physique que les marchés, où il faut déballer son stand tous les jours. Le problème, c’est que ça demande un gros investissement, alors ça n’est pas à l’ordre du jour pour l’instant.
Ce que je trouve super c’est que dans une entreprise comme ça, on est en constante construction et il y a tout à faire. Les projets ne s’arrêtent jamais !
Qu’est-ce que ça fait de monter sa boîte ?
Créer son entreprise, ça fait drôle ! C’est plein de sensations différentes en même temps. J’étais très angoissée au moment où je me suis lancée, et surtout j’avais peur qu’on ne me prenne pas au sérieux, et que mon jeune âge et mes petits savons fassent sourire les gens.
Finalement je me suis rendue compte qu’on ne se moquait pas du tout de moi, au contraire ! J’ai eu plein de réactions positives de la part de mes ami•es et de ma famille, qui me disaient qu’ils croyaient en moi et que c’était une super idée. Ça m’a déjà beaucoup confortée dans l’idée de me lancer.
Quand j’ai publié mon projet sur Ulule, ça m’a aussi fait chaud au cœur de voir que des inconnu•es étaient prêt•es à me suivre et trouvaient aussi que c’était un beau projet.
Je suis super excitée et impatiente de me lancer !
Tout ça m’a beaucoup aidée à prendre confiance en moi et à me sentir légitime dans ma démarche. Il y a quelques mois, quand on me posait des questions sur le projet, je répondais avec une petite voix timide, alors que maintenant, j’arrive à en parler avec fierté !
Évidemment ça ne m’empêche pas de me poser beaucoup de questions : je me demande si je vais réussir à en vivre correctement, et si ça ne va pas être trop éprouvant de faire les marchés tout l’été. Mais en même temps, je suis aussi super excitée et impatiente de me lancer !
Quels conseils donnerais-tu aux madZ qui aimeraient entreprendre ?
Déjà, je leur dirai ne pas hésiter à se lancer, même si ça peut paraître bateau comme conseil ! Si vous avez un projet sympa, foncez. Au final, je trouve que le moment qui fait le plus peur, c’est celui où l’on décide de se lancer. Comme on dit, c’est toujours le premier pas qui est le plus difficile.
Je leur conseillerai aussi de bien s’entourer, parce que c’est super important d’avoir au moins une personne sur qui compter en cas de baisse de moral ou de coup de mou.
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Le moment qui fait le plus peur, c’est celui où l’on décide de se lancer
Enfin, je les encouragerai à… ne pas se décourager : quand on est à son compte, il arrive forcément qu’à des moments les choses marchent un peu moins bien, ou ne se passent pas comme on l’espérait. Mais ça arrive à tout le monde, même aux plus grands ! Alors ça ne doit pas nous empêcher de persévérer.
Et puis je trouve que ces moments sont largement compensés par le sentiment de victoire qu’on a lorsque tout se passe bien !
En tout cas, chez madmoiZelle, on souhaite beaucoup de courage et de succès à Maylis pour cette belle aventure ! Si tu veux la soutenir, n’hésite pas à participer à sa campagne de financement Ulule. Chaque euro compte !
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Les Commentaires
@Petite Cracotte est-ce qu'on pourrait papoter un peu par mail/MP/etc pour la déclaration. J'ai quelques soucis au niveau des DIP et de la réglementation notamment sur le portail CPNP. Merci beaucoup !