C’est rigolo, le shovbiz : tu viens écouter le nouvel album des Queens of the Stone Age et participer à une table ronde et tu te retrouves à les interviewer dans une chambre d’hôtel. A ma gauche, l’équipe 100% féminine de Fluctuat.net avec qui je ferai l’interview. A ma droite, Josh Homme (le chanteur/leader) sous sa tignasse rousse et Troy Van Leeuwen (guitariste et plus) tapis sous ses lunettes noires. Depuis le matin, les membres du groupe se relaient pour assurer la promo d‘Era Vulgaris, leur nouvel album (dans les bacs le 11 juin). Mais c’est un duo Troy/Josh tout sourire qui nous accueille, prêt à répondre de leurs nouveaux méfaits dans un décor 5 étoiles.
La veille, Queens of the Stone Age a présenté à un Elysée Montmarte plein à craquer un bon paquet de nouveaux titres. Un pari plutôt risqué quand on sait que le public va forcément attendre d’eux les Feel Good Hit of the Summer, No One Knows et autres Mosquito Song qui ont fait le succès du groupe. Pas grave, Josh Homme et sa bande jouent le jeu : « On a décidé de jouer en majorité du neuf (…) alors on essaie de se produire dans des salles plus petites et de prévenir le public, leur expliquer qu’on est là pour les titiller, leur donner envie de découvrir l’album. Le risque, c’est que ce genre de truc peut ne pas marcher du tout. Les gens peuvent très bien te dire : « Hé ! Moi j’ai payé pour voir un concert. Pas un teaser. J’ai pas envie d’être titillé, mec !« .
Coup de bol, même si certains déplorent la brièveté de ces concerts de promo, leurs fans ne semblent pas trop d’humeur à leur balancer des canettes, du moins à en croire Josh Homme : « [Hier], le public était plutôt réactif à toutes ces nouveautés (…) Je pense que ça se passe plutôt bien, en tout cas, ça nous plaît énormément de procéder comme ça« . Forcément, l’album fraîchement dans les oreilles, on a envie de savoir ce qui prend dans la salle, parmi toutes ces nouveautés. Réponse de Troy et de son rouquin compère : Sick Sick Sick, le premier extrait de l’album, Into the Hollow et Misfit Love… « De toute façon, on file toujours de l’argent aux premiers rangs pour être sûrs qu’ils réagissent. Notre politique c’est : « Tu veux gratter quelques euros ? Viens à l’avant ! » lance Josh Homme, goguenard.
Des vannes comme celles-là, Troy et Josh en sortiront une pelletée pendant l’interview. Et oui : ne te fie pas aux tronches de constipés qu’ils tirent tous sur leurs photos officielles. Josh Homme et sa bande aiment semer pieds de nez et humour potache sur leur chemin. Histoire de rappeler que Queens of the Stone Age n’est pas un groupe à prendre trop au premier degré. Derniers exemples en date ? Enregistrer la chanson titre de l’album, Era Vulgaris avec un grand nom de la scène rock (Trent Reznor, de Nine Inch Nails)… Et ne pas inclure la chanson dans l’album. « On cherchait une chanson à diffuser très tôt, comme une sorte de compagnon de route à l’album. Pour qu’elle recoive autant d’attention que le reste et aussi… Et parce que ça nous faisait marrer que la chanson titre de l’album ne figure pas sur l’album (…) » explique Josh Homme. On a un humour très naze.« , concèdent les deux trentenaires, contents de leur effet comme deux sales gosses.
Le visuel de l’album et ses ampoules amochées (qu’on retrouve aussi en VRP déglinguées du single Sick, Sick, Sick) est un autre exemple de l’esprit mi-testostérone mi-rigolax des reines de l’âge de pierre. : « C’est parti de ces vieilles pubs américaines très naïves des années 50. Comme ces pubs Exxon où la mascotte sortait : « Salut, je suis Drippy, la goutte d’essence ! (…) On trouvait marrant qu’elles fassent notre promo. C’est aussi une façon d’introduire un peu de légèreté par rapport au titre de l’album, Era Vulgaris (…) On aime le côté ridicule de cette couverture. », explique Josh le sourire aux lèvres.
https://www.youtube.com/watch?v=1TQcHOi3RRs
Era Vulgaris. Voilà un titre qui se prête à pas mal d’interprétations. On penserait « ère du vulgaire », mais on peut aussi penser « ère actuelle, ère commune » : de l’avis de Josh Homme, tout est recevable. Le leader du groupe semble en tout cas pas mal insister sur le côté « moderne » de ce titre, sur l’importance du présent aux yeux du groupe : « On est très now-centrés (rires). Et Era Vulgaris, bien qu’en langue ancienne, est un titre très contemporain, très moderne« .
Un mot qui revient aussi dans la bouche du grand roux quand on en vient au processus de création de l’album. Pour Era Vulgaris, Queens of the Stone Age a, dit-il, changé sa façon de procéder : « On est entrés en studio sans avoir d’idée précise de ce qu’on allait faire. Les choses se sont faites au fil de l’enregistrement, très naturellement. Ca coulait de source, presque. On a pris 5 mois et demi pour faire l’album, c’était la première fois qu’on procédait comme ça. Là, beaucoup plus que d’habitude, on a pris le temps de se poser pour réécouter ce qu’on avait fait un peu plus à froid et voir si ça nous convenait. On enregistrait un truc, et puis on faisait une pause d’un mois, on s’y remettait, on refaisait une pause… C’était bien de pouvoir prendre de la distance par rapport à tous ces morceaux tout frais. On n’avait jamais fait ça, avant. D’habitude on fait tout dans l’urgence, on fait tout vite – trop vite, peut-être. « .
On le sait, Josh Homme et QOTSA aiment le sang neuf. Alors Homme a entre autres invité Julian Casablancas, des Strokes, à jouer les guests sur Sick Sick Sick, le premier single de l’album. Dixit M. Homme : « J’ai tourné avec les Strokes, pour Eagles of Death Metal, et j’ai toujours été fan de leur musique. Je sais que les gens doivent trouver notre collaboration étrange…« . Etrange ? Pas tant que ça, de la part d’un groupe que les disquaires ont parfois du mal à classer dans les bacs, et dont le pilier, Josh Homme, multiplie les collaborations pour éviter la routine.
Je resterais bien là à écouter Troy et Josh déconner sur la nature vampirique de Troy (« Il passe son temps à demander aux gens leur groupe sanguin. O+ ? Bien. 1973 ? Aaah ! Bon cru ! ») ou ses exploits mécaniques (« Une fois, j’ai lu quelque part que je faisais l’amour à ma voiture. Certes, c’est la vérité, mais c’est dégueulasse de divulguer ça sur le web« ), mais il faut partir*, ces deux-là ayant encore pas mal de promo devant eux. Et l’album, alors ? D’après ce que j’en ai entendu, ça dégage plutôt bien les sinus. On en reparle à sa sortie, hein**.
* j’ai bien tenté de m’accrocher au mini-bar au moyen d’un câble de micro, mais pas moyen de rester.
** râle pas, hein : j’ai pu l’écouter que deux fois, alors..
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